En dépit des efforts de l’Etat pour amortir les effets de la double crise sanitaire et financière, notamment à travers une batterie de mesures pour la sauvegarde du pouvoir d’achat et la relance de l’économie nationale, le rythme de la consommation n’a pas encore repris son cours normal.
Par Akrem R.
En effet, des activités commerciales peinent à décoller, et ce, malgré le déconfinement. Ainsi, le chiffre d’affaires des commerçants activant notamment, dans l’habillement du prêt-à-porter, l’artisanat, et même ceux de l’alimentation générale, est toujours en-déca du niveau de 2019. En somme, les ménages dépensent avec modération, en orientant le budget selon la priorité des priorités.
c’est, du moins, ce que nous ont confié des ménages et des commerçants, lors de notre virée, effectuée jeudi dernier dans certains marchés de la capitale. Au niveau du Boulevard Hassiba, les commerçants témoignent du recul de leur activité par rapport aux années précédentes (avant le « Hirak » et la pandémie). «Les gens se contentent, seulement de visiter et voir ce que nous exposons comme marchandises et articles. Les ménages dépensent moins pour l’habillement. Pratiquement, seuls les vétements pour enfants se vendent ! Et pourtant, nous avons adapté nos prix en réduisant nos marges bénéficiaires !», a indiqué Omar, l’un des commerçants que nous avons rencontré sur place, en justifiant cela, par la cherté de la vie d’une manière générale, mais aussi, par le recul drastique du pouvoir d’achat des ménages. Il est à noter que des milliers de jeunes et même de chefs de famille sont au chômage. Même topo chez les artisans de l’habillement. Faiza, une femme ayant bénéficié d’une micro-entreprise dans le cadre de l’ANGEM, a affirmé qu’elle est à l’arrêt depuis plusieurs mois. « Je n’ai plus de commandes et les détaillants avec lesquels j’ai l’habitude de travailler, n’arrivent pas à écouler leurs marchandises. Cette situation a influé négativement sur nous, les petits artisans. Cette crise a aggravé notre activité qui fait face déjà, à une concurrence déloyale. Ainsi, les prix de la matière première (biens de consommation) ont enregistré une hausse à deux chiffres», a-t-elle souligné.
En somme, la plupart des commerçants, même ceux des produits alimentaires, continuent de ressentir les effets de la crise financière et sanitaire, et ce, en dépit de l’amélioration des indicateurs économiques du pays. Toutefois, la dévaluation de la monnaie nationale de plus de 6% en 2021, et la hausse vertigineuse des tarifs du fret maritime au niveau international, ont plombé la consommation au niveau local. Plusieurs produits et autres services «made in bladi» sont devenus «inaccessibles».
Le levier de la consommation sur lequel le gouvernement avait tablé pour la relance économique du pays n’a pas eu lieu, finalement. Le gouvernement est appelé, à cet effet, à revoir sa copie afin d’activer ce levier, en accélérant la mise en place de sa nouvelle politique pour la préservation du pouvoir d’achat des ménages, à travers l’entrée en vigueur de la décision de la suppression de l’IRG sur salaire, dès 2022, l’augmentation du SNMG à 20 000 DA et la révision de la note indiciaire pour les fonctionnaires de la Fonction publique. Ces mesures, et avec une nouvelle organisation des marchés, sont perçues comme étant seule et unique solution pour l’amélioration de la consommation et de la production nationale.
A. R.