Flambée des prix des viandes blanches : Les mesures «urgentes» du gouvernement 

En dépit des mesures prises par le gouvernement en faveur des professionnels de la filière de l’élevage des viandes blanches, les prix ne baissent pas. Au contraire, ces dernières semaines, ils ont augmenté pour dépasser la barre dès 550 DA/kg !

Par Akrem R

Un niveau jugé «inacceptable» et «inadmissible» par le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni. Une réunion d’urgence a été tenue, à cet effet, hier, au siège de son département, regroupant les cadres de son ministère et différents intervenants dans cette filière stratégique (ONAB, SARPA, FRIGOMEDIT, UNPA et opérateurs privés).

Des mesures et des décisions importantes ont été prises visant à une réduction des prix de volaille, hors de portée des ménages à faibles et moyens revenus. Le ministre Henni a d’emblée pointé du doigt les spéculateurs, estimant que la hausse des prix du poulet, de 150 DA/kg en 24 heures, est injustifiée, malgré la grande abondance de ce produit. 

Cette réunion a abouti à la mise en place de 07 mesures urgentes pour faire baisser les prix des viandes blanches sur le marché national. Le ministre a, ainsi, ordonné l’ouverture d’une enquête par les services vétérinaires et l’accélération du processus pour fournir les aliments de volaille aux petits éleveurs. 

Des enquêtes sur le terrain 

Afin de comprendre cette situation, des enquêtes sur terrain ont été lancées par le ministère, dès hier, lundi. «Le ministère de l’Agriculture et du développement rural a annoncé, ce lundi, dans un communiqué que toutes les inspections vétérinaires à travers le pays sont mobilisées pour l’entame des enquêtes et une évaluation sur terrain des différentes unités d’élevage de volaille, ainsi que des abattoirs de volailles et ce, à partir de ce lundi 20 novembre 2023», lit-on dans un communiqué du ministère. 

Ces enquêtes permettront de connaitre la réalité de la production avicole dans le pays et les véritables raisons de cette hausse des prix, malgré la baisse des intrants de la filière sur le marché national et l’aide de l’Etat. Toutefois, certains éleveurs disent que les aliments sont toujours chers sur le marché et les produits subventionnés sont distribués d’une manière «douteuse». 

«Nous en tant que petits éleveurs, nous ne bénéficions pas des produits subventionnés. Ils sont distribués entre eux ! À cela s’ajoute le problème des poussins, dont le prix reste excessivement élevé», accuse un éleveur du poulet vif à Blida.  C’est là ou le bât blesse. Donc un travail reste encore à consentir pour identifier les petits éleveurs, tout en les assurant qu’il n’y aura pas d’impôt sur leur activité.  

Sur le plan organisation et amélioration de la production, et selon une Note Conjoncture Filière avicole 3 Trimestre 2023, réalisée par l’Institut technique des élevages (ITLEV), une analyse de la filière « chair » montre que la hausse des prix des viandes blanches est due plus à l’instabilité du fonctionnement des filières avicoles dans son ensemble.

Une désorganisation chronique au niveau de la sphère de l’élevage, une baisse sensible des mises en place et une absence de coordination entre les éleveurs et autres acteurs de la filière ce qui se répercute négativement sur les prix aux différents stades.

Il y a également le problème de la pratique des abattages clandestins au niveau des tueries non agréées qui constituent un danger réel et un signe inquiétant pour la santé des consommateurs. Des espaces qui échappent à tout contrôle. C’est un problème qui perdure et à prendre très au sérieux afin de l’éradiquer.  

Accélérer les opérations d’importation 

Le ministre de l’Agriculture a  également souligné l’importance de la divulgation des prix des aliments de volaille et des poussins par l’ONAB, en plus de l’augmentation des capacités de production pour garantir une alimentation régulière du marché.

Il a également ordonné de notifier le prix unitaire des poussins de chair à 120 DA/unité, et la vente restant libre avec le système de traçabilité des éleveurs et coopératives d’élevage de viande blanche.

Concernant les viandes blanches importées, M. Henni a ordonné une révision à la baisse des délais de réception des quantités importées en plus du lancement de consultations avec les professionnels du secteur pour la mise en place rapide d’un accord-cadre pour stabiliser les prix.

Afin d’améliorer la production des viandes blanches et œufs de consommation et d’assurer une disponibilité de 50 % à 60 % le long de l’année à des prix raisonnables, il est souhaitable de faciliter aux groupes avicoles (GAC, GAO, GAE) l’acte d’investir dans la mise en place de nouvelles structures d’élevage (chair et ponte) de grande capacité. 

Pour cela, il faudra leurs octroyer des financements pour la réalisation de ces projets. Une solution qui va permettre de résoudre le problème de l’organisation des filières et de l’offre au niveau national.

Sur le plan structuration des filières animales en générale, il est important et nécessaire de créer des coopératives régionales afin de regrouper l’ensemble des acteurs des filières avicoles, ce qui facilitera le travail dans un cadre organisé et réglementaire.

Avec l’activation de la numérisation, toutes les informations concernant les élevages, la production, la distribution et commercialisation seront traitées et analysées pour pouvoir élaborer des prévisions et prendre les dispositions nécessaires au bon moment pour éviter d’éventuelles crises et hausses des prix.

A. R.

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