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Accueil Analyses

En l’inscrivant dans une logique d’innovation et de recherche de l’excellence:  Projeter dans le futur la symbolique novembriste qui a rendu possible le 24 février 1971

Par Eco Times
26 février 2023
Dans Analyses
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Dr Mourad Preure, expert pétrolier international, président du cabinet Emergy International Strategic Consulting : «L’Algérie ne peut attendre grand-chose du marché pétrolier et du commerce gazier…»

L’Algérie célèbre le 52e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, dans un contexte énergétique particulier aux plans national et international. Quels étaient les enjeux pour l’Algérie, à la veille de sa décision de recouvrer sa souveraineté sur ses richesses en hydrocarbures ?

Par Dr Mourad Preure (*)

La décennie soixante fut celle des indépendances politiques. La décennie soixante-dix, brillamment ouverte par l’Algérie avec les nationalisations décidées par le président Houari Boumediène le 24 février 1971, fut désormais celle des indépendances économiques et de la revendication d’un Nouvel ordre économique international plus juste, ouvrant des perspectives nouvelles de développement pour les pays du Sud, particulièrement les pays producteurs d’hydrocarbures et de matières premières. La question de la souveraineté a été posée en termes visionnaires et offensifs par l’Algérie, considérant que les ressources naturelles contenues dans le sous-sol doivent servir le développement national et être soustraites à la convoitise des compagnies internationales. Ce ne fut pas sans mal puisque notre pays, qui reste jusqu’à ce jour sur une ligne souverainiste novembriste, n’a cessé et ne cessera jamais de subir l’hostilité des intérêts qu’une telle doctrine et la posture stratégique qu’elle induit desservent. 

La nationalisation des hydrocarbures en Algérie a eu un effet boule de neige puisque la majorité des pays producteurs, selon des formes diverses, ont suivi le mouvement. Ce  mouvement s’est accompagné tout naturellement par la naissance et la montée en puissance des compagnies nationales des pays producteurs, désormais acteur majeur de l’industrie pétrolière internationale.

Un acteur majeur, Soanatrach

Sans compagnie nationale, la nationalisation des hydrocarbures ne peut avoir de sens, cela va de soi. Comment exercer sa souveraineté sur ses ressources en hydrocarbures si l’on ne dispose pas d’une compagnie maitrisant la technologie pour être d’abord l’interface avec les compagnies internationales en incarnant l’état souverain, puis s’imposant comme acteur du jeu pétrolier international par essence extrêmement compétitif et porté par la technologie. Les compagnies pétrolières nationales (ou National Oil Companies, NOC), sont ainsi le grand acquis de l’histoire militante des pays producteurs et incarnent désormais la souveraineté de l’Etat producteur. Historiquement, la première fut la PEMEX mexicaine, née en 1938 après la nationalisation des hydrocarbures et le boycott de l’industrie pétrolière mexicaine par les compagnies étrangères. Une autre compagnie significative est la NIOC iranienne née après la nationalisation en 1952 des hydrocarbures de ce pays par le Premier ministre Mossadegh, bientôt déposé par des puissances étrangères pour cet acte patriotique. Sonatrach est née en 1963 dans l’élan novembriste une année après l’indépendance. Elle prendra toute son importance après la nationalisation des hydrocarbures le 24 février 1971 et l’héroïque mobilisation des cadres et techniciens algériens qui ont réalisé l’exploit de prendre en charge les installations pétrolières abandonnées par les techniciens étrangers et maintenir avec succès la production. Que l’on me permette, ici, de rendre hommage à ces hommes, parmi eux nos collègues disparus, les hommes de terrain Nazim Zouiouèche, Mohamed Djoua, Abdelwahab Benini, les formateurs Mohamed Fechkeur Mohamed Baghli. Sans oublier le « père des foreurs algériens » notre collègue Mohamed Brahimi, héros parmi les héros du 24 février, de notre ami Abdelaziz Krissat ainsi que notre ami Nordine Ait Lahoussine que Dieu leur prête longue vie. Certains exerçaient dans les compagnies étrangères, d’autres à Sonatrach, d’autres encore ont été directement affectés, depuis la caserne de Cherchell où ils effectuaient leur service national, vers les gisements que tous ont pris en charge avec un succès qui a surpris ceux qui pensaient que notre outil de production allait s’effondrer et notre pays avec. 

