La filière avicole constitue, après la céréaliculture et le lait, l’épine dorsale du complexe agroalimentaire algérien. Elle est largement dominée par l’aviculture moderne intensive, qui exploite des souches hybrides sélectionnées dans un système industriel. La production annuelle nationale du secteur avicole enregistre un volume considérable : plus de 253 000 tonnes de viandes blanches et près de 4,5 milliards d’œufs de consommation en 2011, selon les statistiques du ministère de l’Agriculture datant de 2012, avec une consommation moyenne de 15 kg par habitant et par an (ONAB, 2021).
Par Nadia B.
La viande de volaille est essentiellement celle du poulet de chair, qui représente 99,03 % de la production nationale. La production de viandes blanches a connu une évolution considérable en 2017, atteignant 5,3 millions de quintaux, contre 2,1 millions de quintaux en 2009, soit une augmentation de 153 %, selon le ministre de l’Agriculture et du Développement rural.
De plus, au cours des dix dernières années, la production avicole a enregistré une progression de 10,3 % dans la filière des viandes blanches et de 6,2 % pour les œufs destinés à la consommation.
Le développement de la filière avicole en Algérie a permis une augmentation sensible de la consommation de viande de poulet de chair. Celle-ci est passée de 0,82 kg/hab/an en 1972 à 9,18 kg/hab/an en 1986 (Bessa, 2019), puis à 9,70 kg/hab/an (FAO, 2005). Selon les estimations du ministère de l’Agriculture, un Algérien consomme en moyenne 12 kg de viandes blanches par an, constituées essentiellement de poulet et de dinde.
La demande est particulièrement forte pour la viande de poulet durant les fêtes religieuses (Mouharrem, Achoura, Mouloud et Aïd el-Fitr), et le mois de Ramadan est également marqué par une forte demande en viande, en particulier de poulet.
Les fêtes sociales de fin d’année (premier Moharrem, Yennayer, etc.) entraînent aussi des pics de la demande de viande de poulet.
Le marché national : Une irrégularité persistante
Malgré ce développement, le marché national reste irrégulier et les prix des produits avicoles connaissent des fluctuations constantes pour diverses raisons. Il convient de souligner plusieurs facteurs, tels que le désordre chronique dans le secteur, caractérisé par une mise en œuvre chaotique et un manque de coordination entre les éleveurs et les autres acteurs du secteur.
De plus, la désorganisation du secteur avicole à différents stades de la filière nécessite une meilleure prise en charge. L’absence de marchés spécialisés pour la distribution et la commercialisation de la viande blanche, ainsi que la généralisation des abattages clandestins dans des lieux non autorisés, représentent un réel danger pour la santé des consommateurs.
L’industrie avicole et les autorités compétentes doivent prendre ce problème au sérieux. Selon une étude réalisée par deux étudiants de l’Université d’Adrar sur la situation de la filière avicole de chair dans la région d’Adrar, les viandes blanches commercialisées dans les boucheries proviennent de deux sources différentes : soit des abattoirs, soit directement des éleveurs.
Les bouchers qui s’approvisionnent auprès des élevages achètent des poulets vivants et les envoient à l’abattoir, en payant des frais d’abattage qui étaient de l’ordre de 40-50 DA par tête lors de l’enquête.
Selon les résultats obtenus, «une grande partie des bouchers (86,67 % des cas) préfère se fournir directement auprès des abattoirs, tandis que seulement 13,33 % recourent aux éleveurs».
Cette préférence s’explique par les difficultés rencontrées pour acquérir les animaux vivants auprès des élevages. Le boucher se charge donc du transport et de l’abattage. L’abattoir offre à ces clients des services acceptables en termes de qualité et d’hygiène des poulets abattus.
Quant à la tarification, l’étude indique qu’elle n’est soumise à aucune réglementation locale ou ministérielle, mais que les prix suivent la loi de l’offre et de la demande.
«Le prix du poulet est régi par la loi de l’offre et de la demande. Seuls 22 % des consommateurs estiment que le prix du poulet sur le marché local est raisonnable, ce qui peut être justifié par le suivi attentif de cette tranche de consommateurs de la situation actuelle de la filière (prix des poussins et des aliments) ou par leurs revenus élevés. Cependant, la majorité des consommateurs (78 %) trouvent que le prix du poulet cette année est très élevé par rapport à la saison précédente et même par rapport aux prix pratiqués sur le marché informel, qui joue un rôle important dans la couverture des besoins d’une large tranche de consommateurs autour de la ville d’Adrar», souligne l’étude.
L’enquête confirme la nécessité de mettre en place des entreprises avicoles spécialisées, prenant en charge les différentes étapes de la production et de la commercialisation des viandes blanches.
En somme, le développement de la filière, en recourant à de nouvelles techniques d’élevage, s’impose de manière urgente afin de répondre à la forte demande du marché national, tout en stabilisant les prix.
N. B.