Par Lyazid Khaber
«Aujourd’hui, la réduction des risques ne se limite plus à la réduction des aléas. Elle intègre largement les dimensions de réduction de la vulnérabilité des territoires et des sociétés.»
Marie Liégeois
Plusieurs personnes, dont des enfants, ont péri cette semaine, dans la wilaya de Chlef, suite aux crues de l’Oued Meknassa enregistrées dans la nuit de vendredi à samedi derniers. Des catastrophes de ce genre surviennent, un peu partout dans le monde, certes, mais à y regarder de près, on y comprend mieux. Une catastrophe, même naturelle, est toujours prévisible. La réalité est que, si les dégâts sont énormes, c’est plutôt à cause des insuffisances sur place, touchant ainsi des populations qui sont loin d’être préparées à faire face à de telles situations. En effet, tous les spécialistes qui se sont penchés sur la question, estiment que les populations vulnérables, vivant souvent dans des conditions à peine tenables, éprouvent des difficultés à vivre avec le risque. Par conséquent, il est préconisé que les progrès techniques devraient pouvoir remédier à ces problèmes. Oui, logiquement c’est possible, mais il faut bien avoir ces moyens pour prétendre anticiper la survenue des catastrophes. Or, chez nous, il y a au moins deux éléments qui font qu’il n’est pas encore possible de prémunir les populations des effets irréversibles de telles catastrophes. D’abord, il y a la situation économique des populations vivant dans ces «zones d’ombre», pour ne pas dire de non droit, qui augmente la vulnérabilité de ces populations. Ne bénéficiant pas d’habitat convenable, ni d’aucune autre protection, ces pauvres habitants de ces zones, attendent, la peur au ventre, la survenue de ces «mauvais moments» qui les emporteront. Puis, il y a la question inhérente à la gestion des risques. Oui, on pourra bien pérorer sur les plan ORSEC, ou autres interventions des éléments de la protection civile, après que des catastrophes se soient produites, mais cela ne suffit pas. Car, si l’Algérie vit depuis déjà plusieurs années (depuis au moins les inondations de Bab El Oued en 2001), au rythme d’inondations aux conséquences désastreuses, et qu’une stratégie nationale a été même tracée à ce titre, mais sans qu’on sente ses effets sur le terrain. Pour s’en convaincre, il suffirait de voir pourquoi tous les plans d’urbanisme en vigueur n’ont pas intégré cette dimension. Ce à quoi s’ajoute, bien entendu, l’application laxiste de ces mêmes plans, pour se retrouver avec des constructions (habitat, équipements publics), sur des zones inondables. Une situation qui interpelle les pouvoirs publics, car la gestion du territoire ne peut être une simple affaire d’intendance…
L. K.