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Fret maritime : Le pavillon algérien otage des lobbying - ECOTIMES

Fret maritime : Le pavillon algérien otage des lobbying

Le fret maritime est le maillon faible de la chaine logistique en l’Algérie. Ce domaine stratégique est dominé par les armateurs étrangers et pour lequel, des sommes colossales en devises sont déboursées annuellement par le Trésor public.

Par Akrem R

À titre d’exemple, en 2019, pas moins de 4 milliards de dollars ont été consacrés aux prestations maritimes (fret, accostage des navires, surestaries des conteneurs…). Ce montant est revu à la baisse ces deux dernières années pour se stabiliser entre 2,5 à 3 milliards de dollars, a relevé, hier, le DG du groupe algérien de transport maritime (GATMA), Smain Larbi Ghomri. Une situation qui s’explique, dira-t-il,  par l’amélioration de la gestion des ports et la diminution des importations, grâce à la nouvelle stratégie du gouvernement.

Toutefois, Il a estimé que cette facture est certes salée, mais raisonnable, vu le volume global des importations de l’Algérie, variant entre 30 et 40 milliards de dollars annuellement. Ghomri a expliqué dans une déclaration à une chaine TV privée, que le transport maritime dans le monde entier est dominé par 6 compagnies maritimes internationales, en avouant qu’il très difficile de s’imposer dans ce marché. Même des grandes puissances économiques font face à ce problème de monopole. Autrement dit, il n’est pas spécifique à l’Algérie.

Le DG de la GATMA a laissé entendre, que malgré les efforts de renouvellement et de reconstruction du pavillon national, il reste tout de même, très difficile de reconquérir les parts de notre marché. Les importateurs algériens sont victimes du diktat des armateurs, qui leur imposent le mode Cost and Freight (CFR), Coût et Fret. Les fournisseurs s’occupent de la livraison de la marchandise aux clients. Ce mode de travail a écarté le pavillon national de ce marché difficile d’accès. «Nous y sommes absents pratiquement, depuis plus de 20 ans. On ne peut pas, du jour au lendemain, reconquérir les parts de notre marché.  Un énorme travail nous attend. Nous devons multiplier nos efforts de coordination avec les opérateurs économiques, en privilégiant l’intérêt national», a souligné Smain Larbi, tout en reconnaissant que le groupe public reste impuissant devant le lobbying imposé dans ce domaine. Face à cette situation de monopole et de lobbying, les pouvoirs publics ont orienté leur stratégie vers le transport intermédiaire.

Ils veulent se positionner dans le marché méditerranéen. Actuellement, nos importations qui parviennent de Chine notamment, et transportées par des navires de grands tonnages (20 000 conteneurs), transitent via des ports européens (Malte, Marseille et Espagne). Ce genre de navires ne peut pas accoster dans nos ports. À cet effet, et afin de réduire les coûts, le GATMA  se déploie  sur le terrain, en proposant des tarifs compétitifs. «Notre flotte qui possède déjà 10 bateaux sera désormais renforcée par 2 navires pour le transport des conteneurs, dont le «Djanet» qui sera mis en service la semaine prochaine. Par ailleurs, le groupe recevra également, début juillet, un navire pour le transport de voyageur», a-t-il annoncé. Smain Larbi Ghomri a, en outre, indiqué que ces efforts de l’Etat visent la sécurisation du transport de certains produits stratégiques, comme les céréales, les médicaments et produits alimentaires. « On ne peut pas rester à la merci des armateurs étrangers», insiste-t-il. Les responsables du secteur, estiment que les entreprises nationales sont en mesure d’atteindre un taux de couverture de 23, voire, 30% dans le transport maritime national des marchandises, a-t-il précisé, soulignant l’importance d’atteindre un taux de couverture de 50% à travers l’utilisation des navires algériens, et partant, atteindre l’autonomie nationale grâce aux cadres locaux formés dans le domaine maritime, y compris dans la maintenance.

Mohamed Sayoud, expert international en investissement : «On doit orienter notre stratégie vers la production locale»

L’expert international en investissement, Mohamed Sayoud a expliqué que le fret maritime est dominé par 5 grandes sociétés et que ces dernières imposent un contrôle strict dans ce domaine. Il a expliqué dans une déclaration  téléphonique, qu’il a bien voulu nous livrer, que ces armateurs ont perdu beaucoup d’argent durant cette pandémie du Coronavirus qui persiste encore.

À cet effet, ils ont décidé unilatéralement d’augmenter les prix de leurs prestations, et ce, dans le but  de compenser les pertes engendrées par le recul de l’activité maritime et, également, pour cause de la fermeture du Canal de Suez (Egypte) pour une vingtaine de jours, suite à l’incident technique d’un navire au niveau de ce passage maritime qui connait une dynamique importante et un flux de navires de et vers l’Asie. Pour cet expert, la reconstruction du pavillon national ne réduira pas notre dépendance envers l’étranger.

Le peu de navires que possède l’Algérie n’est pas en mesure de concurrencer les grands armateurs, explique-t-il, en ajoutant que l’envoi d’un navire de l’Algérie vers la Chine prendrait presque deux mois ! « Certainement des économies seront faites en matières du coût du fret, mais on va perdre beaucoup du temps. Dans le monde économique, le temps a un grand impact sur l’investissement», a-t-il détaillé. La solution pour cet expert, est d’orienter notre stratégie vers la promotion de la production locale. C’est le seul moyen pour relancer l’économique nationale, en créant de la richesse, de la valeur ajoutée et des emplois. Pour Mohamed Sayoud, il est inadmissible qu’un pays continent comme le nôtre, n’arrive toujours pas à garantir son autosuffisance alimentaire !  Pas moins de 7 millions de tonnes de blés sont importées, annuellement. L’intervenant a appelé, par ailleurs, à l’application des décisions déjà prises, notamment, la suppression de l’article 51/49. Cette dernière n’est toujours pas applicable sur le terrain, déplore-t-il. Ainsi, et après 15 mois d’attente, le code de l’investissement n’est pas encore promulgué. 

A. R.

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