La décision de fermeture des 22 ports secs continue de susciter des réactions, notamment de la part des opérateurs économiques. Qualifiée de «décision souveraine », par le ministre des Finances Aymen Benabderrahmane, en affirmant que cette fermeture demeurera « jusqu’à ce qu’on revienne au fonctionnement normal et normatif de nos infrastructures portuaires », cette fermeture n’aura pas moins, sans doute, un impact sur les acteurs du commerce extérieur.
Akrem. R.
D’ailleurs, et selon le président de la Confédération algérienne du Patronat Citoyen (CAPC), Mohamed Sami Agli, les effets de cette mesure sont déjà visibles. Actuellement, les différents ports à travers le pays connaissent une pression et le flux de marchandises deviennent de plus en plus lents. Ceci pénalisera les importateurs et les coûts de séjours aux niveaux des terminaux portuaires deviennent également plus chers.
Déjà, avec la flambée des prix du fret maritime, passant de 3000 dollars pour un conteneur de 40 pieds à 12 000 dollars, les importateurs risquent de débourser plus, notamment avec surestaries. Ils sont évalués, rappelle-t-on, entre 17 USD et 22 USD par jour, selon les compagnies maritimes. En effet, le décomptage commence dès l’arrivée du navire en rade et ce, jusqu’à la restitution du conteneur. Cette somme est versée au Trésor en dinars, et ce dernier la reverse en devises à la compagnie maritime. En 2019, le coût des frais supplémentaires dus aux «surestaries» a représenté près de 9,7 milliards DA, «alors que les importations étaient faibles».
M. Agli a demandé, hier, aux autorités d’ouvrir à nouveau le dossier des ports secs, en engageant une étude réaliste par rapport à la situation que traverse le pays. Il a rappelé que des investissements colossaux avaient été déboursés par les chefs d’entreprises, dans la location d’espaces pour le transit de marchandises, l’acquisition de scander et la création de centaines d’emplois.
«Nous avons fait des propositions sur ce dossier là, et nous demandons aux autorités la nécessité d’accorder un délai pour ces entreprises afin de se conformer aux exigences fixées par la loi», a affirmé Sami Agli lors de son passage sur les ondes de radio «chaine II», tout en mettant en garde contre les effets néfastes sur l’économie nationale.
«Je saisis cette occasion pour tirer la sonnette d’alarme, puisque il faudra s’attendre à une catastrophe pour l’économie», a-t-affirmé. Le premier argentier du pays avait déclaré que notre pays dispose suffisamment d’infrastructures qui puissent répondre à la maîtrise des flux commerciaux de l’Algérie, et que la fermeture de certains ports secs n’aura aucun impact.
«Les ports secs, un organisme de contrebande !»
Selon la note du DG des Douanes, cette décision de fermer les 22 ports secs intervient suite au rapport de la commission nationale chargée de la vérification, de l’inspection et de l’audit des ports secs et en exécution des décisions des pouvoirs publics. Un avis que l’expert en investissement et en commerce Mohamed Sayoud a appuyé, affirmant que la «Issaba» a créé un organisme de contrebande afin de s’enrichir. Selon lui, les ports secs sont un secteur qui fait partie et encourage l’informel, la fausse déclaration, le transfert illicite de la devise via la surfacturation et la bureaucratie. « Toutes ces tracasseries des ports secs encouragent les phénomènes spéculatifs, bureaucratiques, enrichissement illicite et transfert de milliards pour les opérateurs maritimes étrangers avec complicité de la majorité de ceux qui détiennent ces ports secs. Ceci nuit au pouvoir d’achat du consommateur algérien». Indiquant que partout dans le monde un conteneur sort du port dans un délai de 1 à 3 jours sans la nécessité de ports secs, notre interlocuteur a mis l’accent sur l’obligation de stopper rapidement cette hémorragie qui épuise nos devises. Pour lui, la mise en service d’un guichet unique pour le contrôle des opérations du commerce extérieur permettra de réduire les délais du traitement de marchandises au niveau des ports. M. Sayoud a également préconisé de travailler sur les moyens de réduire le délai de séjour des navires dans les ports algériens. La modernisation et la numérisation de ces structures s’impose.
A.R.