Gestion de l’eau potable: La nouvelle méthode du gouvernement

Le stress hydrique qui frappe de plein fouet l’Algérie impose de nouvelles méthodes de gestion de l’eau.  La numérisation du secteur n’est donc plus une option, mais  un impératif «absolu» dicté par la réalité, notamment les changements climatiques. 

Par Akrem R.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la démarche du ministère de l’Hydraulique, œuvrant à doter tous les clients de  compteurs intelligents pour en mesurer la consommation exacte de l’eau potable. L’annonce a été faite, hier, par le ministre, Taha Derbal, en marge d’une visite d’inspection au niveau du siège de la direction générale de la SEAAL.

Assurant que les premiers compteurs de ce genre seront installés, d’une manière expérimentale, au niveau des wilayas d’Alger et de Tipaza, avant la généralisation de cette expérience pour le reste des wilayas, le ministre a expliqué que «l’objectif de cette opération est de mieux contrôler la consommation de l’eau potable chez nos clients et de réduire surtout le gaspillage» a-t-il assuré. 

En effet, un suivi et un contrôle plus transparent sera assuré grâce à l’introduction et l’utilisation de ces nouveaux dispositifs permettant de lutter contre la fraude, phénomène qui a pris des proportions «alarmantes».

Selon des chiffres fiables, on enregistre un énorme gaspillage de l’eau, car seulement 42% du volume d’eau potable produit actuellement est facturé, le reste, soit 58%, est réparti en 30% sous forme de pertes dans les réseaux d’alimentation et le vol à travers des branchements illicites.  L’ADE avait indiqué que le piquage illicite de l’eau provoque une perte sèche pour l’établissement, avec 20 à 25% de l’eau perdue à cause de ce phénomène qui prolifère de plus en plus. Le coût de production d’un mètre cube d’eau est estimé entre 60 et 80 DA, alors que l’Etat le cède au consommateur à 18 DA seulement. L’Etat subit, ainsi, d’énormes pertes. Citant l’exemple de l’assainissement, le mètre cube d’eau épurée coûte 80DA, le transfert d’un m3 d’In Salah à Tamanrasset 70DA et celui produit par le dessalement d’eau de mer 80 DA. Ces coûts devraient augmenter avec l’augmentation du prix de l’énergie de 20% et celui du gasoil de 40%. 

Ces efforts conséquents et investissements colossaux de l’Etat doivent être impérativement suivis par la mise en place d’une véritable stratégie de rationalisation de la consommation de cette ressource vitale.

Des mesures pour rationaliser la consommation   

Des mesures ont été prises dans ce sens par le gouvernement, à l’instar de la création d’une police. en janvier dernier, le chef de l’Etat avait donné  des instructions fermes pour lutter contre le gaspillage d’eau, appelant à la mobilisation de  tous les services, notamment ceux  de l’Intérieur, des Ressources en eau, de  l’Agriculture, de l’Industrie et de l’Environnement, à grande échelle, en  vue de créer un plan d’urgence visant à mettre en place une nouvelle  politique permettant d’économiser l’eau à l’échelle nationale et de  préserver la richesse hydrique souterraine. 

Concernant les prérogatives de la police des eaux, elles sont définies par un texte de loi. L’article 159 de cette loi indique qu’ «il est institué une police des eaux constituée par des agents relevant de l’administration chargée des ressources en eau». 

Par ailleurs, une convention a été signée entre la Seaal et l’Entreprise nationale spécialisée dans la fabrication de compteurs volumétriques pour la fabrication de ces compteurs intelligents en local. Une démarche qui s’inscrit étroitement dans la volonté du gouvernement à l’augmentation du taux d’intégration national et à en finir avec l’importation tous azimuts et de solutions clé en main.

« Cet accord nous permettra de fournir des compteurs intelligents fabriqués localement qui contribueront à la numérisation du processus d’enregistrement des données liées à la quantité de consommation. Il donne la possibilité d’effectuer les prélèvements à distance, ce qui permettra à l’ADE et la Seaal de réaliser des gains en réduisant les dépenses de fonctionnement», souligne-t-il.

Et d’ajouter : «Ces compteurs permettront un recouvrement précis et équitable des redevances de consommation d’eau et d’en finir avec les factures forfaitaires, que des clients dénoncent à chaque fois. Ce phénomène sera éradiqué complètement  grâce à l’introduction de ces compteurs intelligents».

Un protocole pour la formation des techniciens dans le dessalement de l’eau 

Par ailleurs, le ministre de l’Hydraulique a annoncé qu’un protocole sera signé entre l’ADE (Algérienne des eaux), « Seaal » et le groupe « Cosider » d’une part, et, d’autre part, avec la direction de la Formation professionnelle de la wilaya d’Alger, visant à former des techniciens et des techniciens supérieurs dans le domaine des métiers liés au dessalement de l’eau. 

Le ministre a également rappelé les instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à cet égard, où il a souligné la nécessité du programme national d’achèvement des usines de dessalement d’eau de mer par la création de nouvelles filières et spécialisations concernées par ce domaine dans les universités, les instituts et les centres de formation professionnelle. Taha Darbal a appelé tous les acteurs et parties prenantes dans le domaine de l’Hydraulique à tout mettre en œuvre pour mener à bien l’effort de modernisation et de numérisation du secteur.

A. R.

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