Rencontré, hier, en marge de la visite qu’il effectuée au siège de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), Fabrice Le Saché, Porte-Parole et Vice-Président du MEDEF (France), a bien voulu répondre à nos questions pour expliquer la démarche, tant de l’organisation qu’il représente, que de son pays la France, dont la première ministre, Elisabeth Borne, effectue, depuis avant-hier une visite en Algérie. Dans cet entretien, M. Le Saché s’est montré optimiste et n’a pas caché sa volonté à aller encore de l’avant, à travers son organisation, pour impulser une dynamique d’échanges entre les investisseurs des deux pays, dont il dit qu’ils sont liés, et que la coopération économique entre eux, est mutuellement bénéfique.
Entretien réalisé par
Lyazid Khaber
Eco Times : Plusieurs réformes ont été opérées ces derniers mois en Algérie, à commencer par celle du Code des investissements qui offre désormais, plusieurs possibilités aux investisseurs étrangers. Comment appréciez-vous ces réformes, et de quelle manière comptez- vous vous engager dans cette dynamique en Algérie ?
Fabrice Le Saché : Nous accueillons positivement le fait qu’il y ait un agenda de réformes positives qui soient engagées en Algérie, et nous apprécions cette nouvelle Algérie, tout en étant heureux, d’abord pour les entreprises algériennes elles-mêmes, et pour toutes les entreprises qui souhaiteraient investir dans ce pays, et pas simplement les entreprises françaises.
Après, et parlant du Code des investissements, il faut dire que ce n’est pas cela qui fait les affaires. Certes que c’est mieux lorsqu’il est positif, puisqu’il constitue le cadre, mais, après, il faut qu’il y ait des investissements nécessaires, notamment en matière de logistique, les financements, les marchés qui permettent bien des débouchés.
Au fait, pour un chef d’entreprise, il n’y a pas que la fiscalité qui fixe les règles, mais c’est aussi le business lui-même. Ceci dit, si nous considérons que le Code de l’investissement ne suffit pas à lui seul, il faut dire que c’est déjà un signe favorable qui encourage et qui, évidemment, va faciliter bien la tâche aux investisseurs désireux de venir s’installer en Algérie.
Indépendamment des pourparlers en haut lieu, lesquels ont eu lieu lors de la dernière visite du Président français en Algérie, et hier, lors de de la 5ème session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN) algéro-français, couronnée par la signature de plusieurs accords de partenariat, il faudra rappeler que la présence des entreprises françaises en Algérie est plus axée sur les PMI/PME. Sur ce, et vu le nombre incommensurable des secteurs d’activités attractifs, quelles en sont pour vous, en tant que représentant du patronat français, les priorités ?
Nos priorités sont celles de l’Algérie. Car, en fait, lorsqu’on est chef d’entreprise, on écoute son client, et dans ce cas c’est l’Algérie. Donc, les priorités du gouvernement algérien et de la population algérienne, sont les nôtres. Je peux en ce sens citer plusieurs secteurs, sans que je sois exhaustif. Il y a, à titre d’exemple, l’agriculture pour assurer une autonomie et une indépendance alimentaire, les énergies renouvelables, pour avoir une énergie décarbonée et pouvoir ainsi exporter ; l’industrie, pour créer des emplois et être autosuffisant et ne pas être simplement un débouché ou un comptoir commercial. Les Algériens n’en veulent plus. Ils veulent des gens qui investissent chez eux, ce qui est normal et légitime.
Nous investissons une relation d’égal à égal, et nous sommes disposés à apporter notre aide, notamment aux start-ups et aux petites et moyennes entreprises. Ce qui est important c’est d’aider à créer la richesse privée et donner une perspective à la jeunesse. Il s’agit là d’assurer un accompagnement, notamment en matière de formation professionnelle, avoir de la colocalisation et travailler ensemble en Afrique aussi.
Justement, d’après-vous, quels sont les atouts du marché algérien que vous considérez comme étant en mesure d’attirer davantage d’investisseurs français ?
En termes d’attractivité, il faut dire qu’il y a beaucoup d’atouts que nous ne pouvons énumérer en si peu de temps, mais si on se contente d’en citer quelques-uns, on pourra dire que c’est déjà un marché qui a de l’énergie seize fois moins chère qu’en France, donc c’est extrêmement important quand vous avez une industrie énergivore. Il y a également l’accès au foncier industriel beaucoup plus simple qu’en Europe, et il y a une volonté politique de faire avancer les choses, et l’Algérie demeure un pays où il y a des gens qui ont beaucoup d’expérience dans les domaines économiques et industriels.
Donc, je peux dire que l’Algérie a tous les ingrédients pour être une success story. Et vu le fait que les Algériens sont armés de grandes volonté de réussite, il faut bien que nous, les français, nous soyons à leurs côtés, en leur apportant toute notre aide et notre savoir-faire, dans le cadre d’un échange mutuel d’expériences.
L’essentiel maintenant, à mon sens, c’est de jeter des ponts entre nous et de ne pas se tourner le dos. Car, comme l’Algérie a beaucoup d’intérêts avec l’Europe, la France peut être une base arrière dans ce continent ; la France a également besoin de l’Algérie en Afrique. C’est pourquoi, nous avons intérêts, en tant que français, à ce que l’Algérie réussisse. Et pour mieux assurer la pérennité de ces échanges, nous devons faciliter l’obtention des visas pour les hommes d’affaires algériens, car nous ne pouvons pas parler de liens économiques en l’absence d’une circulation fluide des personnes dans les deux sens.
L. K.