Des incitations fiscales et procédures simplifiées, le financement de l’économie via la bourse d’Alger, n’est pas un obstacle, dira d’emblée le directeur général de la première place financière en Algérie, en l’occurrence, Yazid Benmouhoub.
Par Akrem R.
En clair, la balle est dans le camp des opérateurs qui sont appelés à adhérer à ce nouveau système, leur garantissant un financement adéquat, loin de l’ancien modèle, à savoir, les banques et le Trésor public.
«Maintenant, je pense que la balle est au niveau des opérateurs qui doivent faire le pas et chercher des financement, à travers l’ouverture du capital ou par des émissions obligataires. Les opérateurs doivent réfléchir autrement, et ne pas attendre les pouvoirs publiques pour le financement de leurs projets d’investissement», a lancé Benmouhoub, lors de son passage sur les ondes de la radio nationale «Chaîne III». Pour l’intervenant: si on veut s’inscrire dans une économie de marché, on doit aller vers des financements en faveur du marché boursier.
C’est l’orientation du gouvernement qui veut réduire l’intervention de l’Etat, et surtout, le Trésor public dans le financement d’une économie nationale diversifiée. Le Premier ministre, Aïmene Benabderhamane l’avait, d’ailleurs déclaré clairement : «le Trésor public n’est plus en mesure de continuer à financer l’économie nationale et surtout les entreprises publiques comme auparavant. Le gouvernement œuvrera à garantir d’autres outils».
La solution adéquate est d’ouvrir des capitaux de banques et de certaines entreprises publiques, via la bourse.
D’ailleurs, il est prévu l’ouverture du capital de deux banques publiques au courant de 2023. Un bon signe pour la Bourse d’Alger qui devra, enfin, se dynamiser et jouer son rôle dans le financement de l’économie nationale.
«Nous constatons un réel effort de la part des autorités publiques pour revoir ses modèles de financement. La Bourse d’Alger devrait être un maillon fort dans le financement de l’économie nationale», a souligné le DG de la Bourse d’Alger.
Parmi les efforts entrepris, M. Benmouhoub cite «la mise en place de nouveaux leviers de financement qui touchent l’ensemble des entreprises, mais aussi l’élaboration d’un nouvel écosystème dédié exclusivement aux startups.»
Cette démarche s’inscrit conformément à la nouvelle politique économique du pay visant à soutenir l’implantation et le développement de telles entreprises. Ce marché de startups s’ajoutera aux deux autres déjà existant dans cette institution, destinés à financer les grandes, petites et moyennes entreprises.
Rappelons que le directeur général de la Bourse d’Alger a récemment fait part de la disponibilité de son administration boursière à accompagner et à soutenir les entreprises nationales désirant obtenir un financement pour leurs activités à travers la Bourse, «ce qui leur permettra d’élargir leurs investissements et de bénéficier des incitations accordées par l’Etat, lors du passage en bourse, comme la réduction ou l’exonération de certains impôts, selon le cas».
Vers une structuration de l’activité bancaire
Sur ce point, l’intervenant a rappelé qu’il y a une véritable politique fiscale pour l’adhésion des entreprises à la bourse. A titre d’exemple, une société ouvrant son capital bénéficiera d’une réduction fiscale autour du taux d’ouverture du capital.
C’est une disposition qu’on ne trouve nulle part ailleurs, affirme-t-il. En outre, il y a l’exonération de tous les revenus issus de la Bourse (Action, intérêt produit par des obligations et de la plus-value de cession).
D’autre part, le DG de la Bourse d’Alger souligne que «dans la révision de l’Ordonnance sur la Monnaie et le Crédit, il y aura la structuration de l’activité bancaire, en plus d’une orientation vers le digital». Une démarche qui va pouvoir «définir le nouveau socle du financement de l’économie nationale».
Questionné, par ailleurs, sur la léthargie de la Bourse d’Alger, Benmouhoub affirme que le problème ne réside pas dans la bourse, en elle-même, mais dans l’écosystème ! Pour qu’il y’ait ait un marché, dira-t-il, il faut d’abord qu’il y ait ait des entreprises cotées en bourse.
«Ces entreprises feront des appels de lever de fonds, et ce sont les investisseurs qui vont les ramener. Le secteur des assurances et les particuliers pourront jouer un grand rôle dans le financement de l’économie nationale. Actuellement, il y a un niveau très élevé en matière d’argent thésaurisé et n’oublions pas, aussi, ce lourd fardeau de l’argent de l’informel qu’on doit récupérer. Dans ce cadre, je pense que le digital va jouer un rôle primordial dans tout cela et dans le changement des habitudes et mentalités», détaille-t-il.
A. R.
La Bourse d’Alger innove : Bientôt un nouveau système de cotation digitalisé
La Bourse d’Alger compte mettre en place prochainement un nouveau système de cotation digitalisé permettant à terme de réaliser des transactions par internet, a indiqué dimanche son directeur général, Yazid Benmouhoub.
Intervenant sur les ondes de chaîne III de la Radio algérienne, M. Benmouhoub a affirmé que la Bourse d’Alger «est en pleine phase de transformation vers le digital», soulignant qu’ «un système de cotation totalement digitalisé est en train de se mettre en place afin de permettre de réaliser des transactions via une plateforme internet». Il a expliqué, par ailleurs, que les plateformes existantes à travers le monde ne sont pas des propriétés de la Bourse mais celles des intermédiaires.
Le DG de la Bourse d’Alger table sur la digitalisation pour la résorption de l’informel. Un travail est entrain de s’effectuer actuellement par les différentes institutions pour lutter contre l’évasion fiscale et la généralisation du digital ( la numérisation des registres du commerce, e-paiment…).
Pour lui, le socle digital demeure une solution pour l’argent de l’informel. Benmouhoub a suggéré l’introduction d’entreprises connues à la bourse d’Alger, l’utilisation des moyens digitaux et l’inclusion financière, afin de capter une partie des 90 milliards de dollars circulant dans le marché parallèle.
A R.
