Flambée des prix des produits alimentaires : L’Etat veille à en limiter l’impact

Produits alimentaire

Photo : D. R.

Malgré une légère baisse de l’inflation en septembre 2023, selon les derniers chiffres de l’ONS, les prix des produits alimentaires continuent d’augmenter sur le marché, notamment les viandes et les fruits, selon le témoignage de plusieurs citoyens. Les maigres bourses doivent, en effet, faire face à des choix difficiles en matière de dépenses, cherchant des alternatives moins coûteuses pour nourrir leurs enfants. Les autorités, conscientes de l’effet indésirable de cette situation, induite notamment par «l’inflation importée» due, entre autres, au surenchérissement des prix sur les marchés internationaux, et les pratiques spéculatives, ont mobilisé toute une batterie de mesures à même de rétablir l’équilibre sur le marché local, ou, tout au moins, limiter l’impact de cette situation sur les ménages, et particulièrement, les catégories les plus vulnérables de la société. 

Par Akrem R.

Les chiffres de l’ONS (Office National des Statistiques), sont sans équivoque. Selon cet organisme public, l’Indice des prix à la consommation (IPC) en Algérie a enregistré en septembre 2023, une hausse de 0,6% par rapport au mois précédent. La variation des prix des biens alimentaires s’est élevée à +0,8%. 

Ainsi et en comparaison avec le mois précédent (septembre 2022), la variation des prix à la consommation est de +9,5%. Le rythme annuel d’inflation est quant à lui, de +9,4%. Ces données sont basées sur les observations de prix effectuées dans 17 villes et villages représentatifs du pays, précise l’ONS qui note à titre d’exemple, que l’indice brut des prix à la consommation au niveau d’Alger a augmenté de 0,7% par rapport au mois précédent, principalement en raison de la hausse des prix des biens alimentaires, tout en affichant un taux proche de celui relevé au même mois de l’année précédente (+0,9% en septembre 2022 par rapport à août 2022).

Insoutenable cherté de la vie…

Ainsi donc, les autorités, les partis politiques et les syndicats partagent un consensus sur le problème de l’insoutenable cherté de la vie. Durant l’année 2022 déjà, nous avons connu un taux d’inflation estimé à 9,3%, dépassant largement les 7,2% enregistrés en 2021 et atteignant son plus haut niveau en vingt-six ans, pour enfin s’établir à 9,4% en septembre 2023. Cette tendance inflationniste s’observe de manière généralisée dans de nombreux secteurs, avec des hausses notables atteignant jusqu’à 50 % à 100% pour des produits tels que les voitures, les pièces détachées et les articles scolaires.

Sur le volet alimentaire, l’on constate qu’hormis les produits subventionnés, les prix des produits alimentaires poursuivent leur tendance haussière qui évolue crescendo. L’office national des statistiques (ONS), estime que l’indice brut des prix à la consommation qui a enregistré une hausse de 0,7% en septembre 2023, est bien inférieur à celui observé au mois précédent (+2,2%). Il s’explique essentiellement par la hausse des prix des biens alimentaires qui affichent une variation de +0,9%, contre une hausse de 4,2% au mois précédent, indique la même source. En effet, le rythme de hausse des prix des produits agricoles frais a diminué, passant de +8,4% à +1,7%. En revanche, les prix des produits alimentaires industriels ont accusé une légère baisse de 0,1%, ajoute la même source.

En septembre 2023, l’évolution des prix des biens alimentaires a enregistré un taux de +13,9% par rapport au mois précédent. Les prix des produits agricoles frais inscrivent une variation de +24,1%, avec un taux de +34,6% pour les légumes et +29,5% pour la viande. Les prix des produits alimentaires industriels ont enregistré quant à eux une hausse de 3,7%, avec un taux de +21,9% pour le café, le thé et les infusions. 

D’autre part, et selon un bulletin quotidien des prix des produits agricoles (publié en date du 7 novembre 2023, Ndlr.) émis par le ministère de l’agriculture, la pomme de terre est cédée à 74 DA/kg, la tomate à 76 DA, l’oignon à 41 DA, l’ail à 405 DA, la carotte à 81 DA, le navet à 76 DA, le poivre à 140 DA, la courgette à 125 DA, les haricots-verts à 160 DA, et la laitue à 80 DA. Des prix qui restent plus ou moins à la portée de la classe moyenne mais loin des petites bourses qui ont du mal à se procurer quoi se mettre sous la dent.

Les viandes et les fruits presque… «Haram»

Si les légumes de saison demeurent les seuls aliments à portée des citoyens de modeste situation, les viandes et les fruits, deviennent juste impossible à acheter pour la majeure partie des algériens. En effet, et depuis maintenant quelques mois, ces produits connaissent des hausses ascendantes, atteignant des summums jamais égalés. Ces produits ont disparu des assiettes des familles à revenus moyens ou faibles, et deviennent presque «Haram», pour reprendre la formule d’un citoyen que nous avons interrogé dans la rue. 

En effet, un kilogramme de viande bovine est cédé à plus de 1900 DA, tandis que la viande ovine est vendue à partir de 2200 DA/kg ! Cette situation perdure depuis plusieurs mois, et toutes les mesures prises pour atténuer un tant soit peu cette fièvre qui s’empare de la mercuriale, n’ont visiblement pas donné de résultats probants. Dans certains cas, c’est juste l’effet contraire qui s’est produit. C’est le cas, à titre d’exemple des prix des volailles qui ont connu ces dernières semaines des pics «historiques» jamais connus. Si les commerçants expliquent ces augmentations par l’amenuisement de l’offre, pour les spécialistes, beaucoup d’autres paramètres entrent en jeux dont notamment les prix des aliments de bétail (en grande partie importés) pour influer négativement sur le marché. 

En effet, une forte hausse des prix des œufs et de la volaille est observée actuellement à travers le pays, laquelle, selon plusieurs spécialistes, est due à plusieurs facteurs, notamment la pénurie de fourrage et de céréales, ainsi que la mortalité élevée des volailles due aux températures caniculaires. Ces conditions ayant eu pour conséquence l’abandon de l’activité par plusieurs éleveurs, ont contribué à cette hausse, affirme-t-on dans les milieux initiés. 

D’autre part, certains experts, estiment que la hausse des prix des produits alimentaires, y compris les œufs et la volaille, est plutôt due à «l’absence de plafonnement de la marge bénéficiaire entre les prix du marché de gros et de détail», ce qui permet à certains commerçants d’appliquer des marges allant jusqu’à 100% du prix initial.  

Entre temps, et alors que les pouvoirs publics s’affairent à trouver des solutions efficaces, les Algériens attendent de voir la situation se rétablir non sas redouter une éventuelle aggravation au vu des derniers développements à l’international, et leurs impacts prévisibles sur les marchés et les prix des matières premières, notamment agricoles.

A. R.

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