Toujours dans cette logique d’essence novembriste, la puissance pétrolière et énergétique nationale des pays producteurs ne repose plus aujourd’hui sur le niveau de leurs réserves et productions mais sur la compétitivité, la puissance de leurs compagnies énergétiques nationales. Celles-ci sont un domaine de souveraineté par excellence non pas pour les réserves qu’elles exploitent mais surtout pour le potentiel managérial et technologique, leurs articulations avec l’université et la recherche nationale. Cette posture stratégique leur ouvre des perspectives non plus seulement nationales, mais à l’instar de nombreuses NOC, dont les compagnies malaisienne, indonésienne et chinoises, de découvrir et produire, détenir des réserves hors de leurs frontières, renforçant ainsi la puissance pétrolière de leurs pays.

J’insiste pour dire que Sonatrach est le grand acquis de l’histoire militante pétrolière de l’Algérie. Il convient de la consolider, la mettre dans un sentier d’expansion robuste et durable. Il faut, dans ce sens, construire avec rigueur et méthode ses articulations avec l’autre énergéticien national, Sonelgaz, pour mettre en symbiose leurs expertises et leur développement, multiplier les convergences et les synergies entre elles. Il convient, tout autant de renforcer leur lien organique avec l’université et la recherche nationale de sorte à enclencher un cercle vertueux de fertilisation croisée où le développement scientifique et technologique de nos acteurs énergétiques soit porté par l’effort national de recherche, mais aussi de production d’expertise mené par l’université. Les universités écossaises d’Aberdeen et d’Edimbourg l’ont bien montré en profitant du développement pétrolier de la Mer du Nord pour devenir des références mondiales dans les technologies pétrolières et la production offshore. Pourquoi pas nos universités de Ouargla, de Laghouat et d’Adrar, de Boumerdes, d’l’USTHB, l’USTO, etc. qui ont à leur disposition des experts de Sonatrach opérant sur les gisements et qui ne rêvent que de s’épanouir en prolongeant leur expérience opérationnelle par une activité universitaire et de recherche ? Nos universités doivent viser l’excellence scientifique et bénéficier de l’effet de levier de l’expansion de nos acteurs énergétiques, leur engagement avec succès de ce fait dans les grands challenges technologiques de l’industrie énergétique mondiale. Ceux-ci portent autant sur les hydrocarbures avec l’amélioration de la performance de l’exploration, y compris dans les zones frontières, en mer profonde notamment, mais aussi l’augmentation du taux de récupération des gisements en exploitation. 

Le pétrole au service du développement

Dans le domaine en fort progrès de la transition énergétique, il s’agit pour nos énergéticiens de ne pas se suffire de la position passive d’acheteurs de technologie (se contenter d’importer des installations solaires ou éoliennes c’est se complaire dans un dépendance technologique renouvelée !) et exportateurs d’énergie mais de maitriser, dans le cadre de partenariats stratégiques, tout ou partie des chaines de valeur dont seront issues les énergies vertes de demain, solaire hybride-gaz, hydrogène, etc. Cette articulation organique entre nos énergéticiens et avec nos universités est un impératif stratégique majeur pour notre pays. Dans le même sens, la mobilisation de toute l’expertise algérienne, celle opérant en Algérie (sans oublier l’immense gisement que constitue toute l’intelligence injustement marginalisée dans notre pays) mais également, selon des formes adaptées, innovantes, toute l’intelligence opérant à l’étranger, souvent chez des entreprises leaders technologiques, et qui ne demande qu’à servir son pays.

