Dans le cadre du processus de levée des contraintes aux acteurs du secteur agricole, deux nouvelles mesures phare viennent d’être prises, consistant en l’autorisation d’importation du matériel rénové et l’exemption des importateurs d’intrants de l’autorisation de l’Agence nationale de la promotion du commerce extérieur (Algex).
Par Mohamed Naïli
« Deux mesures phare viennent d’être prises au profit du monde agricole, la première est l’exemption d’enregistrement sur la plateforme d’Algex des importateurs d’intrants agricoles. Cette condition cause depuis son instauration d’immenses retards pour les agriculteurs par rapport au cycle biologique qui n’attend pas, parce que, par exemple, un producteur maraicher a besoin d’avoir la semence durant la période de plantation alors que ce document, depuis son instauration, retarde les opérations d’importation. Pour répondre à ce souci, les importateurs d’intrants viennent d’être exemptés de cette condition », a déclaré hier l’inspecteur général du ministère de l’Agriculture et du développement, Mohamed Lamini, à la chaine 3 de la radio nationale.
« La deuxième mesure est l’autorisation des agriculteurs à importer du matériel agricole rénové non produit en Algérie ». Une mesure à travers laquelle, estime M. Lamini, « les plus hautes autorités expriment l’intérêt qu’elles accordent aux filières stratégiques, comme la céréaliculture et les légumineuses ».
Revenant sur la campagne moisson-battage en cours, dont la récolte attendue est estimée à 22 millions de quintaux, pour une superficie totale emblavée de 2,9 millions d’hectares, le représentant du MADR dira qu’ « elle est prometteuse à plus d’un titre » et ce « en comparant la saison en cours aux années précédentes et à certains pays voisins ayant les mêmes spécificités que nous ». Comparée à la saison précédente, où la production n’a pas dépassé les 13 millions de quintaux, la récolte attendue cette année est appréciable. L’amélioration que connaissent les rendements cette année est favorisée, selon le représentant du ministère de tutelle, par « une pluviométrie qui a été là au moment opportun, à savoir au moment de l’éclosion ».
Pour la réussite de la campagne moisson-battage de cette année, « un nouveau système est mis en place, comprenant tous les moyens, que ce soit le matériel ou les intrants ». A cet égard, il citera « 11 000 moissonneuses-batteuses, un parc roulant important et des capacités de stockage dans les silos suffisantes ».
Des exploitations de 250 à 2 000 ha
Abordant le programme de développement des filières stratégiques dans le grand sud à travers l’ODAS (Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes), M. Lamini a fait savoir que 134 000 hectares sont mis en valeur à présent dans le cadre de ce programme. Ces superficies « ont été effectivement distribuées à des investisseurs sous forme de concessions, 97 projets sont déjà installés, 445 demandes sont en cours de traitement et de validation », avant de révéler que « 500 000 hectares sont en train d’être validés au niveau des walis et du bureau d’étude du ministère, le BNEDER ». Ces nouvelles superficies « seront validées et distribuées à compter du mois de septembre », et compte tenu du caractère industriel des cultures qui vont être développées dans le cadre du programme saharien, le SG du ministère de l’agriculture précisera que ces terres sont attribuées dans le but de créer des exploitations de grande taille allant de 250 à 2 000 hectares.
Au sujet des cultures oléagineuses qui constituent une priorité pour l’ODAS, M. Lamini dira qu’elles comprennent « le colza, le tournesol, le maïs et les arachides », tout en précisant que « la priorité pour cet office est toutefois la production céréalière, et ce, par rapport à la disponibilité des ressources hydriques souterraines et surtout par rapport à la spécificité des sols qui s’y prêtent ». Pour le maïs, les superficies cultivées sont passées en l’espace de trois ans de 97 ha seulement à plus de 11 000 ha, ce qui signifie une réussite des expériences menées en la matière, estime le SG du MADR.
Banque de gènes
Sur la lancinante question des semences, un domaine dans lequel l’agriculture algérienne demeure fortement dépendante des importations, faute de ressources génétiques locales, M. Lamini a fait état d’ « une banque de gènes que nous sommes en train de finaliser avec les instituts de recherche et les chercheurs algériens. Une opération prometteuse, parce que dans une année nous n’allons plus importer de semences de pomme de terre ».
En termes des résultats enregistrés par le secteur, M. Lamini fait savoir que les besoins en produits agricoles sont couverts à 75% par la production locale qui représente 25 milliards de dollars en valeur et une participation au PIB à hauteur de 13%. Pour les céréales, l’objectif du secteur est de réduire les importations de 10 millions de quintaux.
Par ailleurs, afin d’optimiser l’exploitation du potentiel agricole dans tous ces volets, un projet de création de micro entreprises dans l’agriculture vient de faire l’objet d’une réunion au niveau du gouvernement ce dimanche. Ce projet consiste à identifier les créneaux susceptibles d’accueillir de micro-investissements, comme les fermes pilotes, les abattoirs, avec des financements accordés par l’ANADE.
Pour le ministre délégué chargé de la micro entreprise, Nassim Diafat, ce projet permettra « la création de nouvelles activités économiques contribuant à la valorisation de la production agricole et animale dont dispose l’Algérie ».
M. N.