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Environnement et société : Des acquis et… des défis à relever - ECOTIMES

Environnement et société : Des acquis et… des défis à relever

Environnement et société : Des acquis et… des défis à relever

La question environnementale est, depuis quelques années, considérée commune une donnée majeure qui prend place, à divers niveaux de priorité, dans presque toutes les institutions du pays et dans ses différentes législations. C’est que- à l’échelle du notre pays, de notre continent et de la planète entière- la notion pratique d’environnement a fini par occuper tout l’espace que recouvre ce vocable par sa sémantique, allant de l’espace domestique du foyer (déchets organiques, plastiques ou autres, eaux usées…) jusqu’aux changements climatiques affectant tous les pays du monde, en passant par les différentes nuisances (industrielles, chimiques, sonores…) qui touchent les populations des villes et des campagnes.

Par Amar Naït Messaoud

L’on sait que l’Algérie, malgré son potentiel de production en hydrocarbures, fait partie des ces pays dont le modeste niveau d’industrialisation est, en principe, loin de lui valoir des retombées significatives sur le plan environnemental dans sa globalité par exemple, le bilan établi pour tout le continent africain en matière de pollution atmosphérique génératrice de changements climatiques à l’échelle du monde, ne représente qu’une faible proportion, soit entre 3 et 4 % des émanations globales de gaz à effet de serre (GES) émises à travers le monde. Donc, en matière de «culpabilité », notre pays s’en tire à bon compte à l’échelle de la planète.

Ce qui n’exonère nullement les responsables politiques, les techniciens, le monde universitaire et les associations de la défense de la nature d’un examen critique qui devrait accompagner le processus de développement du pays; d’autant plus que, dans les limites qui sont les siennes, ce dernier, le processus de développement, n’est pas dénué, loin s’en faut, de débordements environnementaux.

La grande mobilité de la population et les différentes vagues d’exode rural qu’a connues le pays ont indubitablement laissé leurs empreintes dans les villes au point où- en plus des problématiques liées à l’anarchie urbanistique et architecturale, et à la promiscuité de plus en plus pesante dans les quartiers et les conurbations- la donne environnementale s’impose dans ses facettes domestiques (gestion des ordures ménagères, eaux usées, protection des espaces verts contre les dégradations…).

La nature et le volume des atteintes à l’environnement urbain mobilisent de gros montants financiers et un personnel nombreux pour des résultats qui ont toujours besoin de consolidation et d’affirmation de la volonté politique.

L’économie circulaire en point de mire

Le niveau de conscience citoyenne et la collaboration attendue de tous les ménages en vue d’assurer un minimum de salubrité publique peinent à prendre définitivement forme dans la société. Ajoutons à cela la modeste part de l’industrie du recyclage et de l’économie circulaire.

Ce n’est qu’au cours de ces trois dernières années que des microentreprises et des start-up commencent à s’intéresser réellement à ce créneau important qui fait partie des métiers verts.

Sans un segment performant en aval- à savoir les activités de recyclage et de la production de nouveau objets à partir des rejets (papier, plastique, matériaux ferreux et non ferreux)-, le service amont, à savoir le tri des déchets domestiques, urbains et industriels à la source, sera vu comme une entreprise vaine, sans réel motivation, malgré les appels incessants des services de l’administration.

La production des déchets et des rejets, d’une part, et leur transformation en produit ayant une nouvelle valeur d’usage et une valeur vénale, d’autre part, sont deux termes d’une même équation, agissant comme des vases communicants, l’un nourrissant l’autre et inversement, dans un processus vertueux de création de valeur ajoutée et d’emplois et d’assainissement de l’environnement dans ses différents aspects (domestique, urbain, rural).

Sans doute, aussi bien dans les agglomérations fortement urbanisées que dans les villages ruraux, la première des préoccupations est d’ordre esthétique. Car, avant de faire des investigations sur d’éventuelles maladies qu’auraient engendrées les décharges sauvages et les dépotoirs fumants, l’on se rend compte que c’est d’abord là une agression pour les yeux.

Ces plaies qui élisent domicile dans les grands boulevards, dans les quartiers miséreux des bidonvilles, dans les cités résidentielles et dans des bourgades de campagne, ont pour premier effet de dissuader le touriste (nationaux ou étrangers) à visiter ces endroits.

De même, ces échardes dans l’environnement risquent de donner une image peu reluisante de la gestion des affaires publiques de la part des collectivités locales et de tous les autres services chargés de l’hygiène, de la propreté et du cadre de vie.

Pollution domestique

Même si notre pays peut se prévaloir d’une performance respectable en matière d’assainissement, avec un taux de raccordement des foyers à l’égout qui dépasse 90 %, la transformation d’un grand nombre de ruisseaux et rivières… en égout à ciel ouvert est une aberration environnementale qui indique le faible nombre de stations d’épuration (STEP)- 211 à l’échelle nationale-, dont une trentaine sont exploitées pour l’irrigation agricole. Le taux de réutilisation des eaux uséespour des usages agricoles ou industriels-est actuellement d’environ 15 %.

Le président de la République a insisté au cours de son discours à la nation en décembre dernier sur la nécessité d’augmenter rapidement ce taux en complément des autres sources de fourniture d’eau (barrages, stations de dessalement de l’eau de mer, nappe phréatique,…).

