Warning: mysqli_query(): (HY000/1194): Table 'wp_options' is marked as crashed and should be repaired in /home/ecotimesdz/public_html/wp-includes/class-wpdb.php on line 2351
En dépit des progrès réalisés par l’agriculture : De nombreux défis demeurent - ECOTIMES

En dépit des progrès réalisés par l’agriculture : De nombreux défis demeurent

En dépit des progrès réalisés par l’agriculture : De nombreux défis demeurent

L’Algérie s’est lancée dans un vaste programme de développement de l’agriculture pour garantir la sécurité alimentaire du pays. Toutefois, en dépit des progrès réalisés ces dernières années, avec notamment une production agricole de 37 milliards de dollars en 2024, de nombreux défis demeurent, affirme le Pr. Ali Daoudi, docteur en agronomie.

 Par Akrem R.

Lors de son intervention à la 2e édition de la Conférence économique « Défis financiers mondiaux 2030″, organisée, jeudi, sous le thème « Souveraineté alimentaire, inclusion financière et économie de la croissance », Ali Daoudi a souligné que la sécurité alimentaire est la responsabilité collective de la société entière, préconisant une approche équilibrée et réfléchie pour le secteur agricole algérien.

L’intervenant a mis l’accent sur l’autosuffisance alimentaire, l’innovation technologique, et le rôle stratégique des industries agroalimentaires pour la transformation et l’insertion de l’Algérie dans les chaînes de valeur mondiales.

Il a plaidé également pour un débat national sur le modèle agricole à adopter, tout en restant vigilant face aux défis liés aux ressources naturelles limitées.

« La population algérienne continue de croître de manière très significative. On sera à 60 millions d’alimentaires d’ici 2050. Ça veut dire qu’il faut produire beaucoup plus que ce que nous produisons aujourd’hui. Nous sommes 45 millions aujourd’hui et nous avons du mal à s’auto-suffire au produit agricole même si nous réalisons des progrès considérables. Mais ça reste quand même un challenge qui n’est pas encore atteint, alors que dans les prochaines décennies, on sera beaucoup plus nombreux. Ça veut dire qu’il faut encore produire davantage que ce que nous produisons aujourd’hui et dans des meilleurs, avec une qualité supérieure pour préserver parce qu’il y a une population beaucoup plus exigeante en termes d’alimentation», souligne-t-il.

Donc l’effort, les défis sont très importants. Et «nous sommes devant une équation quand même qui reste difficile à équilibrer», dira-t-il.

D’un côté, une demande qui augmente sous l’effet de la croissance démographique et sous l’effet de l’amélioration du pouvoir d’achat.

Mais de l’autre côté, «la capacité de production est limitée par des facteurs structurels qui sont d’abord les conditions climatiques au Nord qui sont en train de fragiliser un pan entier de l’agriculture algérienne et de mettre en difficulté cette agriculture».

Deux modèles agricoles à développer

Sur ce point, l’agronome a affirme que « nous avons la chance d’être dans un pays qui a des ressources dans le sud et nous sommes en train de développer notre agriculture qui soit un peu moins dépendante des conditions climatiques mais qui est quand même dépendante et qui nous sont en train de développer dans un environnement extrêmement difficile sur le plan naturel où nous avons des phénomènes extrêmes d’aridité, de salinité, etc. pour lesquels il va falloir produire des innovations.

Donc les défis de la sécurité alimentaire et de la souveraineté alimentaire sont énormes encore pour l’Algérie.

Pour lui, il est plus que nécessaire de développer deux modèles agricoles pour l’Algérie. Il y a le modèle de l’agriculture productiviste dans lequel «on mise sur l’amélioration rapide et continue de la productivité par de l’investissement dans les différents facteurs de production notamment technologique».

Quant au deuxième modèle, l’agronome a plaidé » pour une agriculture multifonctionnelle au nord, qui, en plus de produire des aliments, aurait pour mission de créer de l’emploi, de préserver les paysages et d’assurer le développement des territoires ruraux tout en contribuant à l’équilibre écologique.

Dualisme agricole et société

Daoudi a soulevé la question de la société algérienne face à un agriculture duale, où certains territoires auraient une agriculture moins productive mais générant d’autres services à la société, comme la préservation de l’environnement et des territoires ruraux.

