Dans sa quête de l’excellence, le secteur de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique poursuit la mise en œuvre de nouveaux mécanismes. Ainsi, après l’introduction dès l’année universitaire en cours, 2022-2023, de certaines réformes au niveau pédagogique, comprenant, notamment, l’intégration de nouvelles filières plus adaptées aux besoins exprimés par le marché du travail, le Département de Kamel Baddari met le cap sur une nouvelle approche en matière de gestion budgétaire.
Par Mohamed Naïli
L’inspecteur général au ministère de tutelle, Mohamed Cherif Saba, vient d’annoncer en effet la mise en œuvre dès janvier 2023 d’un nouveau système de gestion intitulé Système intégré de gestion budgétaire (SIGB). Parmi les principales nouveautés de ce nouveau système il y a l’obligation faite à chaque université de définir ses objectifs durant les prochaines années, de 2023 à 2025, ce qui impliquera donc « la responsabilisation des gestionnaires», a tenu à préciser ledit responsable au niveau du MESRS, tout en annonçant, en guise d’une autre nouveauté, le remplacement dès l’année prochaine du budget d’équipement par un budget dédié aux investissements.
Avec cette nouvelle politique de gestion budgétaire, l’université aura donc une marge de manœuvre plus suffisante dans l’affectation des fonds qui lui seront alloués en fonction de ses besoins et potentialités pour plus de qualité, sachant que le secteur bénéficie chaque année d’importants fonds, comme c’est le cas durant l’année en cours, avec un budget de fonctionnement, au titre de la loi de Finances complémentaire pour 2022, qui dépasse les 400 milliards de dinars (400 102 068 000,00 DA), classant ainsi le secteur à la 7ème place en termes de dotation budgétaire.
La performance, figurant parmi les objectifs stratégiques du secteur, vise notamment « la qualité de l’enseignement et, à ce titre, le ministère a identifié 44 indicateurs de performance qui vont être concrétisés d’ici à 2025 », a fait savoir l’inspecteur auprès de ce département ministériel qui précise aussi que, en matière de répartition fonds alloués, le budget est réparti entre le volet pédagogique à hauteur de 67%, l’ONOU (office des œuvres universitaires) 29% et 4% à la recherche scientifique.
Pour garantir la réussite de la mise en œuvre du nouveau système de gestion budgétaire, « cette réforme sera précédée par l’adoption d’un nouveau plan comptable national et l’assainissement de tout le patrimoine infrastructurel avec le ministère des finances avant la fin 2022 », a ajouté M. Saba.
Auprès du ministère des Finances, la réforme en question, prônant la mise en œuvre du Système intégré de gestion budgétaire (SIGB), est considérée comme une solution qui représente un gage de réussite de la réforme budgétaire. « Cette réforme reposera sur la gestion par la performance, la modernisation et l’informatisation des outils budgétaires ainsi que sur la transparence. »
Dans la pratique, tel que décliné par le ministère des Finances, le SIGB est un dispositif « composé d’un progiciel de gestion budgétaire et d’un progiciel de gestion de trésorerie, et prendra en charge l’ensemble des événements associés au processus d’exécution de la dépense publique ».
Mettre fin aux dysfonctionnements
Dans le domaine des œuvres universitaires, les dysfonctionnements sont nombreux, dus principalement à l’inadaptation du système de gestion de ce volet aux besoins et attentes de la communauté estudiantine, que ce soit en matière d’hébergement, de restauration ou de transport. C’est pourquoi des spécialistes en la matière appellent de plus en plus à la refonte globale du système de gestion des œuvres universitaires et prestations sociales fournies aux étudiants.
C’est le cas du responsable de la cellule de qualité de l’université Constantine 3, Noureddine Metnani qui a mené par exemple une enquête en juin dernier dans le but de faire ressortir une nouvelle approche pour un système de gestion des œuvres universitaires plus efficient et moins coûteux au budget de l’Etat. Sur la base des résultats auxquels il a abouti au terme de ladite enquête, estimant que « 75% des étudiants ne sont pas satisfaits de la qualité d’hébergement dans les cités U », son auteur propose l’attribution aux étudiants d’un SNMG (salaire national minimum garanti) de 20 000 dinars/mois à la place de la gratuité des services d’hébergement, restauration et transport.
Dans une précédente étude intitulée « le financement de l’enseignement supérieur en Algérie : Contraintes et perspectives », le professeur Berkane Youcef, de la faculté des sciences économiques de l’université Ferhat Abbas de Sétif, a lui aussi énuméré une série de contraintes empêchant la sphère universitaire d’atteindre la performance.
Entre autres dysfonctionnements, il citera la « concentration des effectifs dans les filières de formation générale, moins coûteuses en fonctionnement et en équipements que les filières des sciences appliquées et technologiques », « la détérioration des conditions de travail (exiguïté des locaux, manque d’entretien, etc.), manque de matériaux didactiques, ainsi que l’excessive longueur des sessions d’examens », « inadéquation, tant quantitative que qualitative, des diplômés avec le marché du travail », « faiblesse de la recherche, sans laquelle il ne peut y avoir véritablement d’enseignement supérieur, et déséquilibre entre les activités d’enseignement et les activités de recherche au détriment de cette dernière » et, enfin, « l’absence de système de gestion tant au niveau des établissements qu’au niveau national ».
Au sujet de ce dernier point, l’auteur de l’étude en question constate « une utilisation déficiente des ressources disponibles d’autant plus que les établissements dépendent quasi exclusivement de l’Etat pour leur fonctionnement », c’est donc dans le but d’en finir avec cette lacune que le nouveau système de gestion des finances dédiées au secteur de l’enseignement supérieur est conçu donnant plus d’autonomie aux institutions universitaires dans la définition de leurs objectifs en fonction des moyens dont elles disposent respectivement.
M. N.