Comment évaluer le chemin parcouru jusque-là par l’Algérie dans le développement de son secteur énergétique, ses investissements, ses ressources humaines, son poids sur le marché international ? Je crois que la réponse coule de source et met à mal les incantations défaitistes présentant le pétrole comme une malédiction pour les pays producteurs, et notre pays en général. Le pétrole, selon la vision du président Boumediène et des dirigeants de l’industrie et de l’énergie qui l’entouraient, est une chance historique de développement. La présence de nos importantes ressources en hydrocarbures, avec les revenus générés a financé le développement national avec l’émergence d’une industrie moderne, mais surtout une politique d’éducation et de développement d’infrastructures conséquente. Elle a surtout créé les conditions pour l’émergence d’une expertise nationale dans une industrie de pointe comme celle des hydrocarbures. Cette expertise et l’expérience accumulée sont portées par les femmes et les hommes qui font la puissance de Sonatrach, lesquels, formés à l’école algérienne opèrent des installations comparables à d’autres similaires aux Etats-Unis, en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Cette expertise opère en Algérie et est essaimée dans d’autres théâtres d’opération pétroliers et gaziers. Il est notoire que les installations gazières qataries, par exemple, sont opérées par des ingénieurs algériens formés par Sonatrach, tout comme il est tout aussi notoire que la compagnie nationale pétrolière émiratie, l’ADNOC a été créée et développée, sur demande des dirigeants de ce pays à l’Etat algérien, par des ingénieurs algériens envoyés par Sonatrach.

Aujourd’hui, l’industrie énergétique mondiale est, avec les conséquences néfastes des désordres climatiques, devant l’impératif de se renouveler et prendre en charge la transition vers un modèle de consommation énergétique non carboné, non fossile. Les compagnies pétrolières sont à l’avant-garde de ces challenges et se transforment en conséquence. Tout ceci nous oblige à repenser le modèle technologique et managérial de Sonatrach, nous y reviendrons.

Je ne peux conclure ce point sans un rappel, une mise en garde, un bémol. Notre pays a souffert et souffre encore du syndrome hollandais, le fameux « Dutsch disease » qui se résume à ce constat : La prospérité pétrolière et l’afflux de ressources financières dues aux exportations d’hydrocarbures rend possible un niveau anarchique d’importations tel qu’il inhibe et détruit tout le tissu industriel local. La conséquence est que nos entreprises, quand elles ne sont pas à l’agonie, souffrent le martyre devant la concurrence de produits étrangers et finissent malheureusement par disparaitre. Cette situation induit une dynamique destructrice avec pour conséquence une dépendance extrême vis-à-vis des exportations d’hydrocarbures et une dangereuse exposition aux cycles, par essence volatils et imprévisibles, du marché pétrolier. La réponse impérative est une politique prudentielle et encouragement de l’offre avec un patriotisme économique affirmé fondé sur cinq principes : (i) préférence nationale ; (ii) soutien de l’Etat à la compétitivité et à l’innovation des entreprises nationales et encouragement des start-ups ; (iii) protection des entreprises nationales publiques et privées contre des prédateurs étrangers ; (iv) l’intelligence économique doit être une politique publique, au même titre que la santé et l’éducation, soutenue par l’Etat qui doit aider les entreprises, particulièrement les PME à lire le jeu concurrentiel. L’Etat doit soutenir leur développement international à travers l’appareil diplomatique ; (v) L’Etat doit porter son attention sur les articulations entre universités et entreprises, orchestrer les processus de fertilisation croisée université-industrie et l’émergence de processus innovants traversant et innervant le tissu industriel et universitaire. 