Il a estimé que la société devrait être prête à accepter ce modèle et à en payer le prix, car cela représente un élément crucial pour la sécurité globale du pays.

En résumé, Ali Daoudi a mis en lumière les défis à venir pour assurer la sécurité alimentaire en Algérie, insistant sur l’importance de préparer l’agriculture du futur et de débattre des modèles à adopter.

Il a également souligné la nécessité de trouver un équilibre entre productivité et durabilité environnementale pour répondre aux besoins des générations futures.

«L’agriculture est un secteur multifonctionnel qui travaille pour la sécurité alimentaire mais qui dans d’autres contextes travaille aussi pour produire d’autres fonctions pour la société. Est-ce que notre société aujourd’hui est prête à un secteur agricole qui se transforme dans une logique de dualisme voulu, accepter et quand on accepte ce dualisme agricole, il faudrait que la société accepte de payer le prix pour maintenir cette agriculture peu productive mais qui génère pour la société des services autres que les services de production de biens agricoles qui sont la préservation du patrimoine naturel mais aussi la préservation de l’identité des territoires ruraux qui représentent l’essentiel de notre grand pays et qui sont des éléments importants de la sécurité globale de ce pays », détaille-t-il.

Lors de son intervention, Ali Daoudi a abordé plusieurs points cruciaux concernant le modèle agricole à adopter en Algérie pour atteindre la souveraineté alimentaire, tout en tenant compte des contraintes naturelles et des défis liés à l’environnement.

Création d’un modèle agricole adapté

Daoudi a souligné qu’il est essentiel pour l’Algérie de créer son propre modèle agricole, en tirant néanmoins des enseignements des expériences internationales.

Il a mis en garde contre les erreurs des modèles agricoles dans les zones désertiques, citant l’exemple de la Californie et du sud de l’Espagne, qui ont souffert de difficultés liées aux ressources naturelles limitées, notamment l’eau. Ainsi, l’Algérie doit éviter de reproduire ces erreurs.

L’intervenant a remis question le modèle agro-exportateur pour l’Algérie, particulièrement en raison des ressources limitées, notamment l’eau.

Selon lui, certains pays ayant adopté ce modèle se posent aujourd’hui des questions sur ses avantages.

L’Algérie, avec ses conditions climatiques difficiles, devrait peut-être se concentrer davantage sur l’autosuffisance alimentaire plutôt que sur l’exportation à tout prix.

Il a plaidé pour un débat sur cette question, notamment sur la valorisation de l’eau virtuelle (par exemple, en exportant des produits agricoles qui consomment beaucoup d’eau).

Priorité à l’autosuffisance alimentaire

Daoudi défend l’idée que l’Algérie devrait avant tout se concentrer sur la production des aliments de base pour assurer sa sécurité alimentaire, et ne pas dépendre d’exportations massives de produits agricoles nécessitant des ressources naturelles limitées.

Toutefois, il a estimé qu’il est possible d’exporter certains produits à haute valeur ajoutée, mais cela ne doit pas être fait « à n’importe quel prix ».

Dans ce cadre, l’agronome a mis en avant le rôle des industries agroalimentaires comme levier de développement.

Ces industries peuvent renforcer la sécurité alimentaire du pays en facilitant la transformation des produits agricoles et en accompagnant l’innovation dans le secteur agricole.

Grâce aux investissements réalisés au cours des 20 à 30 dernières années, «l’Algérie a acquis des capacités de transformation et une maîtrise technologique qui lui permettent de se positionner sur le marché mondial en tant que transformateur de produits agricoles importés », souligne-t-il.

Enfin, Daoudi a insisté sur l’idée que l’agriculture ne doit pas être vue isolément. Elle doit être un socle pour la sécurité alimentaire, mais l’Algérie doit aussi développer d’autres secteurs industriels pour diversifier son économie.

L’agriculture doit ainsi s’intégrer dans une dynamique plus large, où l’industrialisation et l’innovation joueront un rôle crucial pour la croissance économique et l’exportation, sans surcharger les ressources naturelles.

A. R.

Quitter la version mobile