Exportation d’électricité vers les pays d’Europe : Une opportunité en or pour l’Algérie

Exportation d’électricité vers les pays d’Europe

L’exportation de l’électricité est une autre opportunité pour l’Algérie en vue de la diversification de son économie et le renforcement de son positionnement dans la région en tant que leader énergétique. Des projets en partenariat sont, dans cette optique, en phase d’étude entre les groupes Sonelgaz, Sonatrach et l’italien Eni. En effet, une interconnexion par câbles sous-marin devrait relier les deux rives de la méditerranée. Des quantités importantes d’électricité seront donc mises sur le marché européen dont les besoins sont en forte augmentation.

Par Akrem R.

Selon les prévisions européennes, ses besoins varient entre 2400 Térawattheure et 2690 TW en 2030, avec une croissance de 1,8 et 2,9%.

Elle est portée principalement par le développement économique au niveau de la région, a indiqué Boukhalfa Yaïci, directeur général de Green Energy Cluster Algeria.

C’est, en effet, une opportunité en or qui se présente à l’Algérie pour consolider son statut de fournisseur énergétique fiable et incontournable des pays du Vieux continent.

«Il y aura un ensemble d’opportunités pour l’Algérie pour l’exportation de gaz et d’électricité, notamment verte, à destination d’un marché européen en plein essor», souligne-t-il dans une déclaration à la radio nationale, précisant que la concrétisation de cette interconnexion constituera un hub régional qui va pouvoir rayonner dans toute la région.

L’investissement massive dans les Energies renouvelables (EnR) devient de plus en plus nécessaire pour, à la fois, amorcer une transition énergétique conformément aux engagements environnementaux de l’Algérie et, également, répondre à la forte demande en électricité tant au niveau du marché interne qu’à l’international.

Un programme ambitieux est déjà lancé par les pouvoirs publics pour la production d’une première phase de 3000 MW, en attendant le lancement du reste du programme EnR des 15 000 MW à l’horizon 2030, dont le mix énergétique devrait représenter 40% d’électricité verte et la production de près de 40 GW, dont 75% solaire et 25 % éolienne.

Pour l’intervenant, «nous devons concilier nos objectifs avec les nouvelles décisions de l’UE qui se prépare à instaurer une taxe carbone aux frontières dès 2026 appliquée sur six produits, dont l’hydrogène et les fertilisants».

En clair, le développement des EnR par l’Algérie ne pourrait qu’être bénéfique pour l’économie nationale, lui permettant de faire des économies en matière de gaz naturel (près de 8 milliards m3/an).

La mise sur le marché international de ces quantités va renflouer les Caisses de l’Etat par de nouvelles sources financières nécessaires à la poursuite du développement économique du pays et le bien-être des citoyens.

L’effort consenti, jusque-là, par l’Etat est à saluer, affirme-t-il, indiquant que le travail doit se concentrer maintenant sur la production d’électricité verte à moindre coût.

C’est le seul moyen d’être compétitif sur le marché international. Le potentiel est très important, notamment au Sud du pays.

La réalisation d’une dorsale Nord-Sud va permettre le transport de l’énergie (électricité) et faciliter l’exportation d’électricité vers l’Europe.

Soulignant un changement de la perception de l’UE du continent africain, Boukhalfa Yaïci a estimé nécessaire de l’accompagner par des investissements.

« Comme l’UE a besoin de renforcer sa sécurité énergétique surtout suite à la guerre en Ukraine, notre pays a besoin de réduire les risques des marchés et la préservation de nos intérêts», affirme-t-il.

Le financement à international comme alternative

Questionné sur le financement des projets EnR, l’intervenant a rappelé que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné un coup d’accélérateur au programme des énergies renouvelables de 15 000 MW, en mobilisant les financements nécessaires pour la réalisation de 3000 MW.

Pour le reste du programme, il est recommandé d’ouvrir des discussions pour trouver de nouveaux modèles de financements alternatifs à celui du Trésor public.

L’ouverture au financement international est plus que nécessaire pour la poursuite des programmes EnR et la production d’électricité verte, massivement, et à un coût compétitif.

Nécessité d’une stratégie industrielle

Pour cela, il est important d’investir dans toute la chaîne de production de cette énergie. «Il faut créer un cadre garantissant la participation des acteurs économiques algériens et italiens pour générer de la valeur ajoutée en local et créer des emplois et surtout un grand marché de composants», précise l’intervenant, estimant important d’investir dans la production de panneaux photovoltaïques et ce, malgré la concurrence chinoise qui propose des panneaux à prix cassés.

C’est le seul moyen d’assurer la sécurité énergétique. «Les producteurs chinois sont en train de vendre des panneaux à perte. La production chinoise dépasse de loin les besoins mondiaux en EnR, mais cela n’empêche pas notre pays d’investir dans ce créneau afin d’assurer sa sécurité énergétique. La compétition, il ne faut pas la concevoir uniquement au niveau des prix mais, également du côté de la sécurité», plaide-t-il.

En somme, cette stratégie de transition énergétique doit être accompagnée par une stratégie industrielle intégrée.

Enfin, le directeur général de Green Energy Cluster Algeria a souligné l’impératif d’investir dans l’efficacité énergétique qui reste le seul moyen pour la maîtrise de la consommation locale qui augmente de 6% annuellement.

La production nationale en électricité actuellement est excédentaire, avoisinant les 26 GW, alors que la consommation nationale est de 10 GW, avec un pic de consommation en été (19,6 GW).

A. R.

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