Avec le rebond des prix du baril de pétrole, les indicateurs financiers tendent vers le vert et annoncent une reprise. Reprise, en relation avec le retour progressif de l’activité économique suite à l’amélioration de la situation sanitaire, après le repli de la pandémie. Ce retour aux activités, est conditionné tout de même, par le Premier ministre et ministre des Finances, Aymene Benabderrahmane, par une participation plus intrusive des banques. Pour le Premier ministre, le gouvernement s’emploiera à consolider les piliers de la reprise économique, via une réforme globale et la modernisation du système bancaire, à travers la création de nouvelles agences, outre, la numérisation du secteur financier en misant davantage sur la dématérialisation des transactions financières.
Par Réda Hadi
Si les perspectives s’annoncent prometteuses, le chef du gouvernement met l’accent sur une participation réelle et effective des banques, qui, selon des spécialistes, «se sont cantonnées à un rôle d’observateurs», et ce, d’autant plus que le programme spécial de refinancement, mis en place début juillet par la Banque d’Algérie, devrait contribuer à l’accélération de la reprise économique post-Covid, en augmentant significativement, les capacités des banques à financer les investissements.
Aymene Benabderrahmane, a donc, pour jalonner la reprise, annoncé des mesures déjà réclamées par des investisseurs et exportateurs, à savoir, étoffer le réseau des banques et des assurances avec l’ouverture de 30 nouvelles agences bancaires tous les ans, une réforme globale et la modernisation du système bancaire et financier pour le rendre plus efficace et plus attractif, renforcer son apport au développement de l’économie nationale, améliorer sa gouvernance, promouvoir le professionnalisme de ses différents acteurs et densifier le réseau des banques et des assurances, et, surtout, l’ouverture d’agences bancaires à l’étranger et l’accélération du rythme de numérisation des systèmes de paiement.
Nécessité d’une réforme de fond
Ces jalons posées, des économistes disent, néanmoins, «rester sur leur faim», car au-delà de ces annonces, c’est toute une pratique qui est à revoir et la définition même de notre type d’économie.
Billel Aouali, expert en économie, dit soutenir ces réformes, mais insiste sur le fait que «la réforme de la politique économique de l’Algérie n’a que trop tardé» et, de préciser que «les premières étapes pourraient consister à améliorer la transparence des finances publiques, à mener un débat élargi sur les défis auxquels l’Algérie est confrontée et sur les moyens de les relever, ainsi qu’à mettre l’accent sur la jeunesse algérienne qui représente la majeure partie de la population et dont l’avenir est en jeu, lors des discussions sur les réformes »
L’économiste, relève, pour l’heure, que «pour éviter la crise, le gouvernement a mis en œuvre plusieurs séries de coupes budgétaires, dont les résultats ne seront pas immédiats, et a mené une politique monétaire expansionniste, qui alimente l’inflation et permet seulement au gouvernement de gagner du temps sans s’attaquer aux problèmes de fond»
Quid de la Bourse d’Alger?
S’agissant des nouvelles mesure mises en place, Billel Aouali estime qu’au préalable, on devrait en finir avec le marché parallèle qui altère toutes les estimations et fausse la gouvernance bancaire, avertissant que «toutes ces mesures ne seront effectives, qu’avec une réelle transparence et surtout moins de bureaucratie. Que n’a-t-on vu voler en éclats de bonnes mesures, à cause d’un système bureaucratique lourd! Tant que nos banques resteront dans cet esprit du « wait an see », rien ne pourra se concrétiser. La banque doit par essence prendre des risques. Or chez nous, il n’en est rien»
Par conséquent, si l’expert juge les mesures opportunes, leur mise en application reste «aléatoire»
Car il en est à se demander, «comment voulez-vous qu’un pays réussisse des réformes, alors que la Bourse d’Alger n’existe que par son nom?»
« On met en place de tas de mesures, mais rien sur la Bourse d’Alger. Pourtant elle a un rôle essentiel dans l’économie. La Bourse joue le double rôle, d’être à la fois un lieu de financement pour les entreprises, les Etats ou les collectivités (émission d’actions ou d’obligations), mais également un lieu de placements (investisseurs). Or chez nous, ce n’est qu’une bourse de façade. Comment voulez-vous qu’un pays réussisse dans l’opacité? La bourse est le miroir de l’économie »
R. H.
