Le président de l’association des établissements bancaires et financiers (ABEF), Lazhar Latreche, a annoncé hier à Alger, que le financement bancaire sera accordé uniquement aux projets bancables. En clair, seul les investissements créateurs de richesse, de valeur ajoutée et des emplois durables, notamment.
Par Akrem R.
L’Algérie veut, donc, en finir avec les financements qui n’apportent rien à l’économie nationale et revenir à l’orthodoxie financière. Durant les 10 dernières années, des sommes colossales avaient été allouées à l’économie pour atteindre les objectifs tracés. Les chiffres du Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderhamane annoncés lors de la conférence de la relance industrielle, donnent froid dans le dos. 1 500 milliards de DA (soit l’équivalent de 10 milliards de dollars), ont été accordés à des investisseurs sans contrepartie ! En effet, la révision du mode d’octroi des financements s’impose avec acuité, dont la transparence sera le maitre mot. Dans ce cadre, Lazhar Latreche, également Pdg de la Banque d’extérieure d’Algérie (BEA), a précisé qu’ «aujourd’hui le financement est attribué en toute transparence et à travers la définition des secteurs dont notre économie a besoin, aux projets créateurs de richesses, rentables, aux emplois et à la valeur ajoutée à travers l’exportation». Selon l’intervenant, qui s’exprimait dans une déclaration à la radio «Chaîne I», la réservation d’une partie de la production pour l’export, est la nouvelle condition pour bénéficier d’un financement bancaire. « Le financement des projets sera organisé, selon une stratégie bien définie afin de répondre, d’abord, à la demande locale au passage vers l’exportation dans une deuxième étapes», a-t-il souligné. Il est à rappeler que le gouvernement, à travers son Plan d’action, vise la diversification de l’économie nationale en activant de nouveaux leviers de croissance. Les investissements consentis, déjà, dans le domaine de la sidérurgie et du ciment, ont permis à notre pays de renverser la vapeur en passant d’un pays importateur à celui d’exportateur. C’est ce genre de projets que les banques algériennes vont financer dans l’avenir, afin d’engranger de nouvelles devises pour le Trésor public, dira Latreche. Sur un autre registre le président de l’ABEF a fait savoir qu’en dépit de la double crise financière et sanitaire, des financements conséquents de l’ordre de 5 455 milliards de DA, ont été alloués à des investisseurs durant la période entre 2020 à 30 septembre 2021. L’année 2020, déclarée comme étant une année blanche, a vu le traitement de 6 814 dossiers, affirme le même responsable. Concernant les neufs mois de 2021, le Pdg de la Banque extérieure d’Algérie (BEA), a fait savoir que les 26 banques, dont 6 publiques, ont traité 5 785 dossiers à fin septembre dernier, dont seulement 4% des dossiers de demandes de crédits ont été refusés. Ceci dit, le nombre de dossiers et les financements qui seront accordés cette année, seront plus importants l’année précédente. En somme, dira Lahar Latraeche, ces chiffres montrent le rôle important que continuent à camper les banques algériennes, notamment, celle du secteur public. Ce qui explique, selon l’orateur, les instructions strictes données par le Premier ministre et ministre des Finances, au début de l’année 2021, dans lesquelles il a exhorté les banques à financer les investisseurs et à accompagner toutes les institutions.
Ouverture de banques à l’étranger : «Le dossier avance bien »
Le président de l’ABEF a annoncé l’ouverture de banques algériennes en Europe avant la fin de 2021 et d’autres qui seront implantées dans des pays africains, dans lesquels l’Algérie a des échanges économiques et commerciaux importants, à l’instar du Sénégal et la Mauritanie. « Les études de faisabilité et techno-commerciales sont finalisées et les demandes d’agréments sont formulées. Nous sommes sur les dernières retouches», précise-t-il, en annonçant l’ouverture, également, d’une agence de la BEA dans les prochains jours, au niveau du poste frontalier de Debdab (Tindouf).
Cette agence aura comme but, de faciliter la tâche aux exportateurs algériens et libyens dans les échanges commerciaux entre les deux pays. Questionné, par ailleurs, sur les crédits de la consommation, le président de l’ABEF a affirmé qu’une gamme de produits, (crédit immobilier, électroménagers, etc.), sont commercialisés par la plupart des banques algériennes, en annonçant que le crédit pour les véhicules sera de retour, une fois que le dossier de l’importation de voitures neuves sera réglé par le ministère de l’Industrie. Latrech a relevé, en outre, que 100 milliards de DA de crédits ont été accordés aux ménages. S’agissant de la finance islamique, un nouveau mode du financement, conformément à la charia islamique, est en train de faire du chemin. D’ailleurs, les premiers résultats enregistrés, dans laps de temps court, précisera-t-il, sont encourageants, ayant amassé plus de 10 milliards de DA, a fait savoir l’intervenant. Une rencontre d’évaluation sera organisée, incessamment par l’ABEF sur la finance islamique, conclut-il.
A. R.