Des pays d’Europe sont frappés de plein fouet par une crise énergétique sans précédent, notamment, depuis le déclenchement du conflit entre la Russie et l’Ukraine. L’Algérie est plus que jamais courtisée par des responsables du Vieux continent notamment l’Allemagne et la France pour augmenter ses exportations en gaz notamment. Une sollicitation, toutefois, que le ministre de l’Energie M. Arkab, conditionne par le lancement de nouveaux investissements, de la part de ces pays, pour le développement de nouveaux gisements gaziers en Algérie.
Par Akrem R.
Selon les chiffres du ministère de l’Energie, 50 % de nos réserves sont intactes. Il existe encore de nombreux gisements de gaz conventionnel non exploité dans l’Ouest du pays et également de grands gisements au large de la mer, dira, d’emblée, Mohamed Arkab dans un entretien accordé au magazine allemand Der Spiegel.
Le ministre de l’Energie et des Mines a rappelé que le marché traditionnel du gaz naturel a toujours été l’Europe. «La majorité de nos exportations passent par deux pipelines vers l’Espagne et l’Italie. De plus, nous fournissons du GNL. Nous avons intérêt à étendre nos activités avec l’Europe et pouvons augmenter considérablement la production de gaz naturel en peu de temps. Environ la moitié de nos réserves de gaz n’ont pas encore été exploitées», explique-t-il.
Questionné sur un éventuel pourvoi de l’Allemagne en gaz algérien, le ministre Arkab est catégorique : « Si l’Allemagne veut du gaz algérien, elle doit participer au développement de nouveaux gisements avec nous», en citant l’exemple des Italiens.
Le groupe ENI, qui reste un des partenaires historiques de la Sonatrach s’est engagé dans plusieurs projets en Algérie, en injectant des investissements colossaux, et surtout un transfert de technologique. Suite à cela, les deux parties ont convenu d’un accord pour l’augmentation des livraisons d’environ 40% du gaz algérien d’ici 2023 vers l’Italie. Dans ce cadre, le ministre a rappelé que « nous avons un programme ambitieux de 39 milliards de dollars pour accroître la production dans le secteur pétrolier et gazier d’ici 2026». C’est la Sonatrach, et elle seule, qui lèvera la majorité de ces Fonds, note-t-il, en faisant savoir que l’Algérie est à la recherche de partenaires.
L’Algérie est l’amie de tout le monde
«Nous espérons que les Européens ne changeront pas de cap et nous laisserons seuls avec les investissements. Pendant longtemps, l’Europe a défendu la protection de l’environnement et n’a fait aucune distinction entre le pétrole et le gaz. En conséquence, aucun investissement n’a été réalisé».
Et d’ajouter : «L’Algérie est l’amie de tout le monde. Nous sommes un fournisseur fiable et sûr. Nous sommes libres de contracter avec des entreprises européennes si c’est dans l’intérêt des deux parties. Bien sûr, nous ne pouvons pas servir toute la demande européenne, mais nous avons des capacités qui ne sont pas encore utilisées du tout. Nous voulons inviter les entreprises européennes à investir dans cette production».
C’est un message clair aux pays de l’EU qui doivent impérativement consentir des investissements en Algérie s’ils veulent avoir du gaz à des prix compétitifs, dans les délais et sans rupture. « L’Europe est dans l’obligation d’investir en Algérie, puisque le gaz américain et qatari leur revient plus cher, nécessitant des investissements pour la réalisation d’usines de liquéfaction du gaz. Ce qui prendra beaucoup du temps et nécessitera autant de moyens. Ainsi, l’importation du GNL des Etats-Unis, du Qatar et d’Ouzbékistan, via des navires est risquée. Les opérations d’alimentation peuvent être interrompues à tout moment», a souligné Abdelkader Slimani, expert en économie.
Questionné, par ailleurs, sur le climat des affaires en Algérie, le ministre Arkab a assuré que les choses ont évolué, notamment, après la promulgation de la nouvelle loi sur les hydrocarbures en 2020. « Nous y avons inclut des normes internationales pour les contrats, le partage de la production et les contrats à risque. Avant, les investisseurs devaient passer par diverses agences gouvernementales et c’était un peu opaque et compliqué. Ils ont maintenant un interlocuteur clair et des processus simplifiés. Avec notre partenaire italien ENI, nous avons signé les premiers contrats dans le cadre de cette nouvelle loi», précise-t-il.
Concernant la relation de l’Algérie avec la Russie dans le domaine des hydrocarbures, Mohamed Arkab a affirmé que Gazprom est l’une des nombreuses entreprises qui investissent en Algérie. La Société n’est actuellement engagée dans aucune production autre que l’exploration.
A.R.