Face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales : Quelle stratégie pour les pays producteurs de pétrole OPEP+ et du cartel du gaz- FPEG ?

Abderrahmane Mebtoul

Par Abderrahmane Mebtoul

2-Concernant le gaz naturel, le FPEG est constitué de 11 pays membres) : 5 en Afrique (Algérie, Égypte, Guinée équatoriale, Libye, Nigéria) ; 2 au Moyen Orient (Iran, Qatar) ; 3 en Amérique du Sud (Bolivie, Trinité-et-Tobago, Venezuela) et en Europe , la Russie.

Ce forum réunit ainsi des pays détenant plus de 70% des réserves prouvées dans le monde dont les 3 principaux (Russie, Iran, Qatar)(2), les États-Unis, premier producteur mondial de gaz, ne faisant en revanche pas partie du FPEG et par ailleurs 7 pays non membres ont un statut d’observateur : l’Angola, l’Azerbaïdjan, les Émirats arabes unis, l’Irak, la Malaisie, la Norvège et le Pérou.

Lors du 7e Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz, qui s’est tenu à Alger du 29 février au 2 mars 2024, le Sénégal a intégré l’organisation qui représente 70% des réserves mondiales de gaz prouvées, plus de 40 % de la production commercialisée, 47% des exportations par gazoducs et plus de la moitié de la commercialisation du GN.

La structuration du Mix énergétique mondiale au 1er janvier 2023 est composée du pétrole 32%, du gaz naturel 24%, du charbon 27%, du nucléaire 3%, du renouvelable 14%.

La part du gaz est appelée à évoluer entre 2030/2040/2050 avec une croissance du gaz qui représenterait plus de 30%, le pétrole 25% , le nucléaire 10%, l’hydraulique et les énergies renouvelables dans toute leur composante 35%.

Selon les données internationales entre 2035/2040/2050 environ 60 à 65% de la consommation mondiale d’énergie sera constituée de la combinaison du gaz naturel et des énergies renouvelables l’Énergie hydraulique, l’énergie éolienne, l’énergie solaire, la biomasse, la géothermie et le développement de l’hydrogène blanc, vert et bleu et ce dans le cadre de la transition énergétique afin de lutter contre les effets néfastes du réchauffement climatique, les nouvelles techniques devant favoriser un gaz plus propre.

Nous avons, par ordre décroissant pour les réserves de gaz prouvées 2023 selon le site «connaissance -Energie » la Russie 37400 milliards e mètres cubes gazeux ; l’Iran 32100 ; le Qatar 24700 ; le Turkménistan 13600 ; les USA 12800 ; la Chine 8400 ; l’Arabie Saoudite 6000 ; les Emiraties5900 : le Nigeria 5500 ; l’Irak 3500, le Canada et l’Algérie 2400, mais possédant le troisième réservoir mondial de gaz de schiste ave près de 20.000 milliards de mètres cubes gazeux.

Les réserves gazières sont très largement concentrées dans les pays du Proche-Orient (40%) et en Europe (33%), dont 23% pour la seule Russie.

La demande mondiale de gaz devrait augmenter de façon constante dans les 20 prochaines années, dans un contexte de réserves abondantes et d’une utilisation accrue du gaz pour produire de l’énergie, une hausse d’au moins 2% par an, pendant plusieurs décennies, ce qui devrait porter cette demande à 4500 milliards de mètres cubes de gaz par an d’ici à 2030 contre 3861 en 2020 et 4036 en 2021 et 4050 entre 2022 et 2023 et pour l’ensemble de l’année 2024, la demande mondiale de gaz devrait croître de 2,5%, soit un peu plus de 100 milliards de mètres cube.

Pour la production au niveau mondial en 2022, nous avons par ordre décroissant : USA 21 027 milliards de mètres cubes gazeux, la Russie 699, l’Iran 244, la Chine 219, le Canada 205, le Qatar 170, l’Australie 162, la Norvège 128, l’Arabie saoudite 105, l’Algérie 102, mais possédant la troisième réserve mondiale de gaz de schiste environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, la Malaisie 76 et l’Egypte 68.

