En cette deuxième année de la mise en œuvre de ce nouvel espace de commerce régional, l’Algérie affiche clairement sa volonté de mettre à profit sa position au sein de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine), lancée le 1er janvier 2021.
En parlant, avant-hier, d’une « forte pénétration des produits algériens dans le marché africain dès le début juillet prochain », le ministre du Commerce, Kamel Rezig, s’inscrit sans doute dans la même trajectoire que le challenge du chef de l’Etat qui s’est fixé l’objectif de 7 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures durant cette année 2022.
Par Mohamed Naïli
Pour rendre cet objectif atteignable, des projets et initiatives sont en cours ou en préparation, confirmant ainsi cette détermination d’aller à la conquête du marché africain. C’est dans cette perspective que s’inscrit par exemple la nouvelle dimension attribuée à la route Transsaharienne qui ira désormais des côtes méditerranéennes d’Alger et Tunis jusqu’à la capitale nigériane Lagos sur la côte atlantique, en passant par le Mali, Niger et Tchad, dans le Sahel. Ce projet, appelé désormais corridor Alger-Lagos, fera, rappelle-ton, l’objet d’une réunion en juin prochain qui regroupera des représentants gouvernementaux des six pays qui y adhèrent (Algérie, Mali, Niger, Nigéria, Tchad et Tunisie).
En termes de potentialités, outre les produits dits de large consommation (entre autres, les ceux issus de la transformation de céréales, les huiles alimentaires, le sucre) et qui viennent d’être interdits à l’exportation pour une meilleure sécurisation du marché national au vu du contexte mondial, les entreprises algériennes, tant du secteur privé que public, ont déjà fait leurs preuves sur le marché africain. À l’instar de l’Eniem dans le passé ou Condor qui ont effectué, à plusieurs reprises, des opérations d’exportation de différents appareils électroménagers, des entreprises agroalimentaires, comme NCA Rouiba, ou le groupe Lafarge Algérie qui réalise des opérations d’exportation de ciment vers des pays d’Afrique de l’Ouest.
Néanmoins, à leur niveau actuel, ces volumes demeurent en-deçà des attentes. Tel qu’il ressort des statistiques des services de Douanes, en effet, aucun pays africain n’apparait dans la liste des 10, voire 15, premiers clients de l’Algérie. Pour ne citer que l’exemple de l’année 2019, le bilan de la Direction générale des Douanes note « un volume des échanges avec les pays de l’Afrique [qui] a enregistré une légère augmentation de 1,55 % par rapport à l’année 2018, en passant de 3,46 milliards de dollars à 3,51 milliards de dollars en 2019 ».
Des dispositifs adéquats
Si la Zlecaf offre un cadre idéal et d’innombrables opportunités pour fructifier le commerce de l’Algérie avec les pays africains, les entreprises ayant un potentiel d’exportation nécessitent toutefois la mise en place de dispositifs adéquats pour faciliter les flux de marchandises mais aussi le rapatriement des fonds.
C’est d’ailleurs pour surpasser les embuches de cette nature que le CNESE (Conseil national économique, social et environnemental) a recommandé en 2021 la création d’ « une banque d’import-export s’intéressant au financement des projets et la Maison d’export ou l’Agence nationale d’exportateurs qui s’intéresse au volet logistique de l’exportation ». Jugeant la proposition pertinente, la Banque d’Algérie a fini par adopter l’idée de création d’une banque spécialisée dans le commerce extérieur, selon le président du CNESE, Réda Tir.
Enfin, la facilitation des démarches administratives pour les opérateurs qui visent l’exportation est de plus en plus visible à divers niveaux. Dans ce sens, le ministre du Commerce vient d’affirmer par exemple que « l’inscription au registre du commerce pour l’activité d’exportation est devenue la plus facile ».
M. N