Les dégradations de l’environnement au bassin méditerranéen, impacte gravement les différents pays de la région. Selon un récent travail qui a analysé des centaines d’études scientifiques sur le sujet, «le changement climatique à l’œuvre exacerbe les vulnérabilités environnementales spécifiques au bassin méditerranéen».
En cause, «l’érosion accélérée des côtes sablonneuses d’Afrique du Nord, qui disparaissent quasiment à vue d’œil, est très alarmante.» Les scientifiques s’emploient à en mesurer les effets, en évaluer les impacts et en comprendre les causes, pour proposer des pistes de solutions.
En ce sens, le géographe et écologue Wolfgang Cramer, co-auteur de cette publication, précise le contour des problèmes déjà existants, le rôle préoccupant du réchauffement et les enjeux que cela pose pour la science et la gouvernance régionale.
Dans un entretien publié par IRD le Mag, le scientifique explique que «La Méditerranée et ses pays riverains ne constituent pas un milieu plus fragile que d’autres. Mais ce hot-spot de la biodiversité -où vivent de nombreuses espèces spécifiques-, également haut lieu d’histoire, de civilisation et de culture, est soumis aujourd’hui à une expansion très soutenue de la présence et des activités anthropiques.»
Risque de diminution de la biodiversité et altération des écosystèmes
Selon lui, «l’urbanisation effrénée, la satisfaction des besoins élémentaires, la multiplication des activités et échanges économiques exercent une intense pression sur les terres et la mer, sur les ressources, les milieux naturels et les modes de production. Les conséquences sont déjà très perceptibles: risque de diminution de la biodiversité et altération des écosystèmes, épuisement des ressources marines et hydriques, et pollution délétère au plan environnemental et sanitaire.»
Evoquant les conséquences attendues du changement climatique dans la région, Wolfgang Cramer montre «la réduction drastique des précipitations» «Et au-delà de la montée globale du niveau des océans, qui menace 150 millions de personnes dans la région, le réchauffement risque aussi d’avoir des effets considérables sur l’océanographie physique.» «Le bassin de la Méditerranée est en effet peu profond, et la chaleur, en se transmettant à toute la colonne d’eau, pourrait perturber les courants marins et déstabiliser davantage les écosystèmes océaniques…», précise-t-il.
Pour anticiper les catastrophes à venir, l’analyste pense qu’il est urgent de «développer la collaboration régionale entre scientifiques, puis entre scientifiques et décideurs, car aucun pays ne peut agir efficacement seul face à un tel problème.»
En ce sens, il y a lieu de rappeler que depuis 2015, le réseau scientifique Mediterranean Experts on Climate and Environmental Change (MedECC), regroupant 400 spécialistes de 27 pays méditerranéens, s’est structuré en ce sens. Avec le soutien de l’Union pour la Méditerranée, le «Plan Bleu» et de nombreuses autres institutions, il vise à fédérer les recherches sur le sujet dans tout le bassin.
Impact sur le plan socioéconomique
En ce sens, et concernant notre pays, le directeur du Centre climatologique national (CCN), Sahabi Abed Salah qui relève de l’Office national de la météorologie (ONM), estime que «les scénarios futurs du climat prévoient pour l’Algérie une accentuation des évènements climatiques extrêmes affectant beaucoup de secteurs névralgiques, ce qui pourrait avoir un impact sur le plan socioéconomique».
Pour l’expert, «Afin de lutter contre le réchauffement climatique global et de limiter la production de gaz à effet de serre produit par les énergies fossiles et passer vers une énergie propre et verte, une transformation profonde et progressive s’impose.» car «les conditions climatiques extrêmement chaudes prévues en plus de l’expansion urbaine rapide compliqueront les facteurs sociaux-économiques et environnementaux».
Nadjib K.