La mise en place du nouveau mode du financement économique s’impose. Le Trésor public n’est plus en mesure de répondre aux besoins du développement économique du pays. Les banques algériennes, notamment ceux du secteur public, font face à une crise de liquidité sans précédent, et le financement bancaire pour l’investissement devient de plus en plus rare.
Par Akrem R
Les chefs d’entreprises trouvent d’énormes difficultés dans le financement de leurs projets d’investissement. Face à cette situation, les pouvoirs publics et par le biais de la Banque d’Algérie, ont lancé un programme de refinancement de 2100 milliards de DA, soit près 15,5 milliards de dollars pour dynamiser l’investissement en Algérie.
Toutefois, en dépit de ces efforts, la diversification du financement à travers l’ouverture du marché financier aux capitaux privés domestiques et internationaux, reste le meilleur moyen pour le développement économique du pays.
Le marché algérien de dette n’est pas liquide
Ceci nécessite des réformes bancaires et financières profondes. Puisque, dira l’expert financier Yacine Bouhara, même s’il est évident qu’on doit développer le marché du capital, la structure de notre marché ne le permet pas. Notre système financier est toujours à la traine. Le cash reste dominant dans les différentes transactions commerciales et économiques. D’ailleurs, certains chefs d’entreprises recourent, d’une manière illicite, au marché informel pour le financement de leurs projets, sans passer par le circuit bancaire.
Un gros travail doit être consenti sur l’aspect de l’épargne bancaire, à travers la diversification des offres incitatives pour les ménages et le développement des assurances pour éponger l’argent circulant dans la sphère informelle et l’injecter, ensuite, dans le financement des projets économiques, a précisé Bouhara qui s’exprimait, hier, lors de son intervention à une rencontre organisée par le CNESE sur la thématique : «Financement de l’économie : la mobilisation des capitaux privés pour des investissements utiles». L’intervenant a, en outre, déploré que dans notre pays, «le marché algérien de dette n’est pas liquide. Il existe au niveau bancaire et bilatéral, mais nous n’avons pas une structure pour activer le marché de dette. Nous n’avons ni un marché de dette structuré liquide à court terme (0 à 10 ans) et nous n’avons ni un marché structurel de long terme (0 à 30 ans)», a-t-il déploré. La solution, dira-t-il d’emblée, c’est de libérer ce marché de dette. D’ailleurs, ajoute-il, « on ne peut pas rendre notre monnaie convertible sans un marché de dette domestique». L’autre marché à développer, c’est celui du foncier. En effet, le capital foncier est l’une des grandes sources du financement.
Entre 300 à 400 milliards de dollars de dette hypothécaire
En effet, l’Etat est appelé à se libérer obligatoirement de son rôle de propriétaire du foncier en créant, carrément, un marché du foncier. Selon le même intervenant, ce marché en Algérie est estimé entre 300 à 400 milliards de dollars de dette hypothécaire. Ce dernier permettra de créer tout une activité financière, bancaire et structurelle, garantissant la diversification du financement de l’économie nationale.
Le développement de ce marché nécessite la création de fonds de pensions, la privatisation des fonds pensions et la libération des initiatives pour les banques afin d’accompagner les PME, en laissant les grandes entreprises se financer par les fonds d’investissement et les institutions étrangères. S’agissant du marché boursier, l’expert financier a préconisé l’introduction des groupes publics non stratégique dans le marché, à travers l’ouverture du capital des ces entreprises.
Améliorer la visibilité de l’Algérie à l’international
Pour sa part, l’expert financier international, Malek Ferouane a préconisé aux pouvoirs publics de s’ouvrir davantage sur le privé qui est pourvoyeur d’investissement, de repenser nos relations avec les fonds d’investissements internationaux. Sur ce point, l’intervenant a fait savoir que l’Algérie est peut visible sur la scène internationale. « Nous devons faire beaucoup de travail dans ce domaine en activant notre diplomatie économique. On doit absolument prendre attache avec les institutions économiques mondiales, notamment, les agences spécialisées dans le monde des affaires afin d’améliorer notre image à l’étranger», a-t-il souligné. A cela s’ajoute l’importance de la stabilité de l’environnement des affaires, la confiance qui est un élément essentiel dans la perception des IDE et financements et enfin être audacieux. « Nous devons tout simplement penser grand. Actuellement, l’Algérien est timide. Il faut changer les choses afin de revoir l’image de l’Algérie à l’extérieur», conclut-il.
A.R.