La croissance économique de l’Algérie a été revue à la hausse pour se fixer, selon les nouvelles prévisions à 4, 1 %. Une croissance essentiellement tirée par les hydrocarbures. Nonobstant cela, l’Algérie s’est tracée un programme d’exportations hors hydrocarbures, qui semble donner quelques résultats assez probants, mais pas assez, cependant, pour être libérée de l’étau des énergies fossiles. Alors qu’elle dispose de potentialités à même de réaliser ces objectifs, la machine semble être enrayée. Tous les économistes algériens dénoncent une bureaucratie trop prégnante, paralysante au point où il a fallu l’intervention du ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, pour lever les contraintes qui entravent les exportations d’un de nos fleurons de l’industrie du ciment qu’est le Groupe Gica.
Par Réda Hadi
S’agissant de ce cas particulier, le ministre qui s’exprimait lors d’une réunion avec le Président directeur-général (P-DG) du Groupe Gica et les responsables de ses filiales, notamment les grandes usines à forte capacité de production, s’ent engagé pour «la prise en charge de toutes les difficultés entravant les exportations du Groupe industriel des ciments d’Algérie (GIGA) qui devront dépasser les 1 Mds Usd en 2022».
Face à cette situation, néanmoins, beaucoup craignent que les objectifs tracés ne soient pas atteints, et posent la question de ces entraves, quelles qu’elles soient. Si un de nos champion en temres d’exportations en vient à demander l’aide de l’Etat, qu’en est-il, alors, pour les moins importants, (PME/PMI)?
Pour Mohamed Sayoud, gérant du bureau d’investissements « Invest design Consulting », il est difficile de se défaire de l’emprise de la bureaucratie et du manque de moyens. « Le processus d’exportation hors hydrocarbures se heurte à plusieurs obstacles, notamment, en matière de logistique et de fret maritime. Pour exporter, nous devons avoir les moyens de le faire. On a trop tardé à développer notre logistique. La seule que nous possédons est dépassée et ne répond plus à nos besoins. De plus, l’Algérie manque de réactivité dans ses réponses. C‘est tout un processus administratif pour exporter» et d’ajouter: «Les contraintes sont trop nombreuses, à commencer par la lenteur marquant le traitement des dossiers et d’autres entraves bancaires, ainsi que le manque de coordination entre les départements ministériels en matière d’exportation de certains produits. Les services douaniers, aussi, devraient être moins rigides, et surtout, connaitre les lois qui ont été adoptées. Dans certains cas, le douanier attend une instruction qui ne vient pas, et retarde d’autant plus l’exportation. Une situation d’autant plus grave pour les marchandises périssables», conclut-il.
Les moyens de sa politique…
Un avis partagé par l’économiste, Nabil Djemaa, qui déplore, lui aussi, cette situation: « Voilà où nous en sommes arrivés. Il faut qu’un ministre intervienne pour pouvoir exporter, alors que c’est un acte anodin, dans d’autres pays. Si on avait commencé à mettre en place avant tout, les infrastructures de base, exporter aurait été un jeu d’enfant», et de préciser aussi: «On a tout raté. Comment voulez-vous exporter du surplus de production agricole, par exemple, alors que nous n’avons même pas un bureau de trading à l’étranger. Même nos banques n’ont pas de représentation à l’étranger. Nous ne sommes rapides que pour freiner. Il est impératif de trouver des solutions urgentes aux différents problèmes qui entravent, considérablement, l’accès des marchandises algériennes à l’international.»
Billel Aouali qui va dans le même sens, souligne qu’« une feuille de route a été élaborée avec les producteurs de ciment, dans le but de prendre en charge les préoccupations soulevées par les opérateurs économiques activant dans la production et l’exportation du ciment. Une feuille de route chargée de trouver des solutions aux différentes difficultés rencontrées par les exportateurs, notamment, en termes de logistique et les entraves relevées au niveau des ports, outre la problématique du transport terrestre vers les pays voisins, et le passage par les postes frontaliers. »
Sur la page officielle du ministère du Commerce, on peut y lire que les exportations de l’Algérie hors hydrocarbures ont enregistré une hausse de 64,56% durant les 4 premiers mois de 2021 par rapport à la même période de l’année écoulée, s’établissant à 1,14 milliards USD.
R. H.