La préservation du pouvoir d’achat des ménages en ligne de mire. Une vaste opération de contrôle et d’inspection a été lancée hier par le ministère du Commerce. Des brigades de contrôle ont été mobilisées à cet effet, à travers le territoire national.
Par Akrem R.
Ces jours-ci, plusieurs produits alimentaires connaissent une flambée sans précédent, notamment l’eau minérale et les légumes secs. À titre d’exemple, un fardeau d’eau de 6 bouteilles de 1,5 litres est cédé à 240 DA, soit 40 DA la bouteille, alors que son prix réel ne devrait pas dépasser les 25 DA ! Cette augmentation est, par conséquent, déclarée illégale et injustifiée. Pire encore, chez les détaillants, une bouteille d’eau fraiche est cédée à 50 DA !
Même chose pour les légumes secs. Les prix de ces produits, très prisés par les Algériens durant l’année, ont atteint des pics. Un kilogramme de lentilles est cédé à 400 DA, le riz à 300 DA, les haricots à 350 DA, Pois-chiches à 300 DA, les petis- pois à 300 DA!
Ces infractions ont été relevées, hier, à Alger par les agents de contrôle et de répression contre la fraude au niveau du marché de gros des produits alimentaires de Smar (Alger). Ce dernier, rappelle-t-on, est considéré en tant que « bourse » des produits alimentaire en Algérie. Ceci nous donne donc un aperçu général sur les prix de ces produits à travers le pays.
Lors de cette visite d’inspection inopinée, les agents de contrôle ont relevé plusieurs infractions au niveau de ces commerces, à leur tête, la non facturation. La plupart des commerçants ne disposent pas de factures d’achat. Ceci est considéré comme une infraction majeure, puisque l’opération de contrôle des prix devient très difficile. Il est pratiquement impossible, en effet, d’avoir une traçabilité des prix de ces produits alimentaires, a déploré l’inspectrice régionale du Commerce, Mme Belkaldour.
Dans une déclaration à la presse, en marge de cette visite d’inspection, la représentante du ministère du Commerce a indiqué que la non facturation est devenue un phénomène nationale, en précisant que des sanctions sévères seront prises. Le commerçant en question risque d’être poursuivi en justice, la saisie de la marchandise non facturée, la fermeture du magasin pour une durée de 60 jours et, probablement, l’application de la loi contre la spéculation illicite.
Le marché bien approvisionné
Appelant les commerçants à la raison, en s’éloignant de ce genre de comportements, la même responsable a déploré que certains profitent de cette saison de grande chaleur pour augmenter les prix de l’eau minérale. Selon elle, rien n’explique ces hausses de prix.
«Le marché est bien approvisionné et aucune pénurie n’a été enregistrée à travers le pays. Donc, ces hausses des prix, on les concédère comme étant des actes de spéculation. Nous avons constaté que tous les grossistes au niveau de la région d’Hussein Dey (Alger) ne possèdent pas de factures. C’est inadmissible et la loi sera appliquée dans toute sa rigueur», détaille-t-elle.
Le président de l’Association des producteurs Algériens de boissons (APAB) , ) Ali Hamani, avait déclaré avant-hier à la presse, que les unités de productions de boissons (eau, jus et eau gazeuse) ainsi que le marché sont bien approvisionnés, tout en assurant que les prix usine n’ont pas augmenté. Il a pointé du doigt les intermédiaires qui sont à l’origine de cette hausse de prix. La solution pour lui passe la réorganisation de la chaine de distribution et le renforcement du contrôle au niveau des magasins par les services du Commerce.
Le monopole de marchandises, un phénomène à combattre
L’autre infraction sur le terrain, est le monopole exercé par certains grossistes sur les légumes secs. Des quantités importantes sont stockées au niveau de ces commerces. Des petites quantités sont proposées à la vente. C’est ce qui explique, d’ailleurs, cette flambée des prix des légumes secs.
Il est à noter sur ce point que l’Etat a accordé l’exclusivité de l’importation des légumes secs et des céréales à l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OACI). Une note de l’ABEF de a été adressée aux dirigeants des banques et organismes financiers. L’ABEF répercute l’instruction n° 430 du ministère du Commerce et de la Promotion de l’exportation, datée du 9 février 2023, laquelle porte sur l’interdiction de l’importation des légumes secs et du riz par des opérateurs économiques, que ce soit « pour une revente en l’état ou usage propre ».
La mesure vise à protéger le pouvoir d’achat, en approvisionnant le marché national en ces denrées alimentaires de grande consommation à des prix plus bas que ceux en vigueur jusqu’alors. Toutefois, et en dépit de cette nouvelle organisation, les prix des légumes secs connaissent une flambée au grand dam des ménages. C’est pour cela que les services du commerce multiplient leurs sorties sur le terrain afin de faire face à ces pratiques «illégales». «La préservation du pouvoir d’achat des ménages est notre première préoccupation. Les légumes secs, le lait, l’eau sont une ligne rouge à ne pas franchir», dira la même inspectrice régionale du commerce.
Il est signaler que suite à cette opération d’inspection, plusieurs commençants ont procédé à la fermeture de leurs magasins. Une pratique récurrente chez les commerçants: dès qu’ils suspectent la présence de contrôleurs, les commerces restent fermés. Des procès verbaux ont été établis par les agents de contrôle avec proposition de fermeture du magasin pour une durée de 60 jours. En somme, un grand travail reste encore à faire en matière de moralisation de l’activité commerciale. Ainsi, l’implication du citoyen dans la lutte contre les pratiques spéculatives, notamment, devient plus que nécessaire. C’est le premier acteur en mesure de réguler le marché, en adaptant son comportement d’achat. Des experts, rappelle-t-on, ont plaidé pour le développement de la grande distribution et la numérisation des différentes opérations, pour en finir avec les cas de monopole et de spéculation.
A. R.