La crise énergétique actuelle, née notamment des considérations géopolitiques, de quelle manière peut-elle constituer une opportunité pour l’Algérie, et notamment Sonatrach, afin de se positionner à l’international ? De fait, la crise énergétique que traverse l’économie mondiale, particulièrement européenne est multidimensionnelle. Sa survenance a aggravé une crise systémique en situation de latence depuis la conclusion de la crise économique de 2008 et l’intervention vigoureuse des Etats occidentaux à travers la baisse des taux d’intérêts et le « quantitative easing » (plus prosaïquement la planche à billets) pour sauver leur système financier et contenir les dommages occasionnés à l’économie réelle qui s’est retrouvée lui être assujettie. La crise systémique qui ne pouvait que perdurer avec le surendettement des Etats et une politique de taux d’intérêts bas, négatifs même en Europe, a été violemment télescopée par la crise du COVID qui a contracté la croissance tout en obligeant les Etats à mettre encore une fois la main au portefeuille pour soutenir leurs entreprises, s’endettant davantage encore. L’Europe ne s’en est pas remise avec comme conséquence un ralentissement brutal de la croissance aggravé par la désorganisation des chaines de valeur dépendant d’entrants venant de Chine. Dans ces conditions, le modèle communautaire européen s’est trouvé ébranlé dans ses fondements avec comme épicentre de la crise la zone euro dont l’avenir semble plus que jamais incertain. C’est ainsi que pour contenir la surchauffe de leurs économies, autant la FED américaine que la BCE ont opté pour une hausse des taux d’intérêt directeurs, tendance qui sera difficile d’arrêter. La hausse des taux directeurs, si elle contient la consommation, décourage l’investissement nécessaire à la reprise. Elle a surtout pour effet de renchérir le service de la dette souveraine. Les pays Sud-européens, toujours mis en demeure d’accroitre leurs déficits publics pour contenir l’inflation sur l’énergie, risquent de se retrouver dans des situations d’impasse. La crise ukrainienne a surpris l’Europe et les Etats-Unis dans des situations de récession et une inflation atteignant déjà les deux chiffres. Le choc subi par l’Europe particulièrement du fait de la crise ukrainienne est donc un choc exogène qui a aggravé les tendances à l’œuvre. Le prix de l’énergie fait partie du problème, mais n’en n’est tout au plus que le détonateur d’un enchainement chaotique dont il est difficile aujourd’hui de prévoir les effets déflagrants. Il va de soi que les pays européens, en s’engageant activement dans cette crise, ont sous-estimé leur vulnérabilité, et plus encore l’exceptionnelle résilience de l’économie russe.

Les défis et priorités de Sonatrach

Les priorités de Sonatrach en découlent de source. Sonatrach ne peut se défaire de cette double caractéristique. Elle est en même temps un domaine régalien de souveraineté que nous devons renforcer et protéger, surtout en la projetant dans le futur, en lui donnant les moyens de remporter les challenges technologiques qui façonneront irréversiblement la scène énergétique de demain. Sonatrach est aussi une compagnie qui évolue dans un environnement hautement compétitif et qui doit se renforcer sur les plans managérial et technologique, qui doit disposer de la liberté de mouvement (sous la haute autorité de l’Etat propriétaire, bien entendu) pour se mouvoir dans cet environnement compétitif, particulièrement violent, saisir les opportunités (acquérir des actifs à l’étranger par exemple si elle se trouve face à des « pépites « en difficultés) et se prémunir des menaces. Dans ce sens Les articulations entre Sonatrach, Sonelgaz, les entreprises publiques et privées nationales, surtout l’université et la recherche, doivent être examinées avec soin afin que notre pays puisse disposer, d’un acteur coordonné, agissant avec harmonie et efficience pour tirer avantage des ouvertures stratégiques que permet la fenêtre d’opportunités ouverte par la crise économique et énergétique mondiale, qui risque de se refermer plus rapidement que prévu, qui a très peu de chances de se rouvrir dans le futur. Nous avons là une chance d’opérer une accélération décisive dans le processus d’émergence de notre pays. Il faut impérativement la saisir. Dans cette même perspective, et j’y reviendrai dans le point suivant, l’Algérie, si elle se trouve dans une posture idéale en tant qu’exportateur de gaz au moment où l’Europe vacille du fait de choix énergétiques hasardeux, se doit de venir au secours de l’Europe (car elle n’a pas intérêt à ce que l’Europe implose dans un enchainement chaotique aux conséquences imprévisibles qui ne peuvent ne pas nous atteindre), mais en posant ses conditions. Pour cela, nous devons opter pour une posture offensive et opérer un véritable renversement de perspective stratégique. Nous ne devons plus être une source, un exportateur d’énergie. Forts de nos ressources en hydrocarbures, de notre ensoleillement exceptionnel et de notre expertise technologique incarnée par Sonatrach, nous devons postuler avec succès à figurer parmi les acteurs qui modèleront la scène énergétique de demain. Pour cela, la voie royale, vu la précarité énergétique de l’Europe, est de prendre conscience que notre pouvoir de négociation n’a jamais été aussi fort et construire avec des champions technologiques et industriels européens des partenariats stratégiques avec des champions industriels, mais aussi des PME européennes. Ceux-ci sécuriseront l’approvisionnement énergétique de l’Europe en même temps qu’ils seraient des pôle de rayonnement, des locomotives pour nos énergéticiens, nos PME, nos universités. Ils exerceront un effet de levier pour le développement scientifique et technologique national, pour une création pérenne de richesses et d’emplois. Les domaines embrassés par ces partenariats stratégiques structurants seraient les hydrocarbures, les énergies vertes, la pétrochimie, la chimie de spécialité et les filières industrielles qui y sont liées. Nous n’excluons pas ici les opérations de co-localisation d’entreprises européennes aujourd’hui à l’agonie du fait du prix de l’énergie et qui, assureraient leur salut par le fait de leur implantation en Algérie dans le cadre de partenariats stratégiques avec des liens de capital.

