Par Lyazid Khaber
«Le gouvernement ayant pris la place de la providence, il est naturel que chacun l’invoque dans ses nécessités particulières. On lui reproche jusqu’à l’intempérie des saisons.»
Alexis de Tocqueville
Crise sanitaire, ramadhan, prix à la consommation, prise en charge des redevances de l’électricité et du gaz… sont autant de sujets qui reviennent à chaque fois dans les discussions, mais aussi dans le débat public, appelant régulièrement l’Etat à prendre en charge le déficit. N’ayant pas la culture du travail, dans un pays où même lorsqu’on n’a jamais connu le labeur journalier des huit heures, on peut facilement espérer devenir propriétaire d’un logement neuf, d’un tracteur agricole dont on ne sait que faire ou même d’un véhicule et d’une entreprise, rien que parce que l’Etat met la main à la poche. Si cela rappelle bien l’aphorisme, attribué à Léon Duguit, disant : «Je n’ai jamais déjeuné avec une personne morale», il ne manque pas de trouver toute sa réponse dans la réplique du professeur Jean-Claude Soyer qui répondait : «moi non plus, mais je l’ai souvent vu payer l’addition». Ainsi, donc, si cet échange entre ces deux sommités du droit, traduit remarquablement les difficultés de l’appréhension du concept de personne morale en droit français de l’époque, chez nous cette contradiction prend tout son sens. En fin de semaine dernière, plusieurs décisions prises renforcent encore cette prédisposition de l’Etat à continuer de puiser dans ses deniers. De l’achat de blé à coup de milliards, à la reconduction des mesures d’allégement de certaines dispositions prudentielles applicables aux banques et aux établissements financiers, en passant par les différentes mesures d’ordre social, qui ne feront que grever la bourse. Le problème, faut-il en convenir n’est pas pour autant dans le fait que l’Etat intervienne, lors de conjonctures spécifiques comme celle que nous vivons actuellement ; mais dans le fait que cela devient une pratique courante. Cette politique pourtant dénoncée depuis déjà plusieurs années, continue malheureusement de causer les dégâts qui font sa résultante, faute de ne porter de fruits. La raison est qu’elle ne répond à aucun objectif à long terme, si ce n’est que pour l’achat de la paix sociale qui s’avère très couteuse. Pis encore, cette politique ne permet ni de régler définitivement les problèmes posés, ni encore moins assurer une certaines égalité. Au contraire, et on l’a bien vu sur le terrain : la politique des subventions destinées à réduire l’impact des fluctuations sur le pouvoir d’achat des citoyens, n’a finalement servit qu’à engraisser des «affairistes» véreux qui, en un temps record, sont devenus de vrais magnats de l’agroalimentaire. Du côté des projets financés par l’Etat, comme le logement social, les infrastructures de tout genre, font que certaines régions, à leur tête la capitale, sont privilégiées par rapport à d’autres situées aux fins fonds du territoire. Ce sont, donc, toutes ces injustices qui doivent cesser, car le développement d’un pays repose d’abord sur la clairvoyance et le travail.
L. K.