Rien ne va plus dans le secteur du Bâtiment. La double crise sanito-financière a impacté lourdement les entreprises du BTBH ces deux dernières années (2020 à 2021). En effet, pas moins de 2500 entreprises ont déjà mis la clé sous le paillasson avec suppression de pas moins de 150 000 emplois ! Des chiffres qui font froid dans le dos, et qui appellent des mesures urgentes et courageuses pour la relance de ce secteur majeur pour la dynamisation de l’économie nationale.
Par Akrem R.
Sans cela, alerte le président de la l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Kheloufi, la situation risque de s’aggraver davantage. « Si la situation reste telle quelle, d’autres entreprises déclareront faillite et plus d’emplois vont être supprimés», a-t-il avertit lors d’une rencontre avec la presse. L’intervenant a interpellé le gouvernement sur cette situation inquiétante, en l’appelant à l’ouverture d’un véritable dialogue avec les différents partenaires afin de trouver des solutions idoines pour la relance de ce secteur. La relance ne sera pas, certes facile, dira-t-il d’emblée, mais elle est toujours possible. Dans ce cadre, Kheloufi a suggéré de lancer un plan de relance spécial pour les entreprises privées, comme l’ont fait d’ailleurs, les pouvoirs publics à l’adresse des entreprises publiques.
Ainsi, il a recommandé de décréter une amnistie générale pour toutes les entreprises du secteur du bâtiment, notamment. À ses yeux, cette mesure est l’unique solution pour arrêter, d’abord, cette hémorragie et ensuite accompagner les entreprises du BTBH en vue de la relance de leurs activités, (industrie de matériaux de construction, Transport et autres activités d’artisans).
Le conférencier a rappelé que les entrepreneurs qui avaient cru au plan de relance de l’ancien gouvernement de Abdelaziz Djerad, ont poursuivi leurs investissements, en procédant au stockage des matériaux de construction et le maintien des emplois. Mais, déplore-t-il, ce gouvernement n’a rien fait pour le sauvetage de ce secteur. « Nous sommes toujours en crise. Tous les Algériens sont appelés à travailler en synergie afin de trouver des solutions rapides, efficaces et réalistes. Beaucoup de lois ont été révisées en 2020, mais elles sont restées noir sur blanc. Nous avons besoin de lois applicables sur le terrain, notamment, au niveau local», a-t-il souligné, en réitérant son appel pour le dialogue qui reste l’unique voie pour sortir de cette crise. « Je suis convaincu qu’avec un dialogue sincère on peut sortir de la crise des 2022 et la situation sera meilleure dès 2023», a affirmé Kheloufi, en faisant allusion à la montée des prix du pétrole et gaz sur le marché international. Cette hausse, indique-t-il, ne peut qu’être une bouée de sauvetage pour l’économie algérienne. Ainsi, l’intervenant a plaidé pour l’ouverture d’un débat sur le projet de Loi de finances 2022 au niveau du CNESE pour enrichissement, avant de le soumettre au Parlement. « La nouvelle composante de ce Conseil permettra de lancer un débat sérieux sur cette Loi de finances, en proposant des lois adaptées à la réalité économique du pays», a-t-il suggéré également.
Enfin, le président de L’ AGEA a interpelé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, sur la nécessité d’intervenir en personne, pour l’ouverture de quatre dossiers importants pour la relance de notre économie. Il s’agit, en effet, de la révision du code des marchés Publics, le code commerciale, la loi sur le travail en ouvrant un large débat sur la question et, enfin, le code de l’investissement. Ce dernier ne doit pas, indique-t-il, être élaboré par un seul ministère. « Nous appelons à l’association de tous les départements et autres organisations dans l’élaboration de ce code. Le ministère de l’Industrie qui n’arrivait pas à élaborer un seul cahier des charges, n’est pas en mesure de le faire seul», a-t-il précisé.
Mouloud Kheloufi: «Le partenariat privé-public n’est pas encore relancé»
Le président de la l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Kheloufi, a appelé à la mise en application du partenariat public-privé. Un document a été signé par le patronat et le gouvernement depuis plus deux ans, mais n’est pas encore en vigueur, déplore-t-il. « Cet accord est resté lettre morte», indique-t-il. « Nous; en tant que patronat, nous sommes favorables à ce genre de partenariat entre Algériens susceptibles de réduire le recours à la sous-traitance étrangère», a-t-il dit, en ajoutant que le secteur privé est complémentaire pour le public.
C’est à travers ce genre de partenariat qu’on pourra, désormais, participer à la formation et l’émergence de la micro-entreprise dans le domaine du bâtiment. « Les grandes entreprises dans le BTPH doivent impérativement, participer à l’accompagnement des petites entreprises, et ce, dans le but de promouvoir les activités de ce secteur». Questionné sur la hausse des prix des matériaux de construction, notamment le rond à béton, le président de l’AGEA l’a expliquée par la spéculation interne. Pour illustrer ses propos, il a rappelé le diktat de la société française « Lafarge» qui avait imposé des prix imaginaires sur le ciment, alors que notre pays à toutes les capacités pour satisfaire les besoins du marché local et exporter également des quantités importantes.
Appelé à commenter la dernière décision de certaines sociétés algériennes de geler les opérations d’import auprès de 500 sociétés françaises, Kheloufi a précisé que ces sociétés françaises ne rapportent rien à l’économie nationale. Au contraire, elles portent préjudice au Trésor public. Il a précisé également que ces entreprises françaises importent de la marchandise de Chine pour la vendre, ensuite, à l’Algérie comme étant une marchandise européenne…
A. R.