La Banque d’Algérie se penche sur la question: l’Algérie se prépare à se lancer dans le financement digital. D’ailleurs un atelier est ouvert à cet effet, visant la numérisation des paiements dans le cadre de l’adoption de la forme numérique de la monnaie fiduciaire. En effet, le dinar numérique algérien sera développé, émis, géré et surveillé par la Banque d’Algérie.
Par Akrem R.
C’est ce que le Premier ministre, Aïmene Benabderahmane a déclaré, hier à Alger, dans son allocution à l’occasion de la célébration du 60ème anniversaire de la création de la Banque d’Algérie. Cette monnaie numérique sera en tant qu’appui à la forme physique de celle fiduciaire, dira-t-il.
Le développement de la finance et monnaie digitales devient incontournable. La crise sanitaire de la Covid-19 a, en effet, confirmé son importance et la nécessité de développer des services financiers digitaux.
L’Algérie présente, d’ailleurs, un certain nombre de critères déterminants pour le succès d’une telle entreprise : des taux élevés d’alphabétisation (90%+) ; une couverture internet (90% 3G) et une pénétration mobile (116%).
Ces critères favorisent la digitalisation du système bancaire, élément-clé de la reprise économique, et laissent présager un accueil massif des services financiers numériques (SFN) par la population algérienne, particulièrement celle non ou faiblement servie par le réseau bancaire, ainsi que celle ne disposant pas de services financiers adéquats.
Pour tirer parti de cette infrastructure, complétée par l’introduction d’un numéro d’identification unique (NIN), la monnaie électronique pourrait être un modèle efficace pour l’Algérie et un tremplin vers la digitalisation de ses services financiers. Elle est un nouveau canal d’accès à des unités de monnaies fiduciaires, permettant des paiements instantanés. La nouveauté est que ce canal propose un équilibrage différent entre accès et fonctionnalités par rapport aux comptes bancaires traditionnels.
Vers la création d’un comité de stabilité financière
Le Premier ministre a, par ailleurs, souligné que la révision de la Loi sur la Monnaie et le Crédit a pour objectif de renforcer la gouvernance du système bancaire et d’améliorer sa transparence, tout en conférant au Conseil de la monnaie et du crédit de nouvelles attributions lui permettant d’accompagner les transformations en cours dans l’environnement bancaire, l’élargissement de ses compétences en matière d’octroi d’agrément des banques d’investissement, les banques numériques et des prestataires de services de paiement, les courtiers indépendants et l’autorisation d’ouverture de bureaux de change, ainsi que le renforcement du rôle du comité bancaire en tant qu’autorité de contrôle. Et, ajoute-il, afin de permettre à la Banque d’Algérie d’asseoir sa mission de stabilité financière, (un comité de stabilité financière sera créé), dont la mission sera d’assurer un contrôle macro prudentiel et à la gestion des crises.
Ainsi, cet amendement adoptera la mise en place d’un comité national de paiement chargé d’entreprendre l’élaboration d’un projet de stratégie nationale de développement des moyens de paiements scripturaux et le suivi de sa mise en œuvre, après approbation des pouvoirs publics. Tout cela est dans le but d’améliorer les transactions bancaires et l’inclusion financière.
Dans son intervention, le Premier ministre a insisté, également, sur la nécessité de renforcer la sécurité et le contrôle des systèmes de paiement, nomment, avec l’émergence des affaires numériques, de nouveaux enjeux sur lesquels travaille la Banque d’Algérie.
Ouverture du capital de deux institutions bancaires en 2023
Sur un autre registre, Aïmene Benabderhamane a souligné que le gouvernement est pleinement conscient que les performances de l’économie ne peuvent s’améliorer que « si le cadre financier et monétaire est approprié et adapté aux besoins du gouvernement et autres institutions. C’est ce que la Banque d’Algérie s’emploie à incarner sur le terrain».
Par ailleurs, et dans le but de donner une nouvelle dynamique au secteur bancaire, le premier ministre a fait savoir que l’Algérie procédera à l’ouverture du capital d’au moins deux banques publique au privée durant l’année 2023. Il a ordonné aux responsables de la Banque d’Algérie l’accélération des procédures afin de donner un nouvel élan à la compétitivité et d’introduire de nouveaux statuts dans le secteur bancaire. « Au moins le capital de deux banques publiques doit être ouvert au cours de l’année 2023, puis la procédure sera appliquée au reste des banques», a-t-il souligné. A travers cette nouvelle approche, le gouvernement veut capter le maximum de l’argent circulant dans la sphère informelle, estimée à 90 milliards de dollars, par le président de la République, M. Tebboune.
L’intervenant a révélé que la masse monétaire de la Banque d’Algérie atteint, aujourd’hui, 22 204 milliards de dinars algériens et que la valeur des prêts destinés à l’économie nationale s’élève à 10 217 milliards de dinars algériens, accordés par les banques commerciales. Le Premier ministre a également annoncé l’ouverture de succursales bancaires algériennes dans plusieurs pays arabes en coordination avec le Fonds monétaire arabe.
A. R.