Exploitation du gaz de schiste : Une opportunité non négligeable pour l’Algérie

L’Algérie dispose de la troisième plus grande réserve au monde de gaz de schiste, estimée à environ 20.000 milliards de mètres cubes. Ce gaz non conventionnel, retenu à grande profondeur dans les roches sédimentaires, représente une opportunité stratégique pour le pays, qui dépend fortement des revenus des hydrocarbures conventionnels. En effet, ces derniers assurent 35% du PIB et 60% des rentrées fiscales du pays, mais sont en déclin constant depuis plusieurs années.

Par Nadjib K.

Face à cette situation, le gouvernement algérien a décidé de recourir à l’exploitation du gaz de schiste, en lançant des programmes d’exploration dans le sud du pays, notamment près de la ville d’In Salah, en partenariat avec des entreprises étrangères comme Total ou Halliburton. Le président Abdelmadjid Tebboune a justifié cette décision par le fait que le pays gagnerait énormément sur le plan économique avec l’exploitation du schiste, qui pourrait fournir annuellement 20 milliards de mètres cubes de gaz. Pour rappel, lors d’une entrevue accordée aux médias en début de l’année 2020, le président Tebboune avait estimé que le gaz de schiste était «une nécessité», précisant que les expériences liées à l’exploitation de ce gaz seront évaluées «calmement», en impliquant les spécialistes.

«L’Algérie est considérée comme la deuxième ou troisième en réserves mondiales de gaz de schiste. Nous n’exportons pas de produits agricoles ni industriels…la porte est ouverte à l’exploitation de ce gaz et nous ouvrirons le débat avec les milieux influents», avait-il déclaré.

L’expertise étrangère à la rescousse

En effet, l’Algérie, qui dispose de l’un des plus grands potentiels de gaz de schiste au monde, a signé en novembre 2023 six nouveaux contrats pétroliers et gaziers avec des compagnies internationales, dont ExxonMobil, TotalEnergies et Eni. Ces contrats portent sur l’exploration et l’exploitation de gisements pétroliers et gaziers.

Ces contrats sont les premiers signés depuis la promulgation de la nouvelle loi sur les hydrocarbures en 2019, qui vise à rendre le secteur plus attractif pour les investisseurs étrangers, en offrant des conditions fiscales plus avantageuses et une plus grande flexibilité contractuelle. Même si rien n’a encore filtré sur une possible exploitation par ces partenaires internationaux, du gaz de schiste, plusieurs observateurs pensent que cela pourrait ouvrir la voie à une exploitation plus large des réserves de schiste de l’Algérie, qui sont estimées à 19.800 milliards de m3 selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) et à 22.000 milliards de m3 selon le Conseil mondial de l’énergie (WEC). Ces réserves représentent environ quatre fois les réserves de gaz conventionnel de l’Algérie, qui sont de 4.500 milliards de m3 selon l’EIA. 

En effet, en l’absence d’une annonce officielle en ce sens, personne ne peut prétendre aujourd’hui que l’Etat Algérien est résolument engagé dans cette voie, sachant que nous sommes encore à la phase exploration. Cependant, pour certains analystes, «il s’agit-là d’une opportunité que l’Algérie doit saisir, surtout que les techniques d’exploitation sont présentement très développées, et lèvent toutes les craintes sur d’éventuels impacts sur l’environnement».

Des retombées économiques considérables

Du point de vue économique, cette exploitation est une véritable opportunité, car, elle pourrait avoir des retombées économiques considérables pour le pays, qui dépend fortement des revenus des hydrocarbures. D’autre part, si l’exploitation du gaz de schiste pose de nombreux défis environnementaux, notamment la pollution des eaux souterraines et les émissions de gaz à effet de serre, des chercheurs travaillent sur des nouvelles techniques d’extraction plus respectueuses de l’environnement. Par exemple, la fracturation hydraulique, qui consiste à injecter de l’eau sous pression pour fracturer la roche et libérer le gaz, pourrait être remplacée par la fracturation pneumatique, qui utilise de l’air comprimé ou du dioxyde de carbone. Cette méthode permettrait de limiter la consommation d’eau et le risque de contamination des nappes phréatiques, notent les spécialistes. Une autre technique innovante est la pyrolyse in situ, qui consiste à chauffer la roche à haute température pour transformer le gaz de schiste en hydrogène et en charbon. Cette technique permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de produire de l’hydrogène, une énergie propre et renouvelable. 

Face à ces défis, l’Algérie pourra trouver dans le gaz de schiste une opportunité de diversifier ses sources d’énergie, de relancer sa production et ses exportations d’hydrocarbures, et de renforcer sa sécurité énergétique. Selon une étude du WEC, l’exploitation du gaz de schiste en Algérie pourrait générer jusqu’à 100 milliards de dollars de revenus d’exportation d’ici 2040. Cela contribuerait à réduire la dépendance de l’Algérie aux importations d’énergie et à renforcer sa position sur la scène énergétique mondiale.

Minimiser les impacts environnementaux

L’exploitation du gaz de schiste pourrait également avoir des effets positifs sur l’économie nationale, en termes d’investissements, de croissance et d’emplois. Ces investissements pourraient attirer des compagnies internationales, qui ont une expérience significative dans l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels. Ils pourraient également stimuler l’économie nationale, en créant de la valeur ajoutée et des emplois. Selon une étude de l’Université du Québec à Montréal, l’exploitation du gaz de schiste en Algérie pourrait créer jusqu’à 200.000 emplois directs et indirects.

Afin de minimiser les impacts environnementaux de l’exploitation du gaz de schiste, les autorités algériennes veillent à ce que les éventuelles opérations d’extraction soient menées dans le respect des normes environnementales internationales. 

N. K.

Quitter la version mobile