Plus de deux millions de jeunes sans emploi bénéficient de l’allocation chômage instaurée par le président de la République au début de l’année 2022. Le bilan établi en octobre 2024 fait état de 2 024 952 bénéficiaires. En mars dernier, le président Tebboune s’est engagé à procéder au rehaussement progressif de cette allocation en même temps que l’augmentation des salaires des travailleurs.
Par Amar Naït Messaoud
Les dépenses de l’État au titre de transfert social pour l’allocation chômage s’élèvent, dans le cadre de la loi de finances de l’année 2025, à un mont de 457,47 milliards de dinars. À l’allocation proprement dite, se greffent les prestations de l’assurance sociale induites par la carte Chiffa et les versements de la cotisation à la caisse de retraite dont bénéficient également les chômeurs.
L’Algérie a hérité, des années de l’aisance financière du début des années 2000, d’une situation problématique sur le plan de l’emploi. Le contexte socioéconomique d’alors était caractérisé par une indéniable dichotomie- aisance financière/retards dans l’investissement productif basé sur l’entreprise-, qui a fini par déteindre de manière patente sur le front de l’emploi.
Les taux de chômage qui étaient présentés dans la fourchette des 12-15% n’embrassaient pas tout l’éventail des jeunes sans emploi et, dans un autre mouvement inverse, intégraient des jeunes exerçant dans le riche créneau du travail informel, principalement le commerce.
Depuis que l’Agence nationale de l’emploi (ANEM) a pris en les centralisant à son niveau les procédures de recrutement de la main-d’œuvre, les choses s’éclaircissent peu à peu, même si des zones d’ombre statistiques peuvent persister ça et là. Les derniers chiffres du chômage, établis par l’Office national des statistiques (ONS) en octobre dernier, font état de 9,7 % de taux de chômage.
À cette occasion, l’ONS fait une synthèse sur l’évolution de l’emploi dans notre pays depuis la crise sanitaire mondiale en écrivant sur site web : «Dès 2019, un ensemble de réformes ont été initiées par les pouvoirs publics dans les domaines économique et social et ont permis à l’Algérie d’améliorer la plupart de ses indicateurs macro économiques, financiers, sociaux et de développement humain, dans un environnement économique et financier international marqué par la pandémie de la Covid-19 et les dysfonctionnements graves ayant affecté l’économie mondiale. A ce titre, des efforts importants ont été consentis par l’État en matière de résilience, de relance de l’économie et d’un ensemble de mesures prises à l’endroit de la population, notamment : le maintien du niveau des subventions, l’augmentation des revenus des travailleurs et des pensions de retraite, l’amélioration et la sauvegarde du pouvoir d’achat du citoyen ainsi que la mise en place d’un dispositif novateur unique dans la région qu’est l’allocation chômage en faveur des demandeurs d’emploi. En outre, il a été créé 450.000 postes d’emplois.»
Formation et placement dans un poste d’emploi
Au cours de la semaine passée, Fayçal Bentaleb, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, a déclaré que les efforts déployés par l’Algérie dans le domaine de la promotion de l’emploi et de la lutte contre le chômage avaient «contribué à réaliser des progrès notables dans le domaine du développement durable». En effet, dans la liste des 17 objectifs du développement durable instaurés par l’Organisation des Nations unies, figure celui qui porte l’intitulé « Travail décent et croissance économique», à savoir le 8e de la liste.
Dans la perspective de tendre, avec des politiques publiques hardies, vers cet objectif, le ministre a mis en avant le fait que la question de l’emploi « occupe une place centrale en Algérie en tant que principe constitutionnel fondamental ».
Les efforts tendus vers la création d’emplois se cristallisent en premier lieu dans l’investissement productif encouragé par les pouvoirs publics à travers une législation plus adaptée et une régulation du commerce extérieur qui rationalise les importations de produits qui peuvent être fabriqués localement. La création d’emploi, c’est aussi le statut d’auto-entrepreneur adopté depuis deux ans par le gouvernement et qui a trouvé un écho favorable auprès des jeunes à qui il est offert une année de mise en disponibilité- avec possibilité de réintégration-au sein des administrations ou entreprises dans lesquelles ils exercent pour aller tenter l’« aventure » de l’entreprise en s’installant à leur compte, avec un régime d’incitations fiscales et parafiscales en faveur de l’auto-entrepreneur. Viennent ensuite les soutiens apportés au start-up portées par des diplômés des universités et des instituts. À ces entreprises innovantes le président de la République à consacré un département ministériel dans l’organigramme du gouvernement.
Depuis le lancement, en 2022, de l’allocation chômage, près de 72 000 jeunes bénéficiaires de cette allocation ont été placés dans un poste de travail par l’ANEM. Ce bilan date de la fin 2024. En outre, depuis 2022, quelque 462 000 allocataires ont été orientés en formation pour qu’ils puissent faire valoir leurs diplômes lors des différents recrutements effectués par les entreprises.
Lors d’une séance de travail à l’Assemblée populaire nationale (APN), au début du mois en cours, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale a déclaré que l’allocation chômage «constitue un programme d’accompagnement des primo-demandeurs d’emploi, visant à les soutenir et à les inciter à rechercher activement un travail.».
A.N.M.