Alors que le bilan de la campagne moisson-battage est attendu pour la fin du mois de septembre courant, le ministère de l’Agriculture et du développement rural se mobilise d’ores et déjà, à travers l’ensemble des organismes et instituts qui lui sont affiliés, pour l’ouverture de la saison agricole 2022-2023 et le lancement de la campagne labours-semailles qui aura lieu dans les prochaines semaines.
Par Mohamed Naïli
Tel que vient de l’affirmer hier son porte-parole, M. Messaoud Dridi, lors de son intervention sur les ondes de la chaîne 1 de la radio nationale, «le Département de l’agriculture a anticipé dans les préparatifs pour la prochaine campagne labours-semailles, en escomptant atteindre un niveau de production agricole considérable cette année, notamment dans le domaine des céréales».
Au chapitre des nouveautés qui caractérisent l’ouverture de la nouvelle saison agricole de cette année, M. Dridi a évoqué «la mise en place de guichets uniques depuis le mois de juillet dernier à travers lesquels la tutelle assurera un accompagnement efficace des agriculteurs, en mettant à leur disposition l’ensemble des équipements dont ils auront besoin pour effectuer les semis ainsi que le matériel technique d’irrigation, notamment pour les agriculteurs travaillant dans les wilayas du nord du pays».
A propos de l’amélioration des performances de la filière céréalière, le porte-parole du Département de Henni ne cache pas son optimisme estimant que «la nouvelle saison agricole qui va être lancée prochainement ne pourra être qu’appréciable compte tenu des nouvelles mesures qui ont été prises dans le sillage des orientations données par le chef de l’Etat pour aller vers l’autosuffisance alimentaire et le renforcement de la sécurité alimentaire du pays, et dans ce cadre, d’importantes avancées ont été réalisées pour améliorer les conditions de travail des agriculteurs, notamment les céréaliculteurs, à travers leur accompagnement technique et financier pour aller davantage vers la mécanisation, la mobilisation de ressources hydriques et équipements d’irrigation, ainsi que la réalisation du programme d’électricité agricole, que ce soit dans les régions du nord ou dans le sud du pays».
Dans le cadre des préparatifs de cette nouvelle campagne de labours-semailles, le ministre de tutelle, Mohamed Abdelhafidh Henni, a appelé de son côté l’ensemble des céréaliculteurs à privilégier l’utilisation de semences améliorées et de veiller sur le respect des normes en la matière, afin de parvenir à rendre plus performants les rendements à l’hectare, qui fait encore défaut, en dépit de toutes les mesures prises dans ce volet.
Des rendements toujours en-deçà des attentes
En outre, pour ce qui est de la campagne moisson-battage qui s’est achevé cet été, le ministre de tutelle a déclaré avant-hier lors de l’ouverture de la nouvelle session parlementaire que le bilan définitif des récoltes et des collectes sera établi le 30 septembre courant. Toutefois, dans une déclaration à la presse, Abdelhafidh Henni a situé le volume des céréales collectées par l’OAIC à travers le réseau des CCLS dans les différentes wilayas céréalières à un niveau qui dépasserait les 22 millions de quintaux, tous types de céréales confondus (blé tendre et dur, orge et avoine).
S’il se confirme, ce niveau est certes en nette progression par rapport à la campagne précédente 2020-2021, où l’OAIC n’est parvenu à collecter que 13 millions de quintaux. En revanche, par rapport à l’objectif tracé sur le moyen terme, l’estimation de la collecte de cette année est encore en-deçà de l’objectif tracé qui consiste à atteindre au moins un niveau de collecte entre 27 et 30 millions de quintaux.
Pour rappel, s’exprimant sur la saison précédente, le ministre reconnaissait devant le Parlement, en prenant l’exemple de l’orge seulement, que « les statistiques de la saison 2020-2021 révèlent un déficit en matière de quantités collectées, faisant état d’une quantité de 135.000 quintaux d’orge collectées pour des besoins qui dépassent les 8 millions de quintaux».
C’est pourquoi d’importantes mesures ont été prises dès le début de l’année en cours pour inciter davantage les céréaliculteurs à livrer leurs récoltes aux structures mises en place par l’OAIC, dont une hausse conséquente du prix d’achat des céréales par l’Office public, mais aussi, l’introduction dans la loi de Finances complémentaire pour 2022 d’une mesure, coercitive celle-ci, donnant un caractère obligatoire à la livraison des récoltes à l’OAIC à laquelle doivent se soumettre l’ensemble des producteurs céréaliers ayant bénéficié de subventions publiques.
Aussitôt annoncée, la collecte de 22 millions de quintaux attendue cette année est vite commentée dans les milieux agricoles, notamment par les agronomes, estimant à l’unanimité que le problème se pose en matière des rendements à l’hectare. C’est ce que vient de confirmer un opérateur membre de la chambre de l’agriculture affirmant que, dans la wilaya de Tiaret, qui est leader à l’échelle nationale en matière de surface agricole réservée à la céréaliculture, la récolte n’a pas dépassé un million de quintaux, avec un rendement moyen de 13,5 quintaux/hectare seulement.
Avec de tels niveaux, en tout cas, la réalisation de l’objectif tracé dans la feuille de route 2020-2025, consistant à augmenter les rendements pour atteindre au moins un niveau moyen entre 30 et 35 quintaux/hectare, risque de s’avérer une utopie.
M. N.