Environnement, une cause nationale : La part de la conscience citoyenne

Environnement, une cause nationale

L’environnent, en tant que concept technique, terme administratif et donnée quotidienne de la vie sociale, est en train de prendre une place honorable, voire, primordiale dans les institutions publiques, les collectivités locales et le mouvement associatif. Il n’y a pas un domaine ou un thème où la dimension environnementale soit absente. Tous les projets d’investissement d’une certaine envergure sont contraints de procéder à des études d’impact environnemental.

Par Amar Naït Messaoud

Les zones industrielles et les zones d’activités font l’objet d’un suivi régulier des commissions chargées des établissements classés, c’est-à-dire, toutes les unités industrielles susceptibles de produire des rejets nocifs ou des nuisances de type sonores, de pollution atmosphérique, etc.

Mieux, le concept de l’économie circulaire, basée sur la valorisation des rejets et déchets, est en train de faire son chemin, encouragé en cela par des associations de défense de l’environnent et du cadre de vie. Mais, cela demeure insuffisant.

Au vu de certaines situations environnementales de la vie quotidienne (points noirs représentant les décharges sauvages sur le bord des routes, des barrages hydrauliques, dans les forêts,..), les efforts budgétaires et réglementaires déployés par les pouvoirs publics risquent d’être fort relativisés.

En tous cas, la société, dans son ensemble, commence à prendre conscience des enjeux environnementaux du fait que leurs effets ne sont plus des phénomènes extérieurs, des expériences de laboratoire ou des hypothèses de travail.

Ce sont des phénomènes qui font partie de l’actualité de proximité, relayée par la presse, les médias audiovisuels et les réseaux sociaux.

Le ministère de l’Environnement posait, en 2017, la problématique en ces termes : « L’environnement est une cause nationale. Une telle appréhension de la problématique environnementale nécessite imparablement la mobilisation de tous pour sa prise en charge.

Une « cause nationale », voici bien une notion nouvelle que l’on voudrait faire sienne sur-le-champ, pour peu qu’elle corresponde à un engagement bien chevillé sur le terrain de la réalité.

La protection des milieux naturels, de la santé de la population, ainsi que, de manière générale, la promotion du cadre de vie, font indubitablement partie de la civilisation et de la culture qui fondent les nouvelles valeurs de la citoyenneté et de la bonne gouvernance.

En tout cas, cet élan, tendu vers le rééquilibrage de la culture de consommation au sens large avec la culture de la gestion des déchets et des effets nuisibles de cette même consommation, est perceptible aussi bien dans les pays développés et industrialisés – producteurs par excellence des différentes formes de pollution, – que dans des pays de l’hémisphère sud, pauvres ou dits en voie de développement, lesquels ne cueillent souvent de ce développement que ses ersatz, ses nuisances et ses rejets.

On avait plaidé, sur le plan institutionnel pour l’instauration de ce qu’on a appelé « une citoyenneté autour de l’environnement », et ce, par la mobilisation de tous les secteurs, organismes et institutions, dont le secteur de la communication.

Ce dernier, à traves les écrits, les documentaires, les reportages et la pédagogie sur l’environnement- établissement de diagnostic, mise en relief des dangers et des risques, ainsi que la réaction des citoyens, de la société civile, des élus et du corps académique-, peut jouer un rôle majeur, éminemment porté sur la sensibilisation, l’alerte et la consécration d’une opinion publique favorable à la défense de l’environnement.

IL EST TEMPS DE TIRER LA SONNETTE D’ALARME

C’est là, une mission difficile, mais, « il est temps de tirer le signal d’alarme quant à la nécessité de protéger le milieu, et ce, en fédérant les efforts de tout un chacun (autorités publiques, mouvement associatif, citoyens et presse) », soutenait l’ancien ministre de l’Environnement en 2017.

Il fera également référence aux différents textes de lois algériens inhérents à la protection de l’environnement.

Sauf que, face à l’indifférence des citoyens, frisant parfois le déficit de civisme, aux insuffisances organisationnelles et logistiques des collectivités locales et à la faiblesse d’une industrie de recyclage balbutiante, chargée de valoriser des différents rejets (verre, plastique, caoutchouc, bois, carton et papier, métaux ferreux et non ferreux,…), la législation risque d’être cantonnée dans les bureaux de l’administration, trouvant mille difficultés à avoir un prolongement sur le terrain.

Néanmoins, en réservant des formations spécialisées en environnement, y compris aux journalistes, les pouvoirs publics commencent, sans doute, à toucher du doigt la grande problématique liée à la sensibilisation, au développement de la pédagogie et à la formation de la conscience citoyenne sur le plan de la défense de l’environnement.

Jusqu’à présent, et dans leur écrasante majorité, la presse écrite et les médias audiovisuels, publics et privés, n’ont pas pu s’offrir des journalistes spécialisés dans l’environnement, l’éducation, la santé, la culture ou l’économie.

Les rares titres qui avaient, jusqu’en 2019, stabilisé des rédacteurs dans des pages économiques ou culturelles, se comptent sur les doigts d’une seule main.

ACCROÎTRE LA SENSIBILISATION

Malheureusement, les valeurs relatives à la protection de l’environnement et à la promotion d’un cadre de vie sain, commencent à peine à faire l’objet d’un intérêt  tout relatif de l’administration.

Et ce ne sont pas les journées d’études et les séminaires qui vont pouvoir régler, comme par enchantement, une situation qui commence à échapper à tous les segments de l’administration locale, de l’administration de l’environnement, des établissements chargés du nettoyage et de la société civile.

S’agissant des déchets ménagers et industriels, l’on a souvent reproché aux collectivités locales l’absence de tri des produits collectés.

Cependant, la question demeure non résolue si la destination finale de ces produits demeure unique, à savoir les centres d’enfouissement technique ou des décharges à ciel ouvert.

Autrement dit, tant que l’industrie du recyclage n’est pas installée dans des dimensions proportionnelles aux rejets- pouvant créer elle-même ses réseaux de collecte-, le tri des déchets, s’il arrive à s’organiser et à se généraliser- demeurera presque comme un « luxe » qu’il est difficile de maintenir longtemps sans un réseau spécialisé de collecte.

Le mouvement a commencé, et il importe de l’encourager et de consacrer le principe de l’économie circulaire.

La sensibilisation en direction descitoyens ne peut pas être l’apanage de la presse et des médias audiovisuels.

L’implication des élèves des écoles et des scouts dans différentes opérations de nettoyage dans les jardins publics et autour des barrages hydrauliques, ainsi que leur participation à la célébration des journées internationales, comme celle de l’arbre, des zones humides, de la lutte contre la désertification, constituent des moments privilégiés pour élever leur niveau de conscience par rapport à la donne environnementale.

Certains résultats, aussi mineurs soient-ils, commencent déjà à être perçus au niveau des réseaux sociaux et sur le terrain, à travers des campagnes de volontariat menées dans certains villages.

A. N. M.

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