En Algérie, le caroubier reste très négligé et n’a pas encore eu la place qu’il mérite dans les programmes de reboisement, et ce, malgré les retombées socio-économiques que cette plante peut avoir à l’échelle nationale et surtout régionale.
Par Akrem R.
Selon les statistiques fournies par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 2000 la surface cultivée en caroubier en Algérie était de l’ordre de 1210 ha.
12 ans plus tard, la surface s’est rétrécie à 821 ha seulement. La production, quant à elle, est passée de 3952 tonnes en 2000 à 3136 en 2012. Malgré son vaste territoire et ses capacités, l’Algérie est à la traîne parmi les pays méditerranéens producteurs de caroube, loin derrière l’Espagne, la Grèce, l’Italie et les autres pays. En cette période de reboisement, les pouvoirs publics, notamment les forestiers sont appelés à la réservation des espaces en plus pour la culture du caroubier afin de garantir un développement durable des zones rurales et pour contribuer à la protection des sols et à la lutte contre la désertification.
Les utilisations de Ceratonia siliqua sont nombreuses et sa valeur fourragère peut contribuer à l’amélioration des potentialités pastorales du pays. L’intérêt économique des fruits est incontestable et explique la culture en irriguée du caroubier dans plusieurs pays méditerranéens, notamment en Espagne et en Grèce. En outre, cette essence assure la subsistance et la stabilisation de la population rurale et permet ainsi de limiter le phénomène de l’exode rural.
Toutefois, il est nécessaire d’intensifier les recherches et de développer les filières de production et d’industrialisation des différents produits de cette essence. Sa valorisation sur tous les plans : médicinal, agroalimentaire et industriel, jouera sans doute un rôle majeur dans l’amélioration de son exploitation, ainsi que dans la réévaluation des procédés de son implantation.
Toutes les composantes de l’arbre (feuillage, fleur, fruit, bois, écorce, racine) sont salutaires, et ont de la valeur à l’instar l’ornementale et paysagère. Ainsi, il est considéré comme l’un des arbres fruitiers et forestiers qui représente le plus grand potentiel de valorisation grâce à sa richesse en éléments nutritifs qui a suscité l’attention de plusieurs chercheurs, mais surtout pour ses graines et qui font l’objet de transactions commerciales dont la valeur dépasse de loin celle de la production ligneuse. Ainsi, les gousses entières, la pulpe, les graines et la gomme font l’objet d’un commerce important en direction de l’Europe et sont largement utilisées dans l’industrie agro-alimentaire. La pulpe de la caroube est un substitut naturel du chocolat, qui est souvent grillée et broyée pour avoir une poudre de couleur marron à arôme de chocolat, quant aux graines on extrait la gomme (E410) provenant de l’endosperme très utilisée dans la formulation de plusieurs aliments (alimentation, confiserie,..) la cosmétique et l’industrie pharmaceutique comme agent épaississant, gonflant, liant et stabilisant dans les préparations des émulsions.
Des travaux de recherches et mémoires de fin d’études réalisés par des étudiants universitaires à travers le pays ont montré que la valorisation de la courbe permettra aux industriels locaux de faire des gains importants en réduisant le recours à l’importation de la matière première de l’étranger, notamment pour l’industrie agroalimentaire (élaboration d’un yaourt, production du chocolat a base du caroubier, farine de caroube).
En termes de perspectives et vu l’intérêt de valorisation du caroubier et son impact surtout dans le secteur Agro- alimentaire il serait intéressant et dans l’obligation des autorités responsables de mettre en place des programmes de développement agricole de la filière du caroubier afin d’appuyer le quotidien de la population rurale qui endure une vie difficilement surmontable. La cératoniculture peut être un des moyens permettant la concrétisation de ces programmes de développement. Par ailleurs, il faut inciter les industriels à l’utilisation des dérivés du caroubier dans la fabrication de produits alimentaires, pharmaceutiques…etc., tout en les encourageant à promouvoir par le biais du pouvoir marketing la consommation de leurs produits.
En conclusion, le caroubier a démontré dans le passé et continu, à travers ces multiples usages de prouver son importance économique, sociale et environnementale notamment dans le bassin méditerranéen. Cependant, la méconnaissance dont il fait l’objet freine son éventuelle amélioration et la possibilité de recouvrer et d’étendre son aire de répartition. Néanmoins, cette tendance peut très bien changer, puisque la sécheresse qui sévit dans la région méditerranéenne et qui à en croire les récentes études, va d’ici la fin du siècle prendre des dimensions alarmantes laisse présager un futur meilleur pour la culture du caroubier.
A. R./agences