Par Lyazid Khaber
«Ce qui me scandalise, ce n’est pas qu’il y ait des riches et des pauvres : c’est le gaspillage.»
Mère Teresa
Plus de 535 tonnes de pain (plus de 2,1 millions de baguettes) ont été gaspillées durant la période allant du 13 au 24 avril, à savoir 20 millions de Da, selon les dernières estimations révélées, avant-hier par le ministère du Commerce. Voilà une vérité qui fait mal, surtout dans une conjoncture comme celle où nous vivons actuellement, où les denrées les plus élémentaires ne sont pas à la portée de tous. Le gaspillage ! Voilà un mot qui doit nous interpeller tous, tant qu’il donne bien des sueurs froides dans le dos. Le gaspillage chez nous est loin d’être seulement un comportement désinvolte de gens inconscients, mais une culture. Oui, c’est une culture à part entière d’une société qui ne sait pas consommer. Car, en regardant de très près dans les bacs à ordure, surtout en ce mois dit de piété, on se rendra compte quel genre de denrées est jetée dans les poubelles. A la tête il y a le pain, une denrée subventionnée à coup de milliards, et qui se trouve omniprésente sur nos tables. Les chiffres sont effarants : 2.139.884 baguettes, soit 45 tonnes/jour (178.323 baguettes) sont gaspillées. La valeur des quantités gaspillées s’élève quant à elle à plus de 1,5 million de Da par jour.Ceci dit, faut-il penser à trouver une bonne solution, une bonne fois pour toute à ce phénomène. Laquelle ? D’abord, il faut arrêter cette malheureuse et préjudiciable politique de subvention à tout va. Il est temps de revoir les comptes et d’opérer un vrai recensement des populations pour identifier, exactement, les personnes ou les familles qui méritent cette aide qu’il faudra verser directement dans leurs comptes bancaires et de fixer par la suite le prix de la baguette à son prix réel. Autant pour tous les autres produits subventionnés, comme l’eau dont le taux de gaspillage d’eau durant l’année en cours avait atteint 45%, selon le ministre du secteur des Ressources en eau. Les factures toujours insignifiantes payées par les citoyens incitent au gaspillage et les autorités de l’Etat sont responsables en premier chef de cette situation. En effet, la raison qui fait que l’on a maintenu cette politique des subventions par les pouvoirs précédents, consiste à voiler la réalité sociale des algériens et à contenir la grogne sociale, sachant les politiques salariales iniques, et les inégalités grandissantes existantes entre les différentes catégories de la société. Car, si gaspillage il y a – faut-il le dire -, c’est plus au niveau des grandes villes que dans les petits faubourgs ou à l’intérieur du pays où les gens peinent à se permettre le luxe de la suffisance. Pis encore, on se rend compte que cette politique des subventions est l’exemple type d’une politique inégale et même injuste qui consacre l’iniquité dans la distribution des richesses du pays, puisque un habitant de la capitale par exemple, coûte au trésor public au moins le dix fois plus que ce que lui coûte un habitant de Ain Mgel. Ceci dit, et comme suggéré déjà par plusieurs experts et même par certains responsables de l’Etat, la politique des subventions publique doit être impérativement réformée… et en urgence SVP.
L. K.