La production nationale de pomme de terre en Algérie a augmenté entre les années 2000 et 2019, passant approximativement, de 10 millions de quintaux à plus de 40 millions de quintaux.
Par Akrem R.
La production de pommes de terre a une dynamique de croissance intéressante: elle a évolué de 2,2 millions de tonnes en 2008 à 3 millions de tonnes en 2010, et de 4,22 millions de tonnes en 2012 à 4,9 millions de tonnes en 2013, à plus de 40 millions de tonnes en 2019. La production de pomme de terre d’arrière-saison est assurée à mesure de 64,5 % par les wilayas d’El Oued, Ain Defla, Bouira et Mascara.
Toutefois, cette augmentation de la production n’a pas été suivie par la chaine de valeur, notamment, en matière de transformation et exportation.
En effet, la transformation de la pomme de terre reste assez limitée à l’heure actuelle et se concentre essentiellement sur la fabrication de frites surgelées et de chips. Il y a, cependant, un potentiel énorme pour d’autres produits de transformation. On estime à environ 50.000 tonnes seulement la quantité de pommes de terre transformées (-1% de pommes de terre cultivées), selon une étude réalisée programme InnoDev de la GIZ et publiée sur le site de l’INRAA. En somme, le renforcement de cette filière doit être accompagné du développement de l’industrie de transformation et de l’exportation. La transformation des surplus de pomme de terre constitue un moyen de réguler les prix sur le marché. L’industrie de transformation de la pomme de terre est dominée par les opérateurs du secteur privé.
Selon le MADRP (2018), il existe 12 unités de transformation de pommes de terre à l’échelle nationale, parmi les produits transformés. Sur le plan de l’investissement étranger et d’après Ahcène Guedmani, président du Conseil National Interprofessionnel de la Filière de Pomme de terre (CNIFPT) en 2019, une usine de transformation de la pomme de terre est réalisée par des investisseurs américains dans la wilaya d’Ain Defla et ce, dans le cadre d’une convention signée avec des opérateurs algériens. Selon M. Omari (2019), ministre de l’agriculture « Avoir trois récoltes de pomme de terre dans l’année est un avantage important pour l’Algérie et les industriels doivent en profiter ». L’industrie de transformation de la pomme de terre est à un niveau embryonnaire. Mais les perspectives sont importantes du fait de l’augmentation de la production, de l’importance du marché et des nouvelles orientations pour la diversification de l’économie nationale.
Dans la wilaya d’El Oued, la transformation est le maillon totalement absent de la filière dans cette région. Une usine de transformation pour les chips et les frites est bien installée dans la localité de Quinine sur la commune d’El Oued, mais reste encore non opérationnelle en raison de l’absence d’une infrastructure de production (semences, stockage) spécialement dédiée à la transformation, ajoute la même source.
Pour la transformation de la pomme de terre, plusieurs dossiers ont été déposés au niveau de la direction de la willaya et le blocage se situe au niveau du foncier (terrain pour la construction des usines).
Les impacts potentiels d’un développement de l’industrie régionale de transformation sont considérables, tant en termes économiques que sociaux. Les revenus potentiels supplémentaires générés par la transformation seraient une chance énorme au niveau national et surtout pour l’exportation vu les conditions pédoclimatiques qui permettent de ravitailler les usines de façon stable tout au long de l’année, estime les réalisateurs de cette étude.
Des contraintes à la commercialisation
Sur un autre registre, des difficultés et contraintes sont liées à la commercialisation de la pomme de terre. Parmi elles, on peut citer le manque de moyens de stockage et de conservation, la surabondance de l’offre, le manque de conditionnement, le manque de financement, le manque de politique de promotion et l’inorganisation de la filière. Le manque de moyens de stockage et de conservation : Actuellement, les producteurs aussi bien que les commerçants ne disposent pas de moyens adéquats de conservation de la pomme de terre (chambre froide, magasin spécialement aménagé). La surabondance de l’offre en pleine production : Pendant la période de grande production nationale, de février-mars à avril-mai, d’importantes quantités de récoltes sont mises sur le marché. C’est la période durant laquelle les producteurs doivent rembourser leurs crédits et acheter les intrants pour les cultures hivernales. Cette pression financière oblige les producteurs à déverser leurs pommes de terre sur le marché en même temps. Cela entraîne une chute des prix et les producteurs aussi bien que les commerçants, ne disposant pas de moyens adéquats de conservation de la pomme de terre, sont obligés de brader leurs produits.
Absence de conditionnement : la pomme de terre vendue sur les marchés ne fait pas l’objet d’un conditionnement spécifique. En situation de concurrence, le manque de conditionnement constitue un sérieux handicap. Il est plus commode d’acheter les pommes de terre conditionnées dans des sacs de 5, 10 ou 25 kg.
Le calibrage et l’emballage des pommes de terre peuvent lui donner une valeur ajoutée. Le manque de financement : La filière pomme de terre bénéficie d’un financement très limité. Les enjeux actuels de la production et de la commercialisation devront amener les acteurs de la filière à bénéficier d’un système adéquat de crédit.
Le manque de politique de promotion : Il n’existe aucune politique pour le développement de la culture de la pomme de terre et de sa consommation au niveau national malgré de réels potentiels. En outre aucune mesure n’est prise pour conquérir des parts de marchés à l’export surtout en période de grande production nationale.
Les capacités de stockage restent cependant limitées et n’absorbent en moyenne que 4% de la production annuelle. Les structures existantes nécessitent majoritairement des mises à niveau. Les contrôles phytosanitaires organisés par le Ministère dans ces entrepôts révèlent un manque de rigueur dans l’application des normes de froid qui engendrent parfois la perte de quantités importantes de produits stockés.
A. R.