Les employés des entreprises dont les patrons ont été écroués pour corruption, ne savent plus où donner de la tête. Leur situation déjà précaire, se fragilise de jour en jour et leurs dettes ne font que s’accumuler. La plus représentative d’entre elles, et l’Etrhb de Ali Haddad. Organisés par les sections syndicales locales, des dizaines de travailleurs du groupe ETRHB Haddad ont procédé à une marche, lundi dernier à Tizi-Ouzou. Ils réclament le versement des salaires, la préservation des postes de travail et l’arrêt de la compression des effectifs, entamée par l’administrateur désigné par l’Etat et chargé de la gestion de l’entreprise. Des réclamations similaires aux autres entreprises dont les patrons sont dans la même situation. Des syndicalistes affirment que la situation est la même depuis le premier jour, et même pire, car l’imbroglio administratif persiste avec la démission de managers qui ont été nommés, et l’éviction des administrateurs désignés par la Justice, pour la pérennité de ces entreprises.
Par Réda Hadi
ETRHB, Sovac, KouGC, Condor, Tahkout…ce sont 11 entreprises qui sont concernées, et dont les employés réclament les salaires.
Quels sera donc l’avenir des ces entreprises ?
Il faut rappeler que les administrateurs nommés avant d’être relevés, il y a quelque temps, ont échoué dans leur mission. Sans feuille de route claire, les gestionnaires qui les ont remplacés sont comme livrés à eux-mêmes. Beaucoup d’entre eux ont même jeté l’éponge, face à tant d’incertitudes et de pressions.
Interrogé sur le devenir de ces entreprises, M. Nabil Djemaa, expert financier agréé, s’interroge sur la manière dont ce dossier a été géré et sur la non application de la loi et du code du Crédit. «Le président Tebboune a demandé à ce que ces affaires soient gérées dans la transparence, et avec toute la traçabilité exigée. Or, à ce jour, aucune banque n’a communiqué le montant des créances, hormis le juge d’instruction pour l’affaire Haddad, et que la banque n’a jamais confirmé ou infirmé. A ce jour, aucune banque n’a communiqué le montent de ses créances, Les sommes prêtées sont pharaoniques et dépassent même le capital de la banque émettrice. Ce qui est une aberration vis-à-vis du code du crédit qui stipule qu’un prêt ne doit en aucun cas dépasser 25% du capital» a-t-il souligné.
«Les banques ont accumulé des créances inimaginables, et maquillé leur comptes. Sinon comment expliquer qu’une banque déficitaire, verse des subsides à son conseil d’administration et des primes à ses employés ? A ce moment là, qu’a fait le conseil d’administration à part encaisser ses bons de présence, et quel rôle a joué la Banque d’Algérie pour expliquer ces dépassements. Je n’ai aucun souvenir que la Banque d’Algérie ait publié un quelconque ratio d ‘endettement des banques, alors que c’est obligatoire » a-t-il précisé.
Par ailleurs M. Djemaa a précisé aussi que «les banques n’ont pas respecté les garanties réelles».
Pour cet expert, l’Etat est déjà propriétaire de ces entreprises, puisque c’est de l’argent public. «Les banques sont en danger permanant, et ce n’est que grâce au trésor qu’elles survivent. Il fallait dès le début, mettre en congé technique les employés et vendre les biens pour récupérer le maximum. Autre erreur, les administrateurs nommés pour gérer la «transition» non pas qu’ils sont incompétents, mais n’ont pas le management et l’expérience requis pour ce genre d’opération. Il fallait dès le début, nommer des personnes rompues et expérimentées dans la gestion d’entités économiques. Et même ainsi, ce n’est pas évident qu’ils réussissent, tant le niveau d’endettement est irréaliste », nous a-t-il dit.
Les craintes des travailleurs des entreprises mises sous administration judiciaire se révèlent à ce stade fondées, puisque certains managers ont carrément refusé la mission.
Pour M. Djemaa, ce dossier a dès le début été mal géré «Il faut crever l’abcès, situer toutes les responsabilités, et surtout, être transparent comme l’a demandé le Président Tebboune. A commencer par savoir le chiffre exact des sommes prêtées, appliquer la loi en toute transparence, et surtout éviter les erreurs en cascade.»
R. H.