Financement des projets inscrits à l’AAPI : L’ABEF s’engage auprès des investisseurs

Investissements en Algérie : Intérêt croissant des Américains

Investissements en Algérie : Intérêt croissant des Américains | Photo : D. R.

Les banques algériennes se préparent activement à poursuivre la dynamique économique que connaît le pays.  L’entrée en vigueur effective de la nouvelle loi sur le foncier économique dans les prochains jours, engendrera, certainement, un engouement des banques et institutions financières opérant en Algérie pour octroyer des crédits et financer des projets d’investissements prévus. 

Par Akrem R

Selon les derniers chiffres de l’Agence algérienne de la promotion de l’investissement (AAPI), plus de 4000 projets sont enregistrés à fin octobre dernier, d’une valeur de 2 000 milliards de DA, soit l’équivalent de plus de 13 milliards de dollars.

Ce nombre de projets est appelé à augmenter dans les prochains mois, notamment avec l’amélioration du climat des affaires et la volonté affichée par le gouvernement de stimuler l’investissement et la diversification de l’économie nationale, dont des projets structurants sont prévus également.

La concrétisation sur le terrain de tous ces projets, nécessitera la mobilisation de gros moyens financiers. Mais, nos banques ont-elles les moyens pour répondre à cette forte demande des investisseurs ?

 La réponse est oui, selon le délégué général de l’ABEF (Association des banques et établissements financiers), Rachid Belaid. Il a assuré, en effet, dans une déclaration à une chaîne de télévision, ce dimanche, que « les banques sont en bonne santé financière et dotées de liquidités nécessaires pour répondre aux demandes des investisseurs».

Donc, il n’y aura aucune inquiétude pour le financement de l’économie nationale et de l’investissement en particulier, d’autant plus que le total du bilan de la place bancaire algérienne est de 22.003 milliards de DA à fin 2022.

Plus de 75% des crédits alloués à l’investissement 

L’embellie financière qui profite à l’Algérie depuis le début de 2022 grâce aux cours mondiaux des hydrocarbures et surtout du gaz, a permis aux banques d’avoir plus de liquidités, notamment auprès des six (6) banques publiques. Ces dernières s’accaparent, rappelle-t-on, de 80% du marché bancaire algérien.

Selon les chiffres avancés par le Délégué de l’ABEF, plus de 12 000 milliards de DA de crédits et de financements sont accordés, à fin juin 2023, par les banques à des opérateurs privés, publics et particuliers.

Dans le détail, entre 75 à 80% des financements sont accordés à l’investissement. Ceci prouve, dira-t-il, que le secteur bancaire poursuit ses efforts pour le développement de l’économie nationale.

Et de préciser : « Les banques sont dans une logique de 51% pour le secteur privé et 49% pour le secteur public. Les banques financent les projets rentables à la fois pour l’investisseur et pour la banque».

Le représentant de l’ABEF a souligné que les banques sont fin prêtes pour garantir un accompagnement de qualité aux investisseurs. Des investissements colossaux ont été consentis par les différentes banques pour la modernisation de leur système d’information et surtout la formation du personnel pour le bon déroulement des opérations de financement des projets d’investissements. 

Des demandes de crédits à distance 

L’intervenant a fait savoir que les investisseurs peuvent même demander un financement ou un crédit à distance, notamment, avec l’entrée en vigueur de la signature électronique. Concernant les délais du traitement des dossiers, Rachid Belaid affirme que l’étude des dossiers ne devrait pas dépasser les 30 jours, et dont certains, peuvent bénéficier d’un financement en une semaine.  

Les investisseurs étrangers, qui créent une société de droit algérien, bénéficieront des mêmes avantages que les nationaux, selon la nouvelle loi sur l’investissement, souligne-t-il, en précisant que «c’est la commission qui décide de l’octroi ou pas d’un financement à l’opérateur».

Une précision de taille pour dire que les banques sont déterminées à en finir avec les anciennes pratiques, dont des crédits et financement étaient accordés à de «faux» investisseurs.

Par ailleurs, et face à une éventuelle baisse de la liquidité au niveau des banques, le gouvernement accélère sa cadence pour la réforme du secteur bancaire et la dynamisation du marché boursier. Il est prévu, à cet effet, l’ouverture du capital de deux banques en 2024, à savoir, le Crédit populaire algérien (CPA) et la Banque de développement local (BDL) à hauteur de 30%.

Pour le représentant de l’ABEF, cette opération est un signal que le secteur bancaire connaitra, certainement, une nouvelle dynamique. C’est à travers la concurrence que les banques vont se développer davantage, affirme-t-il, en faisant savoir que la première opération sera lancée en janvier pour le CPA, dont la première tranche sera de 50 milliards de DA. 

La réforme bancaire s’impose 

Pour sa part, l’expert financier, Rachid Sekak a estimé que la réforme du secteur bancaire est plus que nécessaire. « La situation actuelle du système bancaire reflète et accentue les dérèglements structurels de notre économie et sa dérive budgétaire. Et nous ne pouvons pas ignorer le contexte macro-économique global», indique-t-il, dans un Rapport 2023 du cabinet Tadjeddine & Partners.

Et d’ajouter : « Notre secteur bancaire reste fragile et  son intermédiation largement  inefficace. De plus, nos banques publiques sont de facto devenues des banquiers importants du Trésor et seront donc, de plus en plus sensibles a l’évolution de nos finances publiques et, donc, à l’évolution du cours de hydrocarbures. Que se passera-t-il en cas de nouveau retournement abrupt du marché des hydrocarbures qui pourrait, à la fois, réduire la liquidité du marché et la capacité du Trésor à faire face à sa dette ?»

Lors d’une réunion d’un Conseil des ministres, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé que l’année 2024 sera l’année de la réforme bancaire profonde dans le cadre d’une «nouvelle approche globale ». 

Commentant l’exposé relatif à l’ouverture du capital de deux banques publiques, le Président Tebboune avait  mis l’accent sur l’impératif de «placer la réforme du système bancaire dans le cadre d’une nouvelle approche globale et intégrée captant les fonds circulant en dehors du circuit bancaire, afin de faire de l’année 2024 l’année de la réforme bancaire profonde».

A. R.

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