Karima Benrabah, fondatrice et directrice des opérations de la Société d’Ingénierie de management et de développement des dntreprises (SIMDE Company)
Eco Times : Dans le monde professionnel, nous entendons de plus en plus souvent parler de cabinet de conseil, de business développement consulting, management consulting… Mais nous pouvons nous demander ce qu’est réellement un cabinet de conseil, et ce que peut être sa valeur ajoutée pour une entreprise ?
Karima Benrabah : Si vous faites allusion aux économies développées où tous les groupes professionnels sont organisés aux sein de chaînes de valeur, là on fait appel à des cabinets d’expertise spécialisés pour diagnostiquer leur contexte de fonctionnement et dégager de nouvelles approches de gestion à l’effet de consolider la place de leurs produits, sur des marchés concurrentiels hyper compliqués, où celui qui n’avance pas disparaît.
En Algérie, on n’a pas construit un marché normalisé pour sanctionner la qualité. Il est, donc, impossible d’expertiser efficacement un marché non planifié de par son caractère informel. C’est ce qui fait que le développement du consulting ne peut être envisagé dans ces conditions.
Les motivations des sociétés pour engager un cabinet de conseil sont diverses. Pouvez-vous nous citer des exemples ?
La compétitivité, la réduction des coûts de production, le respect de l’environnement, l’innovation, la sortie d’une crise conjoncturelle…etc., sont autant de besoins des sociétés et entreprises qui doivent faire évoluer leur situation, constatant généralement leurs chiffres d’affaires diminuer par rapport à des charges de plus en plus importantes, occasionnées par un environnement imprévisible. Ces sociétés ne peuvent évoluer que si elles revoient leurs manières de fonctionner.
En Algérie, quelles sont les caractéristiques de différents types de conseil et de recherches, qui vous ont été demandés ?
Le cabinet SIMDE est nouvellement créé non pas dans une position d’attente de demande de conseil ou d’orientations, mais dans une démarche d’expertise du contexte économique du pays à l’effet de dégager les meilleures pistes pour faire évoluer une situation de crise générée par la décadence des recettes pétrolières et aggravée par le Covid-19. On est donc dans la logique du conseil, mais d’encadrement du changement. Le diagnostic de la problématique, son traitement et la mise en œuvre de nouvelles politiques de développement constituent l’essentiel de notre démarche.
Avoir recours à un cabinet conseil est une pratique nouvelle en Algérie, et delà du fait que c’est une question de culture économique. Pensez-vous que nos entreprises sont prêtes à sauter le pas et faire le lien entre le conseil prodigué et la recherche qui est essentielle à tout développement d’une entreprise ?
Jusque-là, en Algérie, les bureaux de consulting ont été créés conjoncturellement pour délivrer une documentation qui puisse permettre d’avaliser les dossiers administratifs des porteurs de projets. Lesquels projets engagés pour l’essentiel avec le soutien de l’Etat (agriculture, investissements, dispositifs d’emploi… etc.) Mais à présent, que la situation s’est compliquée pour cette entreprise, dont le développement est hypothéqué par une gestion classique, le passage à l’innovation, exploitant les nouvelles technologies de gestion, de l’information et de la communication est une question de vie et de mort. C’est par rapport à cette exigence que l’entreprise algérienne sera amenée à faire appel au cabinet conseil.
Propos recueillis par Nadjib K.