De même, outre un programme de réalisation de nouvelles stations d’épuration, certaines de celles qui existent sont appelées à l’extension de leurs capacités de traitement et à l’amélioration de leur rendement, et ce, en regard des grandes extensions urbaines enregistrées au cours de ces dernières années à la faveur des nouveaux programmes de construction de logements. En effet, les nouveaux pôles urbains, dans les villes disposant de station d’épuration, devraient être raccordées à ces dernières.

Les conditions topographiques créent parfois des contraintes de raccordement de ces nouveaux pôles, ce qui retarde l’opération et contraint les gestionnaires à se limiter, provisoirement, à la construction du réseau d’assainissement, raccordé aux immeubles, mais dont les rejets liquides se retrouvent dans la nature.

Le comble pour certaines villes, est que les eaux usées, coulant dans un talweg, débouchent dans une… plage ou dans un barrage hydraulique.

Ainsi, si le plus grand cloaque d’Algérie, en l’occurrence l’Oued El Harrach, a bénéficié d’un projet spécial d’aménagement, avec la façade maritime d’Alger, un grand nombre d’oueds, exhalant continuellement des remugles porteurs de désagréments et de maladies à transmission hydrique (MTH), sont toujours le réceptacle des eaux usées.

Le phénomène est aggravé par la sécheresse chronique qui frappe notre pays depuis plusieurs années faisant que le dégagement des eaux usées par les eaux de pluie est fortement réduit. Dans certains cas, le gaspillage de l’eau, dans un pays pourtant frappé par le stress hydrique, fait augmenter le volume des rejets liquides.

Là, la question de la tarification de l’eau s’invite imparablement au débat, en réajustant davantage la modulation des prix unitaires, par paliers, selon les volumes de consommation des clients.

Les atteintes à l’environnement sont également l’extraction illicite de sable dans des cours d’eau asséchés depuis plusieurs années, et ce, malgré les arrêtés d’interdiction signés par les walis des régions concernés. Ceci constitue un danger sur les nappes phréatiques et les ouvrages d’art (viaducs, ponts).

Le phénomène des incendies de forêt constitue, sans doute, l’un des plus grands dangers pour l’environnement, exposant le territoire au risque de désertification et d’appauvrissement en biodiversité dans sa partie septentrionale, celle qui supporte le couvert forestier, représentant 11 % du territoire du Nord et moins de 3 % de l’ensemble du territoire national.

L’Algérie a fait d’immenses effort dans la prévention et la lutte contre les deux de forêts, comme elle a mobilisé des programmes de reconstitution et d’extension du patrimoine forestier, dont le grand projet de la réhabilitation du Barrage vert. Ces efforts sont à consolider par une plus grande sensibilisation des populations et par une rigueur dans l’application de la loi contre les contrevenants.

Nécessaire travail de consolidation

S’agissant de la pollution industrielle, l’Algérie commence à prendre en charge, du moins sur le plan institutionnel et des études, les conséquences logiques d’un processus d’industriel appelé à s’accélérer et à s’étoffer.

Les études d’impact environnemental sont exigées pour toutes les nouvelles installations industrielles. Elles définissent les types et le niveau de pollution attendues, ainsi que la nature et l’ampleur des nuisances pouvant émaner de ces installations (effluents liquides, poussières, fumées, bruits…).

Sachant que l’on ne peut pas arrêter le progrès et le développement économique du pays, les projets de ce genre ne peuvent être abandonnés malgré les risques de pollution.

Il est alors fait obligation aux industriels de mettre en place les mesures d’accompagnement et d’atténuation de façon à rendre le projet écologiquement viable (récupération et éventuel recyclage de certains rejets, filtres protecteurs contre les poussières dans le cas des cimenteries, optimisation de l’isolation acoustique, stations d’épurations spéciales comme celles acquises par les usines de détergents…).

Outre des pollutions chimiques, atmosphériques ou acoustiques, les grandes plateformes industrielles charrient d’autres atteintes à l’environnement, souvent lentes et insidieuses, particulièrement sur la partie littorale du pays.

D’après un ancien rapport du Conseil national économique et social (Cnes), « l’espace littoral abrite 91 % des industries sidérurgiques, mécaniques, métallurgiques et électroniques, 90 % des industries des matériaux de construction, 85 % des industries chimiques, 65 % des industries du cuir et 56 % des industries textiles ».

Une étude menée par Hayette Hadef et Boudjemaa Soukehal, enseignants-chercheurs au département d’architecture de l’Université de Jijel en 2009 sur la zone industrielle de Skikda souligne « l’industrialisation de l’Algérie a eu pour conséquence la concentration des activités à risque près des grandes villes littorales, ce qui présente une menace grave pour les populations.Actuellement, on assiste à une extension urbaine incontrôlée autour d’importantes zones industrielles pétrochimiques, telle que Alger, Skikda, Arzew, Bejaia et Hassi – Messaoud. La zone industrielle de Skikda en plus de sa dangerosité constitue un obstacle majeur pour l’extension urbaine à l’Est de la ville, non seulement elle occupe les meilleurs sites agricoles mais elle se classe comme étant la principale source de pollution ».

L’Algérie dispose actuellement d’un arsenal juridique, lié au domaine de l’environnement bien étoffé, allant de la gestion des rejets domestiques et urbains jusqu’aux incendies de forêt, en passant par la protection des parcs nationaux, l’encadrement de l’activité de chasse, la protection du littoral et des zones humides,..etc.

Il s’agit de prolonger la législation et la coercition par l’éducation environnementale dans le milieu scolaire, la sensibilisation par tous les supports, y compris par le moyen des réseaux sociaux, et l’incitation à l’investissement dans les métiers innovants liés à l’économie circulaire.

A.N.M.

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