Selon les chiffres avancés, par le Premier ministre, ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, l’épargne nationale est passée de 2 623 milliards de dinars fin 2018 à 2 860 milliards de dinars fin juin 2021, soit une hausse de seulement 9% en trois ans. Si notre pays s’en sort assez bien par rapport au Maroc et à la Tunisie, «ce niveau d’épargne, étant correct pour le volume de l’économie algérienne, mais reste faible par rapport aux potentialités auxquelles nous aspirons à parvenir», selon le Premier ministre, ministre des Finances, M. Benabderrahmane, qui l’a affirmé lors de la journée d’information organisée par l’Association professionnelle des banques et des établissements financiers (Abef), à l’occasion de la Journée mondiale de l’épargne.
Par Réda Hadi
Bien que son rôle soit important pour la croissance économique, l’épargne en Algérie reste le maillon faible des établissements financiers. Une faiblesse accentuée par les réticences des Algériens à vouloir épargner. Des réticences expliquées par des économistes, qui affirment que nos concitoyens ont peu confiance dans notre système bancaire qui est peu attrayant, un accroissement du dogme religieux qui interdit les intérêts, et la facilité pour beaucoup, d’avoir à disposition du cash immédiatement, sans aucune traçabilité.
De plus, si le financement de l’économie est fondé sur l’épargne budgétaire, la mobilisation de l’épargne domestique ne semble pas constituer une priorité pour les banques. Et si le secteur privé n’occupe qu’une part marginale dans le portefeuille des banques, il a, toutefois permis aux banques de «conserver un certain professionnalisme dans les métiers de banque universelle.» affirment-ils.
Déficit de confiance
Le premier Ministre et Ministre des finances, a tenu a rappeler «l’importance majeure» que représente l’épargne, en tant que, «premier catalyseur de la croissance économique, au regard de sa contribution au financement de l’économie» et a appelé l’ensemble des acteurs du secteur financier, notamment les banques, à faire preuve «davantage de mobilisation pour augmenter le taux de l’épargne nationale». Et c’est dans ce sens que M. Benabderrahmane, a procédé à l’installation officielle de l’Observatoire national de l’épargne, composé de représentants des banques et des sociétés d’assurances, de l’Office national des statistiques (ONS), du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), ainsi que d’experts du secteur.
Billel Aouali économiste et consultant explique cette faible épargne par «un manque total de confiance envers les banques accusées de ne vouloir qu’en tirer profit, sans rien proposer. De plus, avec un marché informel qui ne cesse de grandir, comment voulez-vous que quelqu’un mette son argent dans une banque, et prendre le risque d’une traçabilité ?», et de préciser aussi: «Epargner, sous-entend une certaine aisance financière, or avec un pouvoir d’achat en constante régression et coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, difficile aussi d’épargner Aussi, la mobilisation de l’épargne qui dort, notamment dans le marché informel, est importante, et les banques, par de nouvelles initiatives devraient pouvoir agir pour la capter et trouver les moyens de rétablir la confiance des acteurs de l’informel dans les banques. Par exemple, en mettant en place un plan de communication efficace qui promeut l’épargne et conforte la culture de l’inclusion financière, à même d’attirer les fonds thésaurisés sous les « matelas », et la masse monétaire circulant dans le circuit informel»
« Cependant » estime M. Aouali, «La tâche est difficile, du fait de la nécessité de tenir compte de nombreux facteurs, comme l’inflation et les taux d’intérêts qui échappent à l’emprise des banques. Or, un taux de placement bas et une inflation élevée n’incitent pas les ménages à déposer leur argent dans une banque, en utilisant des comptes épargne. Aussi, est-il important d’instaurer un fonds de placement à même de garantir les rendements des placements des épargnants. Peut-être que l’Observatoire national de l’épargne aura les capacités de jouer ce rôle moteur » espère-t-il.
R. H.