Exportations hors hydrocarbures : Les PME appelés à créer des consortiums

Exportations hors hydrocarbures : Les PME appelées à créer des consortiums

Les entreprises algériennes, dont la plupart sont de petites et moyennes tailles (PME), soit 90% du tissu industriel national, sont appelées à s’unir, en créant des clusters ou des consortiums pour aller à la conquête des parts du marché à l’international.

Par Akrem R.

Un moyen efficace qui a fait ses preuves dans de nombreux pays, à l’instar de la Chine, l’Italie, Espagne et le Brésil. En effet, à travers cette stratégie d’alliance entre plusieurs PME de la même filière, les exportations de l’Algérie seront pérennes sur les marchés cibles, a affirmé le consultant et expert en économie, Kamel Kheffache, lors d’un événement « Export Day» organisé par la chambre algérienne de Commerce et d’industrie (CACI), sous le thème : «L’export : environnement, stratégie et accès aux marchés étrangers», en marge du dernier jour de la 55ème édition de la Foire internationale d’Alger « FIA».

Selon l’intervenant « il est temps pour nos entreprises de passer à la création de consortiums et clusters pour s’installer durablement dans un tel marché et y gagner des parts». Pour illustrer ses propos, l’expert a rappelé qu’une PME n’a pas les moyens nécessaires pour aller en «solo» à la conquête d’un marché nouveau, où la concurrence est déjà «rude».

La réalisation d’une étude du marché par un groupe d’entreprises et l’achat groupés de matières premières permettra de réaliser des gains et améliorera la compétitivité des produits «made in bladi».

Kheffache a recommandé aux PME de procéder à des études de l’écosystème et de l’environnement, notamment en matière de sous-traitance, logistique, le stockage, la chaîne du froid.

Ces études permettront aux PME de s’inscrire dans des chaînes de valeurs nationales et internationales. En clair, ces alliances entre les PME exportatrices contribueront à la pérennisation des exportations d’un tel produit, tout en veillant sur la qualité, prix et disponibilité. Ce dernier ne peut être garanti qu’à travers ces clusters et consortiums.

De nombreuses sociétés ayant réussi à exporter n’arrivent pas, parfois, à répondre aux besoins de son client à l’étranger. Une situation qui risquerait de lui faire perdre carrément les parts de ce marché, faute d’incapacité de satisfaire à la demande.

La solution est de faire appel à d’autres PME activant dans la même filière pour produire à son compte. « On peut régler ce problème en faisant appel à un groupe de PME pour produire le même produit de même qualité et dans un délai requis. Un cahier des charges doit être élaboré pour produire un produit de qualité et à un prix compétitif», souligne-t-il.

Une recommandation que partage l’expert Hadi Djoumagh, appelant les PME algériennes à l’adoption de cette démarche de création de consortiums, même entre des concurrents au niveau local.

«On peut être des concurrents en interne, mais rien n’empêche de mutualiser les efforts à l’international. C’est comme cela que l’on pourra gagner la bataille de l’exportation», affirme-t-il.

Tirer profit des avantages comparatifs

En effet, via la mutualisation des capacités de production, en s’organisant en coopératives, le produit «made in algeria» gagnera en compétitivité (qualité, prix et disponibilité).

Ainsi, l’intervenant a appelé également les entreprises à tirer profit des avantages comparatifs, notamment les coûts de l’énergie, citant l’exemple du ciment. L’Algérie est passée d’un pays importateur à un pays exportateur grâce aux investissements consentis dans ce domaine de la cimenterie et également des coûts de l’énergie.

«On était un pays importateur en 2016 et 2017, mais maintenant on a réussi à mettre sur le marché international plus de 20 millions de tonnes de ciment. On a même devancé certains pays leaders dans ce domaine à l’instar de l’Egypte. À cause du problème de l’électricité, les cimenteries égyptiennes ont été contraintes de faire baisser leur production, contrairement à notre pays, où l’énergie est disponible», souligne Djoumagh.

Concernant la compétitivité, l’expert est catégorique : « Même si on avait cette capacité technique de produire des intrants, il est recommandé de voir s’il est profitable à l’entreprise ou pas. Nous devons toujours penser à faire des gains».

Intérêt particulier à la qualité et prix du produit

Le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun qui a effectué jeudi soir une visite à la Foire internationale d’Alger (FIA), il a exhorté les entreprises nationales publiques et privées participant à cet événement économique important, à préserver la qualité du produit et des prix.

Il a souligné «la nécessité de préserver la qualité des produits et des prix», et a donné des orientations aux différentes entreprises pour «intensifier et diversifier la production en relevant le taux d’intégration dans les différentes industries».

Dans le même sillage, le ministre a affirmé que les produits des projets d’investissement «doivent être orientés vers l’exportation, conformément aux instructions du président de la République».

Lors de cette rencontre, les participants ont mis l’accent sur la nécessité de veiller sur la qualité et surtout le respect des normes. Les entreprises exportatrices doivent adapter leurs productions et produits les besoins du marché cible, indiquent-ils, affirmant que les organes d’appui comme la CACI, Algex, Cagex et d’autres associations sont tous mobilisées pour relever le défi de la promotion des exportations hors hydrocarbures.

Un objectif ambitieux a été fixé par les pourvoir publics à horizon 2029. Il s’agit de la réalisation de 30 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures.

C’est un véritable challenge pour les entreprises notamment. L’Etat n’est qu’un accompagnateur dans l’acte d’export. Mais le grand travail incombe aux PME qui sont appelées à adapter leurs stratégies et outils de production afin de réussir dans cette nouvelle politique.

A. R.

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