La transition énergétique, cet autre challenge

Il nous serait dangereux et déraisonnable de tourner le dos à la transition énergétique. Le monde opère sa transition vers une énergie non carbonée. A l’image de l’Europe, il le fait souvent dans le désordre, en sous-estimant les conséquences organiques et économiques du caractère intermittent des énergies renouvelables. L’écologie a été excessivement idéologisée au point que des partis sont créés, s’en réclamant et orientant la politique énergétique, souvent erratique, des Etats. L’Europe, qui fut l’une des causes majeures du premier choc gazier de l’histoire (les prix du gaz ont augmenté de 600% en 2021 !), qui a brisé son élan et dissipé son expertise dans l’énergie électronucléaire est aujourd’hui à la croisée des chemins et en attentes d’ouvertures stratégiques qui permettraient à ses entreprises énergétique, et surtout son exceptionnel potentiel de recherche fondamentale et appliquée, de construire un équilibre énergétique durable et visionnaire. L’Algérie, partenaire énergétique historique à la fiabilité reconnue, mais aussi le plus proche, de l’Europe, présente un potentiel en mesure de replacer les entreprises énergétiques mais aussi industrielles européennes dans des domaines adjacents, dans le peloton de tête des acteurs de la transition énergétique. Notre expertise industrielle dans le domaine de l’énergie, nos ressources en gaz, notre ensoleillement exceptionnel font qu’incontournablement, nous faisons partie de la solution. Nous disposons de 3 500 heures d’ensoleillement au Sud, soit 86% du territoire national, et 2 650 heures dans les hauts plateaux. Chaque kilomètre-carré de notre immense pays peut produire 2 000 Kwh par ans. Nous disposons aussi d’immenses ressources en gaz qui nous qualifient pour produire en abondance de l’énergie pilotable à travers des centrales hybrides solaire-gaz. L’Europe traverse une crise avec une période critique minimum de trois à quatre ans où il ne peut exister de substitut économique aux 170 milliards de m3 de gaz russe, soit 41% des besoins. Construire des usines de regazéification prend du temps au regard des besoins. Au surplus, le GNL importé sera toujours plus cher que le gaz fourni par gazoduc. L’Algérie est une pile électrique à ciel ouvert. Elle peut fournir de l’électricité verte pilotable à travers des centrales hybrides solaire-gaz dans des délais plus courts et à un coût moindre. Il faut néanmoins que les énergéticiens européens investissent en Algérie dans le cadre de partenariats stratégiques (qui, au travers de joint-ventures peuvent comporter des liens de capital) avec Sonatrach. Ce faisant, ces capacités de production d’énergie verte qui pourraient aussi être adressées pour partie au marché national, libèreraient rapidement, des capacités d’exportation de gaz naturel auparavant consommées localement, vers le marché européen. Dans le même sens, l’exportation d’électricité verte est une option dont le rapport coût/délai est le plus favorable au vu des besoins impératifs européens. En fait, Sonatrach, en devenant l’axe d’un Partenariat de type nouveau avec les énergéticiens européens, se placerait activement dans les grands challenges technologiques et industriels de la transition énergétique et décuplerait sa force en tant que pôle d’entrainement, locomotive, pour les entreprises, les universités et la recherche algérienne. Dans le même temps, et puisque les hydrocarbures représenteront jusqu’à la mi-siècle près de la moitié de la demande énergétique mondiale, Sonatrach s’ouvrirait la voie, du fait des avantages comparatifs naturels de notre pays et de son expérience industrielle, pour accélérer son développement national et international dans les hydrocarbures, avec pour objectif de détenir des réserves hors de nos frontières et maitriser les technologies d’avenir autant dans l’augmentation du taux de récupération des gisements en exploitation que dans la production en mer, surtout en mer profonde (au-delà des 2000 mètres de profondeurs) ce qui lui permettrait d’optimiser son intervention dans nos réserves en mer et les valoriser.

