En dépit des efforts déjà déployés par le gouvernement pour réduire le taux de chômage, beaucoup reste à faire. En effet, selon les derniers chiffres de l’Office national des statistiques (ONS) portant sur l’activité, l’emploi et le chômage en octobre 2024, la population en chômage est estimée à 1 759 000 personnes, soit un taux de 12,7 % au niveau national.
Par Akrem R.
Plusieurs politiques et mécanismes d’aide à l’insertion professionnelle sont mis en place par les pouvoirs publics afin de répondre aux besoins du marché de l’emploi, dont la demande est en forte hausse, d’autant que 250 000 nouveaux diplômés arrivent chaque année. L’adaptation des politiques en cours et la relance effective de l’investissement sont plus que nécessaires pour absorber le chômage, notamment chez les jeunes.
Durant la période allant de 2011 à 2024, le taux de chômage est passé de 10 % en mai 2011, avant de baisser à 9,9 % en avril 2016, puis de remonter à 12,7 % en 2017 suite à la crise économique. Il est ensuite resté stable, oscillant entre 11 % et plus de 12 % pendant toute la période de 2018 à 2024.
Conscient de cette réalité, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est engagé à créer 450 000 emplois durant son deuxième quinquennat (2024- 2029), ainsi qu’à favoriser la création de 20 000 micro-entreprises et startups.
Ainsi, le mécanisme de création de micro-entreprises par NESDA (ex-Ansej) a été relancé, avec l’adoption d’une nouvelle approche économique où seuls les projets rentables et viables seront financés par l’État. Cette Agence prévoit la création et le financement de 12 000 micro-entreprises au courant de 2025.
En clair, l’Etat a pris une série de mesure pour l’absorbation du chômage et la création de la valeur ajoutée pour l’économie nationale.
La même enquête de l’ONS a fait savoir le taux de chômage chez les femmes reste élevé (25,4%) par rapport à celui des hommes avoisinant les 9%. Des disparités sont également observées par âge et par niveau d’instruction. Le taux de chômage des jeunes (16- 24 ans) est de 29,3%.
Par ailleurs, la répartition des chômeurs selon le diplôme obtenu fait ressortir que 748 000 chômeurs n’ont aucun diplôme, soit 42,5% de l’ensemble de la population en chômage. Les diplômés de l’enseignement supérieur en forment 31,4%, alors que les diplômés de la formation professionnelle en constituent 26,1%.
En moyenne, six chômeurs sur dix (59,3%) sont des chômeurs de longue durée; cherchant un poste d’emploi depuis une année ou plus. Les chômeurs ayant déjà travaillé par le passé sont estimés à 750 000, formant ainsi 42,6% de la population en chômage dont les deux tiers sont des hommes (66,6%).
68,1% de cette population travaillait comme salariés non permanents et 73,9% exerçaient dans le secteur privé, explique la même source. Ventilés selon le secteur d’activité : « 47% exerçaient dans le secteur des services marchands, 19% dans le secteur de la construction et 18,2% dans l’administration».
1 984 000 personnes dans le «halo du chômage»
D’autre part, la population qui se situe dans le « halo du chômage», défini comme étant les personnes en âge d’activité (16 à 59 ans), qui déclarent être disponibles pour travailler mais qui n’ont pas effectué des démarches effectives pour chercher un emploi, a atteint, en Octobre 2024, un volume de 1 984 000 personnes.
Les femmes en constituent 57,9%. Il s’agit d’une population relativement jeune ; les moins de 30 ans constituent près de la moitié de cette population (49,1%). Cette population est caractérisée par son faible niveau d’instruction, explique l’ONS, dont «60,3% n’ont aucun diplôme, alors que 50,8% n’ont pas dépassé le cycle des études moyennes».
29,8% autres n’ont pas effectué de démarches pour trouver un emploi car «ils pensent qu’il n’y a pas de postes d’emploi ou parce qu’ils n’ont pu trouver un emploi par le passé et 25,7% pour des raisons familiales», ajoute-t-elle.
12,055 millions de personnes occupées
Par ailleurs, l’enquête de l’ONS, a fait savoir qu’en Octobre 2024, la situation du marché de travail se caractérise par un volume de la population occupée atteignant 12,055 millions dont un occupé sur cinq est une femme, le taux d’emploi s’établit à 36,4% avec une progression continue du taux d’emploi féminin qui a atteint 14,3%.
«La population Active, au sens du Bureau International du Travail (BIT), est estimée à 13.814.000 personnes au niveau national. La population active féminine a franchi pour la première fois le seuil des trois millions de personnes pour atteindre, 3.163.000, soit 22,9% de la population active totale», détaille l’ONS dans son enquête.
Le taux de participation à la force de travail de la population âgée de 15 ans et plus (ou taux d’activité économique) est estimé à 41,7%. Décliné par sexe, il est estimé à 63,9% auprès des hommes et 19,2% auprès des femmes.
En effet, l’augmentation de la population active, enregistrée depuis mai 2019, est hissée essentiellement par l’augmentation significative du volume de la population occupée du moment (+774 000), associée à une augmentation relativement moins importante de la population à la recherche d’emploi au cours de cette période (+310.000).
La population occupée est estimée à 12.055.000 dont 2.359.000 femmes. La population féminine occupée continue sa progression et forme 19,6% de la main d’œuvre totale. Le taux d’emploi (ou ratio emploi population), défini comme étant le rapport de la population occupée à la population âgée de 15 ans et plus a atteint 36,4% au niveau national.
Il est à souligner une nette progression du salariat permanent qui constitue la forme d’emploi la plus dominante du marché de travail en Algérie, soit 43,8% de l’emploi total, alors que l’auto emploi (employeurs et indépendants) constitue 29,8% de la force de travail.
En revanche, « on assiste à un recul de la part du salariat non permanent qui absorbe 29,8% de l’emploi total. Les résultats de l’enquête font ressortir notamment, que 17,4% de la main d’œuvre totale exerce dans l’administration publique hors secteur sanitaire, 15,5% dans le secteur de la santé et l’action sociale, 15,3% dans le commerce, 14% dans le secteur de la construction et 13,6% dans le secteur des industries manufacturières. Quant au secteur agricole, celui-ci emploie 9% de l’emploi total».
L’emploi féminin se concentre principalement dans l’administration publique, les secteurs de la santé et l’action sociale et les industries manufacturières lesquels secteurs absorbent 75,2% de l’emploi féminin total. Par ailleurs, le secteur privé taille par la part du lion dans le marché de l’emploi, en absorbant 61,2% de l’emploi total, avec un volume de 7,38 millions de personnes.
A. R.