La suspension pour la deuxième année consécutive de la saison d’El Hadji et de la Omra, pour des raisons sanitaires (Covid-19), a aggravé la situation des agences algériennes de voyage et de tourisme.
Par Akrem R.
D’ailleurs, l’annonce par l’Arabie saoudite, la semaine dernière, de la réservation de la saison du Hadj 2021 uniquement pour ses résidents, est tombée comme un véritable coup de massue sur les voyagistes. En effet, les 4 000 agences de voyages, dont les activités principales consistaient en le tourisme religieux, étaient impatientes quant à la réouverture des frontières vers les destinations touristique traditionnelles des Algériens, en particulier, la Tunisie, la Turquie, l’Arabie Saoudite et autres.
«Nous avons misé sur ce segment, (Omra et Hadj), pour la relance de nos activités et pour réduire l’impact de la pandémie sur la plupart des agences, mais l’annonce des autorités saoudiennes de le réserver exclusivement à ses résidents nous a vraiment déçus», a déclaré Kamel Chiab, un spécialiste du tourisme saharien.
Depuis le début de la crise sanitaire en Algérie, en mars 2020, et l’entrée en vigueur des mesures du gouvernement (fermeture des frontières) visant à stopper la propagation de la pandémie, des milliers d’agences de voyage sont au bord de la faillite. Le chiffre d’affaires de la plupart d’entre-elles a reculé de plus de 90%.
À titre d’exemple, dans la wilaya de Msila, sur les 40 agences existantes, seulement 5 sont en court d’activité, soit la fermeture de 35 agences (plus de 90%), a indiqué Mekediche Salaheddine, gérant de l’agence Kerdada pour le tourisme de Bou Saâda.
Ceci montre l’ampleur de la situation difficile à laquelle font face les professionnels du Tourisme. Face aux difficultés de la trésorerie et au manque de plans de charge, explique-t-il, la fermeture s’est avérée la meilleure solution ! «La pandémie de la Covid-19 nous a mis à genoux. Nous ne pouvons pas honorer nos charges (location, impôt et autres)», a-t-il témoigné. Interpellé sur les mesures prises par le gouvernement pour réduire les effets de la pandémie sur les agences, notre interlocuteur réfute l’existence de ces décisions sur le terrain. « On a entendu beaucoup de choses, mais sur le terrain, il n’y a rien de concret. Au contraire, les charges ne cessent d’augmenter», a-t-il souligné, en relevant qu’un bon nombre d’opérateurs dans ce domaine ont dû verser dans l’informel.
Le tourisme local peine à décoller
Les propriétaires de ces agences tentent de s’organiser en associations culturelles et touristiques, leur permettant d’activer dans le tourisme interne, sans registre du commerce. C’est le seul moyen, dira-t-il, pour garantir la poursuite de nos activités et la préservation de nos pouvoirs d’achats.
S’agissant de l’avenir du tourisme local, Salaheddine s’est montré pessimiste, en affirmant que la mentalité qui prévaut chez nos responsables, n’encourage pas le développement de ce segment, recélant, pourtant d’importants atouts. Des entraves et blocages freinent cette activité. « On éprouve des difficultés dans l’octroi d’autorisation du transport, dont seulement la moitié des capacités, doit être exploitée, ce qui se répercute sur les tarifs. L’autre problème, c’est l’interdiction des campings et des barbecues dans les forêts et la fermeture des plages», a-t-il énuméré. à cela s’ajoute, la hausse des tarifs des hôtels. Ils sont soumis à l’offre et à la demande, et ce, contrairement à ce qui se fait ailleurs, partout dans le monde, déplore-t-il. La nuitée dans un simple hôtel à Jijel est de 2500 DA en mai, 3000 DA en juillet et 4000 DA en août ! C’est excessivement cher et n’encourage pas les familles à y aller…
AR