A partir de Paris (France), lors du Forum Afrique CIAN 2021, le Président directeur général du groupe Sonelgaz, Chaher Boulakhras, a annoncé que son groupe étudie l’éventualité d’aller vers des interconnexions avec l’Europe, rappelant que cette pénétration du marché européen répond à la stratégie engagée par Sonelgaz pour sa diversification, et ce, d’autant plus que les infrastructures pour réaliser ses ambitions existent déjà. Mais au-delà de l’ambition affichée par la Sonelgaz, des économistes se posent la question de savoir, «dans quelle mesure la Sonelgaz pourra pénétrer le marché européen» ?
Par Réda Hadi
M. Boulakhras, a tout de même tempéré ses propos en soulignant que ce projet est assujetti à des préalables qu’il est nécessaire de réunir, à savoir, le marché, une masse critique minimale, ainsi qu’un partenariat pour réaliser cette interconnexion, soulignant en outre, que cette interconnexion demeure une industrie très capitalistique.
Pour Billel Aouali, expert en économie, cette option « pourrait se réaliser via l’Espagne. Sauf que cette éventualité passerait d’abord par une interconnexion électrique avec le Maroc, qui dépend à presque 90% de l’étranger pour ses besoins énergétiques, et qui importe de l’électricité d’Espagne depuis plus d’une décennie »
Pour l’expert, « l’Espagne et e Maroc ont de tout temps été ciblés par la Sonelgaz, précisant que Sonelgaz a un excédent de production de 400 mégawatts qu’elle veut exporter. En 2008, la société algérienne a signé deux contrats avec l’Office national de l’électricité du Maroc (PNE) sur le transit et l’échange d’énergie électrique. L’Algérie et le Maroc sont déjà très liés par une interconnexion pouvant transporter jusqu’à 1000 mégawatts dans les deux sens. Ce qui est un excellent pont pour pénétrer l’Europe » nous a-t-il dit.
Pour cet expert, « le Maroc est aujourd’hui un pays structurellement importateur. Aussi, le Maroc devra être une priorité pour exporter de l’électricité. D’autant plus qu’à ma connaissance, les deux connexions, qui lient les deux pays, permettent de transporter 1400 mégawatts d’électricité.», et de préciser aussi, que « la Sonelgaz a toujours chercher, à terme, à pénétrer durablement le marché espagnol, mais elle fait face à d’innombrables difficultés. Madrid a adopté une nouvelle loi interdisant aux entreprises productrices d’énergie de vendre directement leur électricité sur son marché. Pour contourner cette embûche, la société algérienne a changé ses statuts et s’est inscrite en tant qu’opérateur commercial sur le marché espagnol. Apparemment, cela n’a pas suffi » a-t-il expliqué.
Les ambitions de la Sonelgaz ne se limitent pas uniquement au marché européen puisque son PDG a soutenu que la production et le transport électriques pourraient être de très bonnes niches d’investissement », et que «le marché africain» est en ligne de mire. Aussi, le groupe s’emploie-t-il à nouer des partenariats « avec les entreprises européennes, et françaises, en particulier» ;
De même que le premier responsable de la Sonelgaz a fait part d’« un projet de réalisation, sur les 10 prochaines années, de plus 20.000 kilomètres de réseau haute et très haute tension, en plus de 350 postes haute tension », de quoi conforter les potentiels investisseurs sur les capacités de la Sonelgaz à concrétiser ses ambitions.
R. H.