Pour le GNL, nous avons la structure suivante au 1er janvier 2023 : USA 40,2% ; Russie 13,2% ; Qatar 13,1% ; Algérie 6,7% ; Norvège 6,6%. À fin 2023, nous avons la structure suivante de l’approvisionnement du marché européen par canalisation : Norvège 54%, Algérie 19% Russie à 17% contre 45% avant les évènements de l’Ukraine, l’Algérie couvrant près de 40% de la consommation italienne et étant devenue pour l’Espagne, fin 2023 le premier client avant les USA et la Russie.

Qu’en est-il pour l’Afrique ? Les nouvelles réserves de gaz naturel en phase de pré-production en Afrique se trouvent dans des pays qui jusqu’ici n’exploitent pas les combustibles fossiles , Plus généralement, nous avons le Mozambique abritant 44,9% des réserves prouvées, le Sénégal (15,1%), la Mauritanie (11,2%) et la Tanzanie (10%), l’Afrique du Sud (1,9%), l’Éthiopie (0,8%) et devant inclure la Guinée équatoriale.

Récemment, nous avons situé à 115 km des côtes mauritano sénégalaises un des plus grand champ gazier en Afrique, sa découverte ayant été annoncée en avril 2015, avec des réserves d’environ 25 000 milliards de pieds cubes, et 630 millions de barils de pétrole , les ministres mauritanien et sénégalais du Pétrole prévoyant un démarrage de production au troisième trimestre 2024, la phase 1 du projet GTA devant produire environ 2,5 millions de tonnes de GNL par an, pendant plus de 20 ans destinés à la consommation intérieure et à l’exportation, ce qui devrait procurer des recettes importantes en devises, qui bien utilisées dynamiserait l’économie de ces deux pays.

Les réserves cumulées de ces pays d’Afrique sont évaluées à plus de 5200 milliards de mètres cubes gazeux et si les 79 projets en phase de pré-production répertoriés en Afrique sont réalisés, la production gazière du continent augmentera d’environ 33% d’ici 2030.

La carte gazière de l’Afrique devrait se modifier progressivement avec les nouveaux entrants sur le marché du gaz naturel les anciens producteurs cités qui avaient accaparé 92% de la production du continent entre 1970 et 2022, les futurs hubs gaziers africains représenteront plus de 50% de la production gazière du continent entre 2030/2035.

Les dépenses d’investissement dans les terminaux de GNL programmés sont estimées à environ 103 milliards de dollars, dont 92 % financeraient les terminaux d’exportation de GNL et les cinq principaux pays africains qui développeront des terminaux d’exportation sont la Tanzanie, le Mozambique, le Nigéria, la Mauritanie et le Sénégal.

En conclusion, au rythme de la consommation actuelle, pour les ressources identifiées, et selon l’hypothèse d’un non changement du modèle de consommation énergétique mondial, les réserves le pétrole va arriver à épuisement d’ici 54 ans le gaz d’ici à 63 ans, le charbon d’ici à 112 ans et l’uranium d’ici à 100 ans- Cependant , il faut être réaliste, le mix énergétique au niveau mondial est amené à évoluer et le gaz naturel, comme les autres énergies «historiques», sera amené à cohabiter avec des énergies renouvelables l’objectif étant d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 nécessitant selon le consultant américain BCG 27000 milliards de dollars, incluant l’efficacité énergétique touchant tous les secteurs, le renouveau des réseaux électriques, le stockage de l’énergie, les carburants alternatifs, les matériaux pour bâtiments verts Et les technologies de stockage du CO2 – Globalement, les futures décisions et l’évolution des prix du pétrole dépendront fortement des bouleversements géostratégiques, du niveau des réserves rentables, des perspectives de la croissance de l’économie mondiale et à moyen et long terme des politiques menés dans le cadre de la transition énergétique.

A. M.

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