En Algérie, la chaîne de valeur (CDV) de la datte occupe une place stratégique dans l’agroéconomie nationale et surtout, saharienne (stabilisation des populations, viabilisation d’un espace aride, gisements d’emplois, production de subsistance et de revenus, économie de devises et richesse phytogénétique).
Par Akrem R.
En effet, cette chaine compte de nombreux intervenants, aux différents niveaux (micro-méso et macro). Au niveau microéconomique on distingue les producteurs, des collecteurs informels et un nombre limité d’entreprises de conditionnement-exportation.
Ainsi, et selon un rapport de mission programme d’Appui au secteur agricole (PASA) au pôle sud : « Etude-analyse de la filière dattes dans la wilaya de Biskra (Sud-Est Algérien)», le mode de gouvernance de la chaine est marqué par des coordinations informelles et un nombre important de facilitateurs à efficacité limitée.
Les systèmes de production et de distribution traditionnels contrôlent l’essentiel de la chaîne. Globalement, les structures organisationnelles existent dans la forme, avec peu de dynamisme sur le terrain (faible capacité organisationnelle et faible adhésion).
Au niveau de la production, la filière souffre de la rareté de la main-d’œuvre qualifiée (grimpeurs), de contrainte hydrique (rabattement des nappes) et difficultés d’accès aux autorisations de forage (non disponibilité des titres de propriété reconnus par les autorités), d’insécurité foncière (changement de l’APFA par la concession, propriété contre location) et manque de marché et incitations pour adopter des normes et modes durables (Bio, IG, global GlobalG.A.P….). Sur le plan de collecte, la filière datte est prédominée par les acteurs informels, rendant difficile de connaitre la traçabilité de produit, non accès aux incitations, etc.) et faible maitrise de la chaine de froids. En outre, dans le domaine de conditionnement exportation, il est constaté une faible efficacité du système logistique national (lenteur et cherté des services); manque d’un système de traçabilité et taux d’infestation élevé de la datte et difficulté de ne pas accéder suffisamment aux devises générées par l’exportation.
La production se réalise sur une superficie de 168 855 ha (MADR, 2018), comptant 18 millions de palmiers et plus de 900 cultivars. La Deglet Nour est la variété dominante du patrimoine, elle offre 54 % de la production nationale. L’indication géographique (IG) « Datte Deglet Nour de Tolga » a été enregistrée sous le N° IG/1/544 du 25/01/2021.
La dynamique de la phœniciculture algérienne s’explique par l’engagement des acteurs (producteurs) et aux subventions de l’État, dans le cadre du Plan National de Développement Agricole et Rural (PNDAR), lancé au début des années 2000, via le Fonds National de Régulation et de Développement Agricole (FNRDA), qui a incité le développement du patrimoine phœnicicole, celui-ci est passé de 11,9 millions en 2000 à 18,93 millions de palmiers en 2018, soit un accroissement de 60% (dont 85% productif).
Depuis l’indépendance à nos jours, la superficie phœnicicole a quadruplé. Actuellement on compte 16,13 millions palmiers productifs, offrant un peu plus de 1,2 millions de tonnes de dattes, toutes variétés confondues (dont 54% de la variété Deglet Nour, 42% produite à Biskra).
La valorisation de la production exige une performance sur tous les maillons de la chaine (pour faciliter la commercialisation, l’exportation et le développement des industries agro-alimentaires). La production actuelle positionne l’Algérie comme 4ème producteur mondial avec 12,5% de la production mondiale en 2019. Les rendements des palmiers varient selon les régions, leurs variétés, le niveau d’entretien et les contraintes rencontrées.
En 2018, on a enregistré 68 kg/pied (65qx/ha) toutes variétés confondues, contre 41 Kg/pied (36 qx/ha) en 2004, ce qui indique une nette amélioration de 66 %. La wilaya de Biskra enregistre la meilleure performance en termes de rendement brut avec 100 kg/palmier (presque au même niveau du rendement international 28 qx/ha).
En termes de répartition géographique, la phœniciculture algérienne s’étend depuis la frontière marocaine à l’ouest jusqu’à la frontière tuniso-libyenne à l’est et depuis l’Atlas Saharien au nord jusqu’à Reggane (sud-ouest), Tamanrasset (centre) et Djanet (sud-est). La datte est produite dans 17 wilayas, et 09 bassins, à savoir : Les Ziban (Biskra), Le Souf (El-Oued), Oued-Righ (M’Ghaïr, Touggourt, entre El-Oued et Ouargla), M’Zab (Ghardaïa), Touat (Adrar), Gourrara (Timimoun), Tidikelt (In-Salah), Saoura (Béchar), Hoggar-Tassili (Tamanrasset, Djanet). Autres régions : de petites palmeraies au sud des Wilayas steppiques (Tébessa, Khenchela, Batna, Djelfa, Laghouat, M’Sila, Naâma, El-Bayedh). La majorité des palmeraies algériennes se situent au nord des wilayas sahariennes et dans le sud des wilayas steppiques. 75% de la datte est produite au Sud-Est du pays. 68% des superficies sont concentrées sur 04 wilayas du Sud-Est, à savoir Biskra, El oued, Ouargla et Ghardaïa. Seule la wilaya de Biskra s’accapare à 26 % de la superficie (43617 ha).
A R