La contribution des entreprises nationales publiques et privées ainsi que l’université dans la stratégie énergétique nationale est essentielle. Vu son importance, je vais clarifier encore quelques aspects que je juge importants. Lorsque nous affirmons que les hydrocarbures sont une chance historique de développement et qu’il faut opérer impérativement un renversement de perspective stratégique et nous placer désormais, non plus comme source, exportateur passif, mais comme acteur, agent actif des reconfigurations en cours de la scène énergétique mondiale nous affirmons en même temps qu’il nous revient de régénérer la symbolique novembriste qui a porté et rendu possible le challenge du 24 février. Régénérer la symbolique novembriste qui explique l’exceptionnelle résilience de notre pays devant les périls qui l’ont frappé la décennie noire notamment, signifie projeter cette symbolique novembriste dans le futur et l’inscrire dans une perspective d’innovation, de compétitivité et de recherche de l’excellence. Lorsque nous parlons des articulations nécessaires entre Sonatrach et l’université algérienne, avec l’intelligence algérienne essaimée à l’étranger, il s’agit d’une perspective multidimensionnelle qu’il nous revient de concevoir et mettre en œuvre dans une démarche volontariste et visionnaire. L’intelligence et le patriotisme sont la véritable richesse renouvelable de notre pays, nous le souligons. Nous devons avoir un regard prospectif sur la marche du monde et ne plus nous suffire de la posture du suiveur mais viser à figurer parmi les faiseurs de règles, les casseurs de règles comme l’ont été les Tigres asiatiques aujourd’hui leaders dans des domaines clé comme l’électronique, le génie logiciel et l’intelligence artificielle. Si les hydrocarbures devaient être une chance historique de développement, il nous faut nous en servir comme pouvoir de négociation pour construire des partenariats stratégiques avec des leaders technologiques d’avenir. Il nous faut mettre en ordre de bataille nos universités et nos entreprises pour construire le futur, entrer en conquérant (non plus comme un consommateur de technologies) dans la Quatrième révolution industrielle où domineront l’intelligence artificielle, le big data, les objets connectés et le génie logiciel en général. Il nous faut penser dès maintenant à mettre en ordre de bataille aux côtés de Sonatrach et de nos universités, un futur leader technologique dans la digitalisation comme MOBILIS qui doit être désormais considéré, au même titre que Sonatrach ou Sonelgaz comme un domaine de souveraineté. Cela, car la puissance ne reposera plus seulement à l’avenir sur l’énergie et l’innovation, mais sur ce qui en décuplera la force créatrice, la digitalisation, domaine patrimonial par excellence et qui ne peut être confié à quelque volonté étrangère.

A l’instar de nos ainés de Novembre qui ont inspiré les femmes et les hommes du 24 février, nous devons viser à conquérir le futur et créer les conditions de l’émergence de notre économie et de la puissance de notre pays. Cela signifie qu’il est possible et essentiel, que nous avons la responsabilité historique de mettre cette symbolique entre les mains de notre jeunesse. Il nous revient, de donner à nos jeunes l’occasion de construire leur propre légende, à l’instar de leurs ainés de Novembre et du 24 février. Que cette intelligence algérienne vive et active en Algérie ou à l’étranger. Il est de son droit de rêver porter haut la puissance de la Nation et son indépendance et construire ainsi sa propre légende. Voilà le défi.

M. P.

Les intertitres sont de la rédaction

(*) Expert International en Energie

Enseignant et Consultant en Stratégie et Géopolitique de l’Energie

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