Face à la flambée des prix des viandes rouges ayant atteint un niveau record, l’Algérie s’oriente résolument vers l’importation. Un délai d’un mois a été fixé aux professionnels et producteurs locaux pour la révision à la baisse des prix actuels, (dont le kilogramme de viande de mouton et d’agneau oscille entre 1700 DA et 2000 DA !), sans quoi le marché sera inondé par l’importation de quantités importantes de viande fraiche.
Par Akrem R.
D’ailleurs, la société Algérienne des viandes rouges (ALVIAR) a pris toutes les dispositions nécessaires pour le début des opérations d’importations à partir de la mi-janvier 2023. L’annonce a été faite, hier, par le directeur général de l’ALVIAR, Lamine Derradji, lors de son passage à une émission d’Echourouk News. Aux yeux des observateurs, c’est le seul moyen pour stopper cette frénésie des prix sur un marché désorganisé, dont les spéculateurs imposent leur diktat.
En réalité, les coûts de revient pour la production d’un kilo de viande rouge d’agneau, ne dépasse pas les 1000 DA, indique le DG d’Alviar. Pour lui, le prix sur le marché de détail ne devrait pas dépasser des 1400 et 1500 DA le kg au maximum.
En effet, à travers le retour à l’importation, le gouvernement veut en finir avec cette «anarchie» en déclarant, ouvertement, la guerre aux spéculateurs qui sont derrière l’échec de la convention triangulaire, regroupant les éleveurs, les abattoirs et les producteurs d’aliment de bétail. Cette dernière avait très bien fonctionnée, durant ses début, dira Derradji, avant que l’opération ne s’arrête brutalement. Les spéculateurs avaient procédé à l’augmentation des prix sur le marché des bestiaux.
Suite à cela, les éleveurs préfèrent vendre leurs moutons et cheptel sur le marché et non aux abattoirs, explique-t-il. Toutefois, explique l’intervenant, cette situation est de mauvaise augure pour les éleveurs et les commerçants. La hausse des prix a impacté négativement la consommation de la viande rouge qui se trouve à ses plus bas niveaux.
Le cahier des charges est fin prêt
« Nous espérons que le marché retrouvera son équilibre grâce aux opérations d’importations que nous allons lancer dès janvier. D’ailleurs, la viande fraiche hallal sera proposée à 1200 DA/kg. Le cahier des charges est fin prêt et nous sommes en pourparlers avancés avec des pays, avec lesquels nous disposons d’accords de santé vétérinaire (DSV), souligne-t-il, en faisant savoir que cette viande importée sera commercialisée dans un circuit bien défini et contrôlé. Il y a, d’abord, les points de vente de l’Alviar, mais aussi, Onab et les grandes surfaces. Des accords seront signés avec des opérateurs privés pour la commercialisation de la viande fraiche importée pour un prix fixé à 1200 DA/kg. « Nous avons opté pour cette organisation afin d’éviter les pratiques de spéculation et de fraude. Certains peuvant la proposer comme étant une viande locale», précise-t-il.
Pour l’intervenant, le gouvernement et le ministère du l’Agriculture ont fait de leur mieux afin de protéger la production locale, en gelant l’importation et l’augmentation des quantités de son pour l’engraissement des moutons, en les faisant passer de 300 à 600 gr/j/tête et à un prix subventionné. Mais, déplore-t-il, tout cela n’a pas contribué à l’objectif escompté, à savoir, la stabilisation du marché et des prix.
L’opération de recensement du cheptel se poursuit
Outre le retour à l’importation de la viande fraiche, une vaste opération de recensement des éleveurs et du cheptel est en cours d’exécution. Une fois achevée, les pouvoirs publics auront plus de visibilité sur la filière et sur les besoins du marché national en viande rouge. Ceci nous permettra de mettre en place une stratégie nouvelle pour la réorganisation de la filière et la maitrise des coûts. « Une fois que le marché retrouvera sa stabilité, les éleveurs adhéreront à la convention triangulaire qui est une solution globale pour la filière viande rouge en Algérie», estime-t-il.
Il est à rappeler qu’avant l’arrêt de l’importation, le prix de la viande était entre 1150 da à 1250 DA pendant 10 ans depuis 2011 à 2021. La décision de gel des importations décidée le 4ème trimestre 2020, a permis à l’Algérie d’économiser plus de 200 millions de dollars par an ! Ce sont autant de parts de marché importantes qui ont été accordées aux producteurs locaux. Cette mesure protectionniste devait participer au développement de la filière en amont et en aval et non pas être un moyen pour la création de situations de «monopole» et la prise en otage du consommateur.
Sur ce point, le Premier ministre, M. Aïmene Benabderrahmane avait déclaré qu’il était temps d’introduire une nouvelle approche dans la gestion de ces deux filières qui bénéficient d’un fort soutien de la part de l’Etat, mais dont nous ne percevons pas les retombées sur le terrain. Il est inconcevable, poursuit-il, que «les prix de la viande rouge atteignent les 2000 Da alors qu’ils ne devraient pas dépasser les 1200 Da, compte tenu du soutien apporté par l’Etat à cette filière», d’où l’impératif de revoir l’approche adoptée actuellement dans la gestion de ce segment.
A. R.