En dépit des avantages que présente la Bourse d’Alger : Les entreprises sceptiques
La dynamisation de la bourse d’Alger est une nécessité absolue. En dépit des avantages que présente cette place financière, elle demeure en situation de léthargie: seulement 5 entreprises sont cotées en bourse.
Akrem R
Les capitaux échangés au cours des six premiers mois de 2021, ont dépassé les 44 milliards de DA et le volume des délibérations a connu une augmentation durant cette même période pour atteindre 192 délibérations contre 97 en 2020, a fait savoir, hier, le Directeur général de la Bourse d’Alger, Yazid Benmouhoub.
Des chiffres qui restent en-deça des attentes et loin du potentiel existant dans un pays comme l’Algérie. Conscient de cette réalité, le gouvernement tente, depuis des années, de dynamiser cette institution, en vain. Pourtant, la situation financière difficile de notre pays, aggravée par la pandémie de la Covid-19, impose aux pouvoirs publics et même aux entreprises de revoir leur copie, notamment, en matière de financement. En l’absence de fonds d’investissements, les Banques, ou le financement classique, ne sont pas en mesure de répondre à la forte demande des investisseurs. D’ailleurs, à cause de ce problème, beaucoup de projets ont été, tout simplement, gelés, en attendant de trouver les capitaux nécessaires pour les concrétiser. La solution est, de l’avis de beaucoup d’experts, du côté de la Bourse d’Alger. Cette dernière est en mesure, en effet, de réduire la pression sur les banques et le Trésor public, notamment pour les entreprises du secteur public. Yazid Benmouhoub, qui s’exprimait sur les ondes de la radio nationale «chaîne I», hier, a salué la décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de procéder à la refonde du marché financier en Algérie, en donnant plus d’importance à la Bourse d’Alger.
D’ailleurs, l’ouverture de capital de certaines entreprises et banques sera entamé en 2022. Ceci aura, certainement, un effet positif sur la place financière, en incitant d’autres entreprises à y adhérer. Dans ce cadre, l’intervenant a déclaré que le marché boursier est prêt à recevoir de telles opérations, rappelant que les bénéfices des actions cotées en bourse, atteignent un rendement entre 6,25% à 10% et sont totalement exonérés d’impôts.
Manque de culture économique
Dans ce cadre, Hamza Boughadi, expert en économie, a indiqué que la Bourse est l’un des plus vieux instruments économiques, considéré comme un véritable pilier de l’économie libre et le carrefour du marché financier. Malheureusement en Algérie, «on arrive toujours pas à instaurer ces outils économiques et répandre cette culture afin d’impliquer tous les acteurs économiques et même les citoyens dans l’activité commerciale et économique du pays.
Les placements, les titres, le rachat, les actions le trading restent encore méconnus chez nous». Un grand travail reste à faire, notamment, en matière de communication sur l’importance de la Bourse et sa capacité d’absorber l’argent de l’informel.
Pour booster, réellement, ce mécanisme, dira-t-il, il est plus que nécessaire de numériser pratiquement tout, pour pouvoir encadrer et lancer ce mode économique.
Pour sa part, Houari Tigharsi, ex-parlementaire et enseignant universitaire, a expliqué le non développement de la Bourse par le refus d’adhésion des entreprises qui ne veulent pas avoir de partenariats. Alors que, explique-t-il, c’est à travers un partenariat qu’on peut élargir les activités de l’entreprise et répondre, également, au besoin en financement. « Nous devons ancrer un nouveau esprit et culture au sein de l’entreprise sur le financement boursier ; cotées en bourse, les entreprises réussiront à reconquérir la confiance et la création de nouveaux produits incitatifs, afin d’inciter les gens à acheter des actions et promouvoir l’investissement», a-t-il souligné, en affirmant que ce dernier est le meilleur moyen pour le financement de l’économie nationale, contrairement au marché international, dont le risque des arbitrages internationaux est très élevé. «Nous avons perdu beaucoup d’argent à cause des arbitrage internationaux et des décisions arbitraires», a-t-il conclu.
A. R.