La pénurie d‘huile de table semble n’être pas encore terminée. D’un côté, les producteurs et les autorités qui rejettent l’hypothèse d’un recul de la production, mais bien une hausse de la demande, et de l’autre, les consommateurs qui peinent à en trouver sur le marché. Les réseaux sociaux ajoutent de «l’huile» sur le feu et maintiennent la rumeur (vraie ou fausse) du recul de la production. La situation était si préoccupante que le Conseil de la nation avait décidé le 8 janvier dernier, de mettre en place une commission d’enquête parlementaire sur la pénurie de produits de large consommation en vue de contrer les manœuvres des spéculateurs.
Par Réda Hadi
Selon nos confrères de Maghreb Émergent, en effet, la commission parlementaire a conclu à deux causes principales. Pour le Sud du pays, il s’agirait des activités de la contrebande malienne qui achète ce produit subventionné dans notre pays, pour le revendre aux habitants des frontières à un prix 3 fois plus cher. Quant à la pénurie intra-muros, elle serait, selon un membre de cette commission, due au fait que les grossistes de plusieurs wilayas de la région, notamment celle de Sétif, refusent de s’approvisionner en huile de table.
Les commerçants de cette région, selon cette même source, refusent d’engager un fort capital financier pour un produit, dont la marge bénéficiaire est très réduite. En plus du fait qu’ils soient obligés d’acheter cette marchandise avec facturation, ce qui signifie le payement des taxes.
De plus, selon les résultats de cette enquête parlementaire, des producteurs de l’huile de table préfèrent produire à partir de matière première importée, alors que cette même matière est produite localement. Selon la même source, cette préférence des produits importés, est due à l’avantage des indemnités offertes par les pouvoirs publics, dans le cadre du soutien aux matières premières importées pour l’industrie locale. Cette situation a fait que les producteurs de l’huile n’achètent plus leurs matières de base à partir de l’usine d’Oran et de Mascara, dans l’Ouest du pays. «Ce qui a poussé ces producteurs de matières premières à exporter leur produits, par manque d’acheteurs au niveau national», explique le membre de la commission.
Contacté par nos soins, M. Zebdi Mustapha, président de l’Apoce (Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement), s‘est refusé de commenter les résultats de l‘enquête, pour marquer son incompréhension et exaspération, alors que son association avait proposé son aide à maintes reprises. «Notre chef du bureau locale de Timimoun a essayé, sans y parvenir, de rencontrer les membres de cette commission», affirme-t-il, montrant un agacement, d‘autant plus fort que «l’Apoce a été la première organisation à demander une enquête parlementaire pour connaître les tenants et aboutissants de cette pénurie» dit-il.
M. Zebdi, rappelle, en ce sens «que l ‘Apoce a déjà mis en garde les pouvoirs publics sur le fait que beaucoup de détaillants et grossistes vont cesser de vendre de l’huile de table, parce qu’il n’y a pas de marge bénéficiaire », et d’ajouter : «La marge bénéficiaire d’une bouteille d’huile de 5 litres est de 5 dinars, et les commerçants se méfient des conséquences de la facturation des produits avec une marge bénéficiaire de 5 dinars».
M. Zebdi nous confirme, enfin, que «l’Apoce milite et continue de militer pour une transparence dans les transaction commerciales, l’instauration d‘une manière définitive de la facturation et surtout la maîtrise des circuits de distribution»
R. H.