Entrepreneuriat : Une nouvelle politique adoptée

Dépassant les 15.000 projets/an : 414.000 projets de micro-entreprises recensés

Le dispositif d’appui et de soutien à l’Entrepreneuriat (ex-Ansej) est désormais relancé. En effet, l’Agence nationale de Soutien et de développement de l’Entreprenariat (ANSDE) a adopté une nouvelle stratégie pour la création de micro-entreprises, tout en évitant les erreurs du passé. Une plateforme numérique pour le financement des projets dans ce cadre, a été lancée officiellement le 4 juillet courant.

Par Akrem R.

Les jeunes désirant accéder au monde de l’entrepreneuriat sont appelés à introduire leurs demandes via cette plateforme afin de bénéficier d’un financement pour leurs projets, et ce, après un arrêt depuis 2022.

Les critères et conditions pour en bénéficier ont été simplifiés : le demandeur doit, ainsi être âgé entre 18 à 55 ans et avoir bénéficié d’une formation dans le domaine de l’entrepreneuriat. Cette dernière est considérée comme une condition sine qua non pour être éligible à un financement de l’ANSDE.

En effet, pas moins de 102 centres de développement de l’entrepreneuriat ont été créés à travers le pays. Selon le Directeur général de l’ANSDE, Bilal Achcha, quelque 1077 porteurs de projets vont bénéficier d’un financement comme première étape. Il a indiqué que pour l’année 2024, l’Agence ambitionne la création de 10 000 PME d’une moyenne de trois travailleurs chacune, soit la création de 30 000 emplois directs.

Dans son plan d’action le gouvernement mise sur les PME pour la relance et la diversification de l’économie. Actuellement le tissu économique de l’Algérie est composé de 97,87% de PME avec une contribution de 25 % dans le PIB.

Ceci démontre l’importance du secteur des PME pouvant jouer un rôle central dans le développement socioéconomique du pays. C’est dans cette optique que des réformes profondes ont été engagées pour revoir ce dispositif qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive.

Des milliers d’entreprises avaient été créées dans le cadre de l’ex Ansej, en effet, mais peu d’entre elles sont toujours en vie et des crédits à des milliers de DA sont également non remboursés.

Une situation qui a poussé le gouvernement à prendre des mesures «radicales» en suspendant le dispositif afin d’assainir ce passif et de repartir sur des bases solides.

En effet, des réformes profondes ont été introduites dans la gestion de ce dossier épineux, en accordant beaucoup d’importance à la formation et l’accompagnement des porteurs de projets.

Une profonde réforme du dispositif

L’objectif est de réduire au maximum les risques de non remboursements des crédits. « Nous n’avons pas procédé uniquement au changement d’appellation de l’Agence en passant de l’Ansej à l’ANADE et enfin à ANSDE, mais à des changements profonds en matière de gestion de l’Agence et de l’accompagnement et financement de projets par ce dispositif», a expliqué, Bilal Achcha dans une déclaration à la radio nationale « Chaîne I», soulignant qu’un diagnostic profond a été effectué.

Des insuffisances ont été signalées en matière de formation de porteurs de projet et l’écosystème d’une manière générale.

À cet effet, une nouvelle stratégie a été mise en place, tout en prenant en considération ces insuffisances. « Dans notre nouvelle stratégie, un intérêt particulier est accordé à la formation des porteurs de projet à travers la création de 102 centres de formation et la signature d’un accord avec le ministère de la Formation professionnelle. L’accompagnement dans la création de micro-entreprises, se distingue par des solutions qui sont apportées pour les problèmes du foncier et du financement», détaille-t-il.

En matière de gestion interne de l’Agence, le DG de l’ANSDE a annoncé la création de nouveaux services pour l’ingénierie financière, la séparation des activités et la généralisation de la numérisation dans la gestion de l’Agence et surtout l’analyse de données. Cette dernière est un instrument efficace pour une étude approfondie et l’évaluation économique du projet.

En clair, l’Etat à travers cette nouvelle stratégie, est déterminé à mettre en place un mécanisme économique en mesure d’apporter un plus à l’économie nationale. Donc, seuls les projets à forte valeur ajoutée seront dorénavant financés.

Trois formules de financement

S’agissant du financement des projets par l’ANDSE, l’intervenant a rappelé que trois formules de financement sont adoptées. Il s’agit d’un financement tripartite entre les banques publiques, l’Agence et le porteur du projet, d’un financement entre l’Agence et le porteur de projet et enfin, un autofinancement de la part du porteur de projet.

Les porteurs ayant les finances nécessaires pour la concrétisation de leurs projets peuvent aussi adhérer à ce dispositif et bénéficier de ses avantages fiscaux et parafiscaux, a-t-il expliqué, annonçant que son Agence a formulé une proposition à la tutelle et à l’association des banques (ABEF) pour régler définitivement la problématique liée au financement.

Une autre annonce a été faite par Bilal Achcha concernant la révision à la hausse prochainement du plafonnement des crédits. Actuellement, il est à 10 millions DA, et pourra atteindre les 20 millions DA dans le cas d’un financement groupé. Indiquant que l’ANSDE finance des projets dans différents domaines (agriculture, service, industrie et commerce), Achcha a précisé que son Agence veille à répondre aux besoins et spécificités de chaque région du pays.

« Nos financements seront effectués selon le schéma national d’aménagement du territoire (SNAT) à l’horizon 2030. Des centres régionaux dans six wilayas ont été créés afin d’identifier les besoins de chaque wilaya», a-t-il souligné.

Attribution de 20% des projets de la commande publique aux microentreprises

Parmi les mesures prévues dans la nouvelle stratégie de l’Agence pour l’accompagnement des porteurs de projets, il y a celle de l’attribution de 20% des marchés publics aux micro-entreprises.

Ce mécanisme existant depuis plusieurs années n’est pas en vigueur, faute d’absence de textes d’application. « Nous travaillons avec les services du ministère des finances pour la publication des textes d’application dans les meilleurs dé- lais afin de permettre à ces entreprises naissantes d’avoir un plan de charges.

Nous tablons sur la commande publique pour le développement de nos PME», a-t-il dit. Le DG de l’ANSDE a mis en avant également le rôle des grandes entreprises publiques dans le développement du tissu des PME.

« On veut créer un tissu industriel autour des entreprises publiques, en donnant un pourcentage de la commande publiques à ces petites et micro-entreprises», précise-t-il.

Concernant la problématique du foncier, une demande a été également formulée à l’Agence Algérienne de la promotion de l’investissement (AAPI), dira-t-il, pour la réservation d’espaces pour ce type d’entreprise.

Concernant les entreprises en difficulté et la question des crédits non remboursés, le responsable a fait savoir qu’un programme spécial est en place pour les étudier au cas par cas.

Il a par ailleurs, annoncé un programme spécial pour l’accompagnement des entreprises « réussies» créées par ce mécanisme, en leur facilitant le financement et un accompagnement en matière d’investissement et d’exportation.

A. R.

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