L’Algérie veut revoir son système de financement des projets et d’infrastructures. Une démarche qui s’inscrit dans le cadre de la volonté politique de revoir le système nationale des subventions, comme l’a, d’ailleurs, annoncé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dans son interview accordée au quotidien «Le Point».
Par Akrem R
Une concertation nationale aura lieu après les élections législatives, soit, dans les deux semaines à venir, a annoncé, avant-hier, le président du Conseil national économique, social et environnement (CNESE), Réda Tir, en marge d’un séminaire sur « La problématique du stress hydrique en Algérie». En effet, le dossier de l’industrie des réseaux (eau, électricité, gaz, transport et télécom) sera examiné par des experts algériens et étrangers.
«Nous comptons ouvrir ce dossier dans les deux semaines à venir, le CNESE traitera des différents aspects, plus particulièrement, les volets liés à la subvention et à l’acquisition des technologies pour faire valoir des méthodes novatrices dans ce domaine», a-t-il précisé. L’étendue géographique de notre pays exige de gros investissements, dira-t-il. Mais, la situation financière du pays ne le permettra pas. Des budgets colossaux sont alloués, annuellement, pour l’industrie des réseaux, à savoir, l’eau, l’électricité, le gaz, les télécommunications et transport. Durant la période allant de 2000 à 2017, l’Etat a engagé 36 000 milliards de DA, soit, 320 milliards de dollars en investissements publics. Un effort que l’Algérie n’est pas en mesure de maintenir, notamment, avec cette période d’asphyxie financière que connait le Trésor public depuis 2014. La solution réside, alors, dans la rationalisation et l’orientation des budgets, selon la faisabilité des projets.
Sous-exploitation des infrastructures
La théorie de la croissance endogène a démontré que les investissements en infrastructures ont une influence positive sur les taux de croissance à long terme. Mais ces gros investissements, une fois réalisés, ont connu parfois des situations de sous-exploitation, de manque de maintenance, d’inefficacité dans l’offre des services et d’improductivité par cause d’approche partielle ou non systémique, lors de la décision d’affectation des ressources.
Compte tenu des spécificités de ces secteurs, et de l’avènement de la 4ème révolution industrielle, qui entraînera des transformations économiques et des perturbations considérables dans les années à venir, l’efficacité et la performance de ces secteurs dépendent essentiellement des conditions suivantes : la régulation et la lutte contre tout pouvoir de marché des entreprises ; des investissements en infrastructures et diversification de l’offre des services de ces industries ; la transformation numérique et l’utilisation intensive des technologies disruptives .
Le modèle de l’Etat, comme principal investisseur, n’est plus d’actualité aujourd’hui, malgré que ce «modèle d’organisation et de financement de l’économie a certainement permis la réalisation d’un large réseau d’infrastructures économiques et sociaux, que ce soit en termes d’accès au logement et à l’eau, d’introduction massive de gaz et d’électricité dans les foyers, d’infrastructures de transport, ou d’accès aux soins et à l’éducation».
Nécessité d’impliquer le privé
«Ces industries en Algérie étaient organisées en forme d’entreprises publiques qui ont le monopole chacune dans un secteur. Mais, avec les évolutions technologiques et l’absence de motivations le modèle du monopole public s’est avéré non efficace, dira, dans ce cadre, Mohamed Saoud, expert en investissement.
«L’Etat n’est plus en situation de continuer cet effort à cause non seulement du manque de moyens, mais aussi du manque d’efficacité de ce modèle et du fait que dans beaucoup de cas, nous sommes en train d’entamer une période de ‘’post-investissement’’, qui demande plus : une gestion de la demande, la bonne gouvernance, la concurrence, la régulation et moins d’intervention de l’Etat et plus d’implication du secteur privé, pour des services efficaces, intelligents , innovants et à des prix à la portée de toutes les bourses sans exclusion. Les secteurs de l’énergie, des télécoms, du transport, de l’eau et autres industries de réseau, ont toujours été une terre fertile pour l’entrepreneuriat et l’innovation », conclut-il.
A R.