Le ministre des Mines a annoncé que la production nationale d’or ne dépasserait pas 58 kg en 2020, considérant cette production de «très faible» par rapport au stock national de ce précieux métal qui dépasse actuellement les 121 tonnes. Pour le ministre des Mines la moyenne de production d’or en Algérie est estimée à 60 kg/an, et relancer l’activité aurifère minière et artisanale dans le Grand Sud pour augmenter la production, serait d’un apport certain. Dans ce cadre, 36 contrats commerciaux ont été signés, entre l’Entreprise d’exploitation des mines d’or (ENOR) et des micro-entreprises pour l’achat des pépites d’or produites dans le cadre de l’ouverture du domaine d’exploitation minière artisanale de l’or au profit des jeunes des régions du Sud.
Par Réda Hadi
Globalement le ministère des Mines et ses agences ont accordé 178 permis d’exploiter des périmètres à de petites entreprises créées avec l’aide des autorités publiques. Selon le ministre des Mines, le démarrage de cette exploitation artisanale devrait permettre de produire 250 kg d’or en 2021.
Suite à la signature des 36 derniers contrats commerciaux, certains observateurs n’ont pas manqué de laisser paraitre leur scepticisme, à l’instar de M. Haddad économiste, qui pense que l’apport attendu de l’exploitation artisanale ne peut en aucun cas, compenser l‘exploitation aurifère à grande échelle avec de grands moyens : «C’est une mesure sociale, puisque les rendements ne peuvent être que vivriers», a-t-il souligné.
Pourtant, au niveau du ministère des Mines, des cadres affirment que cette politique de soutien aux jeunes ne peut être que favorable, tant pour la situation sociale des exploitants, que pour l’économie locale, aussi.
Par ailleurs, des sources au ministère des Mines affirment que les exploitants agréés, auront tout «l’appui technique nécessaire», tel que le dinar symbolique pour les analyses, entre autres.
La création, donc, de coopératives inquiètent certains, alors que d’autres comme des associations écologistes, expriment leurs inquiétudes.
Les spécialistes expliquent aussi, que l’extraction de l’or demande énormément de moyens, sachant qu’un gisement considéré rentable est de 30 à 32 grammes d’or par tonne. « Quel peut être alors l’apport d’une extraction artisanale ? », s’interroge-t-on. Des écologistes, eux, de préciser aussi que l’extraction de l’or qu’elle soit artisanale ou industrielle, est à même de défigurer et transformer l’environnement immédiat des périmètres exploités, et que cela demanderait énormément d’eau dans une région qui souffre déjà d’un manque en la matière. L’or est recueilli impur et faut le traiter et le laver. Il faut savoir que l’extraction d’une once d’or à partir de minerais, peut entraîner 20 tonnes de déchets solides et une contamination importante au mercure et au cyanure.
Des observateurs font remarquer qu’au moment où l’Algérie met le cap sur la transition énergétique pour plus de neutralité carbone, qu’en sera-t-il alors de tous ces gaz d’échappement des véhicules nécessaires au transport et aux différents engins utilisés ?
D’un point de vue économique, les économistes estiment que c’est plus un effet d’annonce. Pour M. Haddad, «l’apport de l’extraction artisanale n’est pas d’une grande conséquence. Car en amont, on ne peut s’improviser extracteur d’or sur décision administrative. Il faut pour cela un minimum de compétence. Donc, une formation est nécessaire, et l’empirisme ne suffit pas. L’exploitant doit au minimum, savoir distinguer l’or de la pyrite, sans compter les investissements nécessaires»
En définitif, « l’extraction artisanale de l’or, n’est rentable qu’a très court terme» nous dit, pour sa part, M. Billel Aouali, expert économiste, rejoint en cela par M. Guellai Shems Eddine, docteur en géologie qui soutient «qu’une fois l’or de surface extrait, il faut creuser profondément pour en trouver. Pour cela, il faut de très gros moyens que l’industrie artisanale ne possède pas.
R. H.